Il y a beaucoup à dire sur la vie de Jack Tramiel. Vous allez voir
qu'elle n'est pas triste ! Mais, vous vous rendrez compte
rapidement que Jack Tramiel est aussi l'une des personnalités qui
a pesé dans le monde de la micro-informatique personnelle.
Jack Tramiel est né en 1929 en Pologne. De son enfance, on ne sait
pratiquement rien. Pendant la seconde guerre mondiale, il est
déporté dans le camp de concentration d'Auschwitz parce qu'il est
juif. Pendant six ans, il va voir et subir tout ce que nous,
jeunes générations, ne pouvons imaginer. Il verra sous ses yeux
son père boire de l'essence pour se donner la mort et échapper
aux supplices quotidiens. Après la libération, il émigre aux
États-Unis et il s'engage dans l'armée. Stationné à New York, il
y apprend le métier de réparateur de machines à écrire. Après son
service militaire, ce métier lui plaît et il décide d'installer
une petite boutique de réparation dans le Bronx. Les temps sont
durs et pour finir ses fins de mois, il est conducteur de taxi la
nuit.
Cependant, il suit de très près les nouvelles technologies de
l'époque. Fin stratège (il est connu pour avoir dit: "Business is
war" autrement dit, "les affaires, c'est la guerre"), son magasin
devient rapidement une société qui produit des machines à écrire.
De réparateur, il passe au métier de concepteur. En 1955, il
passe des accords avec un société tchécoslovaque pour la
fabrication de machines à écrire. Il fonde la société Commodore
International et déménage de New York à Ontario, au Canada.
Rapidement, Commodore devint la plus grosse société de
fournitures de machines à écrire au Canada.
Rapidement aussi, il s'aperçut qu'il serait plus facile pour
Commodore de vendre leurs propres machines que celle des autres:
plus de profits, moins d'efforts. Il décida d'acheter une fabrique
à Berlin. A cette époque, beaucoup de machines en Europe et en
Amérique provenaient du Japon. Grâce à un bon service commercial,
il sût avec succès s'implanter sur ces marchés. Résultats: en
1962, Commodore International devint Commodore Business Machines
(CBM). Jack Tramiel en est le président directeur général et C.
Powell Morgan est le président du conseil d'administration.
En 1965, C. Powell Morgan est accusé par une commission du
gouvernement canadien de manipulations, de mépris des principes
des affaires et de payer des pots de vins pour obtenir des
marchés. Et oui, cela existait déjà ! Comme quoi, ce que l'on
entend tous les jours à la télévision n'est pas nouveau.
Malheureusement ou heureusement, tout dépend du point de vue où
l'on se place, il meurt d'une leucémie quelques temps plus tard
avant d'avoir pu être jugé. La commission se retourna contre Jack
Tramiel. Elle ne pût prouver sa culpabilité mais elle ne prouva
pas non plus son innocence. Dans le bénéfice du doute, Jack
Tramiel ne fût pas condamné. Cependant, l'image de Commodore en a
pris un coup.
Jack lance le PET, "l'ordinateur-copain", qui connait un grand
succès.
Nous sommes alors à la fin des années 70. Jack ne veut pas en
rester là! Commodore lance alors le mythique "Commodore 64"
(C64): l'ordinateur personnel le plus surprenant et le plus vendu
de tous les temps (14 millions d'unités je crois bien).
Plus tard, en 1983 (pour l'anecdote, c'était un Vendredi 13!),
Jack Tramiel quitte Commodore (il revend sa société, faisant par
la-même des bénéfices) car il est persuadé que l'avenir des
micro-ordinateurs est dans l'utilisation des microprocesseurs 16
bits. Il fonde alors la société TTL (Tramiel Technology Limited)
pour développer un prototype. Au même moment, la société Atari
travaille aussi sur cette nouvelle technologie.
En 1984, Jack Tramiel rachète Atari agonisant (la société
californienne perdait alors 1 million de dollars par jour!) à Time
Warner, en empruntant de l'argent... à cette dernière. Après des
déclarations fracassantes, Jack se lance dans la production d'une
nouvelle machine révolutionnaire. De par ses contacts avec
Commodore, il a accès à la technologie Amiga, tandis que son
ancienne société développe un projet nommé ST. Suite à des
différents, Jack reprend finalement le projet ST et Commodore se
"contente" du projet Amiga.
En quelques mois seulement, et alors que Tramiel restructure à
toute vitesse Atari, l'ingénieur en chef, Shiraz Shivji (un génie
de l'électronique), met au point ce qui sera le célèbre Atari ST,
premier vrai ordinateur 16/32 bits. Il est équipé d'un microprocesseur
MC68000 de Motorola, aux capacités époustouflantes pour
l'époque.
A cette époque, le Macintosh d'Apple est la machine par
excellence. Aussi, l'objectif de Jack est d'attaquer la machine de
Steve Jobs en proposant aussi bien pour beaucoup moins cher.
L'Atari ST sera d'ailleurs longtemps surnommé le "Jackintosh". La
philosophie de Tramiel est, et restera toujours, "power without
the price" (la puissance sans le prix).
Même s'il n'a jamais pu réellement détrôner le Mac, l'Atari ST a
connu un succès fulgurant dès sa sortie officielle en 1986. La
gamme s'est peu à peu étendu aux machines semi-professionnelles
(Mega ST).
En 1990, le successeur du ST/STF, le STe, sort mais ne remporte
pas un succès équivalent car les éditeurs ne se donnent pas la
peine d'exploiter ses nouvelles fonctions (le parc de ST est tel
qu'ils se contentent de faire des logiciels compatibles!).
Peu à peu, Jack laisse les rênes d'Atari à un de ses fils: Sam.
Celui-ci lancera la Lynx (première console portable couleur), le
Portfolio (le plus petit PC au monde) et l'Atari TT (qui restera
le "haut de gamme" Atari).
Mais, peu à peu, l'Atari ST s'essouffle face à la concurrence de
l'Amiga de Commodore et surtout du PC triomphant. Nous sommes en
1992. Atari annonce un projet révolutionnaire: une console 32 bits
du nom de Panther. Cette dernière aura pour objectif d'épauler la
Lynx dans la lutte contre Sega et Nintendo. Finalement, cette
console ne sortira jamais (ce qui faira baisser la crédibilité
d'Atari aux yeux de certains éditeurs qui avaient commencé à
développer sur la bête): Atari annonce alors un projet de console
64-bit RISC du nom de Jaguar. Tout le monde ricane...
La situation d'Atari se déteriore: la société perd 80 millions de
dollars et se restructure. Jack Tramiel décide alors de sortir de
sa "retraite" pour reprendre la direction d'Atari. Il débauche 2
ingénieurs de chez NeXT et Apple et les fait plancher sur un
projet à l'étude depuis quelques temps maintenant: le projet
"Sparrow".
Finalement, le successeur de l'Atari ST est annoncé en 1993 sous
le nom de Falcon030 (car il utilise un MC68030). C'est une
machine révolutionnaire (comme toujours chez Atari): elle possède
en effet en standard un DSP (Digital Signal Processor), le 56001
de Motorola, une puce qui permet de traiter toutes sortes de
données à grande vitesse, surtout au niveau du son et des calculs
3D (seul le NeXT en est équipé à cette époque!). Le circuit
sonore de la machine est également novateur: sa qualité de
restitution est hallucinante car très supérieure à celle du CD
audio!
Mais, suite à des retards et erreurs, le Falcon030 sort avec 6
mois de retard et sans le soutien des éditeurs trop frileux pour
investir sur une nouvelle machine. L'échec est cuisant, même si le
Falcon sera rentabilisé.
La situation d'Atari empire; les filiales ferment les unes après
les autres... Décidant de tout miser sur un coup de poker, Jack
lance finalement sa fameuse console 64 bit RISC en 1994 sous le
nom de Jaguar. C'est une véritable révolution: l'action d'Atari
fait un bon exceptionnel à Wall Street suite à la diffusion du
"projet le plus secret de la Silicon Valley". Ce sera d'ailleurs
la première console "made in USA".
Les concurrents, Nintendo et Sega, sont pris de vitesse, d'autant
plus que la Jaguar est en avance de 2 générations (les sociétés
japonaises planchent "seulement" sur des 32 bits). Jack jubile:
c'est le retour aux grandes heures de l'informatique!
La machine est fabriquée par IBM, le lecteur CDROM par Phillips.
Quant aux puces, elles sont toutes créées par Atari. TOM (processeur
graphique) et JERRY (processeur son) sont de véritables
bombes technologiques. La renaissance d'Atari semble en marche et
inéluctable...
Malheureusement, suite à des retards et à l'absence de soutient
des éditeurs, la machine perd du temps, démarre tout doucement et
finalement se fait rattraper par la concurrence sauvage des
japonais dont les budgets publicitaires et la notoriété auprès des
éditeurs sont énormes.
La Jaguar se fait peu à peu distancer et finit par perdre de son
aura technologique.
Sam Tramiel souffre alors de problèmes cardiaques. Aucun de ses
frères ne désirent reprendre les rênes. Jack, maintenant âgé,
décide à contrecoeur de recentrer ses activités sur une société
détenue par un des amis de la famille Tramiel: Judgi Tandon. Il
faut bien que la famille Tramiel se garantisse des revenus
suffisants... Atari rachète donc JTS et fusionne dès lors avec.
Depuis, on a peu de nouvelles des Tramiel. On sait juste que Jack
est au conseil d'administration de JTS.
Selon le dernier bilan de JTS, la société a dégagé un chiffre
d'affaire record en 1996, et 1997 s'annonce tout aussi bon. Sacré
Jack! Qui sait, il a peut-être une idée derrière la tête...
Nom | Age | Position |
Jack Tramiel | 67 | Directeur du conseil d'administration |
Sam Tramiel | 45 | Président directeur gênêral |
Leonard I. Schreiber | 81 | Directeur (de quoi ??!!) |
Michael Rosenberg | 68 | Directeur (de quoi ??!!) |
August J. Liguori | 44 | Directeur (de quoi ??!!) |
Laurence M. Scott, Jr. | 50 | Vice-pdt, fabrication industrielle |
Leonard Tramiel | 41 | Vice-pdt, développement logiciel |
Nom | Nombre d'actions (63 727 318 actions au total) | Pourcentage |
Jack Tramiel | 12 490 616 (1) | 19.6% |
Time Warner Inc. | 8 670 000 (2) | 13.6% |
Sam Tramiel | 5 662 567 (3) | 8.9% |
Leonard Tramiel | 5 263 946 (4) | 8.2% |
Bear Stearns & Co. Inc. | 4 710 000 | 7.4% |
Sega Holding USA Inc. | 4 705 883 | 7.4% |
Gary Tramiel | 4 055 000 | 6.4% |
August J. Liguori | 262 000 | 1% |
Leonard I. Schreiber | 206 000 | 1% |
Michael Rosenberg | 37 000 | 1% |
Laurence M. Scott, Jr. | 10 000 | 1% |
Autres (7 personnes) | 23 932 129 | 37.3% |
1986 April 22 (NB) -- Atari chairman Jack Tramiel was in the
Boston area this week to speak with Atari dealers. As usual,
controversy swirled around the bull-necked proponent of "business
as war." Area computer dealers continued to grumble about his
"two-tiered" distribution system under which Tramiel claims
computer retailers will sell the top-of-the-line 1040-ST and mass
merchandisers will sell the low-priced stripped down 520-ST. But
while Tramiel was stressing that there's enough business for
everyone, the discount department store chain of Lechmere sales,
with stores in Massachusetts and New Hampshire, announced it'll
be selling the 1040 ST on special for the next two weeks -- in
direct competition with computer retailers. Lechmere says it's a
"specialty" store chain because it carries a wide range of
computer systems. And the beat goes on.
1984 September 25 (NB) -- Jack Tramiel, new owner of Atari, has a
reputation for getting things done. And he seems to be getting
things done in a big way. Various reporters tell me of meetings
with Warner recently in which Jack played poker, threatening to
back out on the deal to take over the company unless Warner put
up some cash to pay back owed debts from Atari. Well, Warner has
apparently given in, loaning Tramiel an undisclosed amount of
cash with which he's paid back two dozen retailers, first, so's
they can offer Atari products this Christmas. Nobody's saying
that Tramiel and Warner are good friends yet, in fact the two
sides continue to bargain, but at least the reported money flush
to Atari guarantees retailers will offer Atari products at
Christmas--the Atari 2600 video game player and the 800XL home
computer. As for that 32-bit machine slated for competition with
Apple, expect that at retail level in April of '85. (Just three
weeks ago Tramiel's press release talked about a January trade
show release--that may still be true.) In the meantime, a 16-bit
machine is still expected in January. Tramiel seems destined, if
nothing else, to incite such price competition between the
computer companies that the dream of affordable, powerful
computers may well be within reach within the year.