CLIVE SINCLAIR

Le Cercle des Rêveurs Disparus


Par QueST



"Silicon-based life-forms will inhabit the cities of the future"
Sir Clive Sinclair (U.S. Congressional Clearinghouse on the Future) 1984



Clive Marles Sinclair est né près de Richmond (Surrey) le 30 Juillet 1940. Son père et son grand-père étaient tous les deux ingénieurs. Le frère de Clive, Iain, est né en 1943 et sa soeur Fiona en 1947. Les enfants Sinclair eurent une enfance particulièrement idyllique. Clive trouva sa voie pendant les vacances: il aimait nager et faire du bateau, si bien qu'il dessina très tôt un sous marin qui devait autant aux intérêts que portaient son grand-père George à la navigation et à Jules Verne qu'à la disponibilité de surplus de fuel de Tank.


Clive trouva que la liberté des vacances était un antidote nécessaire aux périodes scolaires. Cela représentait en fait le moment où il pouvait poursuivre ses propres idées et apprendre par lui-même ce qu'il voulait lui-même savoir. C'était un enfant sensible avec des façons de penser et de parler bien au-delà de son âge, qui n'aimait pas le sport autre qu'aquatique; il se trouvait lui-même quelques fois dans un univers différent de celui de ses camarades de classe.


Il préférait la compagnie des adultes, et il y avait peu de places autres qu'avec sa famille où il pouvait sentir une camaraderie intellectuelle. Pour beaucoup, les Sinclair semblaient être non conventionnels, une famille qui parlait directement, franchement et qui souvent raisonnait les autres. Clive disait d'ailleurs: "You get more out of people by disagreeing with them."


Clive alla à la Box Grove Preparatory School. Il s'en souvient avec affection et est peiné qu'elle ait été finallement fermée. A l'âge de 10 ans, l'école affirma de plus être en mesure de lui apprendre plus de mathématiques; aussi, il se retrouva dans la seconde phase de son éducation.


A ce moment là, son père subit un sévère revers financier. Avec la ténacité des Sinclair, il repartit de zéro - toujours dans les instruments pour machines - et réussit son retour en un temps remarquablement court. Quoi qu'il en soit, cette période ne fut pas facile pour la famille et Clive changea d'école à de nombreuses reprises. Il obtient son O-levels à Highgate School en 1955, son S-levels en Physique et mathématiques appliqués à St George's College, Weybridge.


Adolescent, il découvre aussi l'électronique. Il a toujours été fasciné par les choses miniatures et il développe son intérêt pour les conceptions électroniques, cherchant à produire des circuits toujours plus élégants et raffinés, et ce en utilisant des composants toujours plus petit. L'était de sa chambre - une masse de fils électriques, était prétexte à des plaisanteries, mais c'est grâce à lui que sa famille et ses amis proches eurent des amplis et des radios, et un système de communication électrique pour leur cachette dans les bois. Les mathématiques - cela est parfait, car c'est un langage concis - l'ont toujours profondément intéressés et il est à peine un adolescent quand il construit à un machine à calculer programmée par cartes perforées. Parce qu'il voulait rendre le sytème aussi simple que possible, il fit tout avec des 0 et des 1.


Clive dira d'ailleurs à ce propos: "I thought that was a great idea. I was really amazed to discover that this was a known system; the binary system. That discovery disappointed me deeply; I thought I'd made my fortune . . . but I was very pleased with the idea."


Il travaille dur à l'école, particulièrement sur des sujets qu'il aime, lisant et apprenant bien au-delà du niveau requis. S'il voulait apprendre quelque chose, il le faisait facilement et avec empressement; il avait - et a toujours - une incroyable facilité pour assimiler des informations. Le contraire est vrai, aussi! A l'école, il avait peu de temps pour les sujets qui ne l'intéressaient pas. Alors qu'il est toujours à l'école, il écrit son premier article pour "Practical Wireless"; il est publié... C'est une chose enivrante...


Comme antidote à son travail extrêment dur, Clive et ses amis s'amusaient bien. Un de ses amis, issu d'une famille très catholique, se souvient d'un soir de Noël, après quelques verres: "I said to Clive: "I'm off to church; I've got to go because I'm in the choir", so Clive said he'd come along with me, and we staggered into the choir stalls and Clive just joined in with his fine bass voice. Not bad for an atheist!"


Quand il quitte l'école juste avant son 18ème anniversaire, il n'y a aucune raison pour qu'il ne continue pas sa scolarité à l'Université - excepté le fait qu'il ne veut pas! Il sait de par son expérience que tout ce qu'il veut apprendre, il le trouvera par lui-même.


C. M. Sinclair's Micro Kit Co fut officialisé dans un livre d'exercice daté du 19 Juin 1958 - trois semaines avant le début de son A-levels. Dans ce livre, nous trouvons un circuit de radio "Model Mark I" et divers composants...


Il est ravi de voir à quel point les composants sont bon marché quand on les achète en masse. Il réalise aussi que pour vendre beaucoup, il faut voir grand. Aussi, en terme de publicité, il pense à utiliser au moins des demi pages. Des publicités sur demi pages et des composants par centaines... Mais où trouver l'argent?


Pourquoi de pas écrire un autre article pour "Practical Wireless"? L'article est accepté, bien qu'il ne soit pas publié le Novembre suivant - pas d'argent instantané! Mais quand il voit que "Practical Wireless" recherche un assistant éditorialiste, il postule pour la place et l'obtient; il dit à ses parents que c'est un job pour les vacances. Après un intervalle décent, il leur dit que "Practical Wireless" pense sérieusement à lui et qu'il y a d'énormes perspectives là - rien de tout ceci n'est vrai. Mais le magazine est dirigé par une très petite équipe: 3 personnes en conptant Clive. Pour cause de maladie, le rédacteur en chef doit se retirer; son assistant le remplace mais s'effondre bientôt à cause de la tension nerveuse. Aussi, Clive, âgé de 18 ans, se retrouve à la tête de "Practical Wireless". Il expliquera que le travail n'était pas très difficile: choisir et vérifier les articles, les perfectionner, faire un édito... Il trouve le temps de concevoir des circuits et lire...


Le "Silver Jubilee Radio Show" ouvre à Earl's Court à la fin du mois d'Août 1958 et Sinclair représente "Practical Wireless" sur le stand 108, vendant des magazines et abonnements... mais pensant toujours à créer sa propre affaire. Face à lui, au stand 126, il y avait Bernard's Publishing.


Sinclair se souvient: "There I was on the Practical Wireless stand, when all of a sudden an immense figure loomed up. It was Bernard Babani; out of the corner of his mouth, best gangster fashion, he said; "See you at the coffee stall in ten minutes." " At the coffee stall, Babani offered Sinclair ££700 a year to run his publishing company. "Maybe," was the murmured reply, "but I expect a rise after a short time."


A Bernard's, Clive Sinclair imagina et quelques fois construit des circuits, et Mr Singh fit les dessins et prépara la maquette pour imprimer les livres. La secrétaire faisait le reste. Le nom de Sinclair sera sur tous les livres traitant des microprocesseurs.


Mais l'ambition dévorante de Clive était de créer sa propre affaire et, en 1961, il déclara sa compagnie, Sinclair Radionics Ltd. Nous sommes le 25 Juillet. Il utilise un transistor de poche miniature pour radio et passe beaucoup de temps à trouver un commanditaire. Il cherche un autre travail pour gagner suffisament d'argent, à la fois pour vivre et pour financer l'affaire qu'il est déterminé à démarrer. Il rejoint alors United Trade Press. En tant que journaliste, il peut approcher les fabricants de semiconducteurs et est accueilli à bras ouverts.


Une des facettes du génie de Sinclair se trouve réside dans son capacité à réduire la taille de ses modèles. La première annonce de la société est une publicité d'une demi page dans les magazines traitant de "passe-temps" en Novembre 1962. C'est le "Sinclair Micro Amplifier" ("the smallest of its type in the world", which "out-performs amplifiers twenty times as large"). La publicité est répétée plusieurs fois. Le succès est fulgurant!


Le succès de Sinclair a toujours été basé sur le fait qu'il a été le premier à faire certains produits, souvent ciblés sur un marché dont on ignorait l'existence. En 1979, il y a le marché (bien établi) des ordinateurs personnels. Commodore a lancé son ordinateur personnel, le PET, l'année précédente au prix de £700. Apple et Tandy sont également bien connu sur leur "terrain". Ces machines se trouvent soit dans les laboratoires, soit dans les établissements d'enseignement et commerciaux. Peu de personnes ont un ordinateur chez eux...


Sinclair décide alors de créer un produit avec toutes les caractéristiques essentielles mais à un prix incroyablement bas. En Mai 1979, le "Financial Times" prédit: "Personal computers will become steadily cheaper and their price could drop to around £100 within five years." Sinclair a décidé de le faire en quelques mois.


Le ZX80 - le plus petit et le moins cher des ordinateurs du monde - est lancé lors d'une exhibition à Wembley à la fin du mois de Janvier 1980. Il mesure 9"x7" et coûte £99.95, ou £79 en kit.


Dans le but de garder le prix bas, les concepteurs ont introduit des idées radicales pour réduire extrêment le nombre de composants. La plus grande économie consiste à utiliser la télévision domestique comme écran et un lecteur de cassettes pour stocker les programmes et les données. La machine a un microprocesseur Z80A qui est fournit par Nippon Electric; une grosse ROM, qui contient 4K-byte écrit en basic, le circuit d'interface... complètent la machine.


Le ZX80 est très ciblé sur la personne qui veut connaitre quelque chose à la programmation des ordinateurs. Sinclair est convaincu que les personnes pourraient être persuader d'acheter le ZX80... C'est comment les persuader qui reste le problème! L'image de l'ordinateur a toujours été Big Brother. Face à la monstrueuse mécanique ses ordinateurs, le ZX80 fait un peu pale figure... Pourquoi les gens allaient-il acheter le ZX80?


En fait, il n'y eut aucun problème: le ZX80 connut un succès immédiat! Ce fut même l'émeute chez les revendeurs, un véritable chaos... Clive devait maintenant tout faire pour subvenir à la demande et continuer à gérer sa société. Il voulait vendre le ZX 80 aux USA bien qu'il savait que la compétition serait extrêment forte. Il rencontrera Nigel Searle lors d'un salon aux USA et se dernier distribuera le ZX80 et le ZX81 par correspondance depuis Boston.


Sinclair Research se développa rapidement. En Septembre 1980, 20.000 ZX80 ont été vendus. Désirant ne pas commettre les même erreurs que dans le passé, Clive veut garder sa compagnie à une taille raisonnable afin de pouvoir continuer à la diriger. Pour éviter que sa compagnie ne grossisse trop vite, Clive sous-traite au maximum. Le résultat se ressent aussi sur la qualité de la conception: seulement 1% de retour pour défaut de fabrication!


Bien que la machine soit très populaire et se vende bien vient aussi du fait qu'elle n'a pas de concurrents. L'absence de calcul en virgule flottante, un clavier très peu agréable... représentent des défauts gênants. Toutefois, le ZX80 a ouvert un nouveau secteur du marché qui excite les rêves fous de Sinclair.


Le ZX81 est lancé en Mars 1981. Il contient un nouveau chip, concu par Sinclair Research et fabriqué par Ferranti. Ce nouveau chip permet de replacer 18 chips du ZX80 et donc de baisser encore le prix de la machine (£69.95 ou £49.95 en kit). Le ZX81 a des fonctions scientifiques et en virgule flottante. Une imprimante est annoncée. Tout cela permet à Sinclair de proposer un pack pour les écoles. Le succès est immédiat. Le ZX81 est lancé au Japon...


En Janvier 1982, 300.000 ZX81 ont été vendus dans le monde. La production atteint 1/2 million d'unités par an en 1982 et la société a un chiffre d'affaire de £30 millions. Le succès du ZX81 entraîne l'émergence de compagnies spécialisées dans les logiciels, périphériques, publications...


Le ZX80 et le ZX81 avaient comme objectif de préparer les gens à l'informatique, de leur apprendre les bases et la programmation. Les gens, une fois ceci assimilé, ont voulu passer à une machine plus puissante. La philosophie de Sinclair - au moins après coup - était de préparer les gens en douceur à l'informatique, et ce au niveau mondial. La nouvelle machine de Sinclair, le ZX Spectrum (nom de code ZX82), est lancé en Avril 1982. Son atout est de savoir afficher des couleurs (8 couleurs et 49152 pixels simultanément!), alors que ses prédécesseurs étaient monochromes. La nouvelle machine peut donc concurrencer le BBC Micro.


Comme le nombre d'ordinateurs dans les écoles est très bas, la solution est d'en acheter un pour la maison. C'est là que le prix très bas de la machine de Sinclair est un atout essentiel! Clive observe en plus une autre dimension: "The interesting thing is that as well as children being expert at programming, there is another expert group taking to it like ducks to water - retired people. The concept of it being peculiarly suitable to the young mind is perhaps wrong - it's the mind that's free of everyday burdens. The retired person with some time to spare can take to it wonderfully and it's giving a lot of people a new interest in life."


Le Spectrum était également capable de faire tourner des jeux très sophistiqués et des compagnies commencèrent a créer des jeux spécifiques à la machine. Pour la plupart, ces jeunes programmeurs avaient appris à programmer à l'école ou dans les magazines. Le Spectrum est vendu avec succès dans plus de 30 pays. Mais, victime de son succès, les ventes de la machine saturent le marché, la folie est finie... Le marché du Spectrum devient une niche, sans grand avenir...


De multiples changements d'images de l'entreprise ont conduit celle-ci à des dénouements catastrophiques... La société existe toujours, dans de petits locaux, et vivote...



[Retour au sommaire | Introduction | Préface | Nolan Bushnell | Jack Tramiel]