Avec, dans les rôles principaux, les personnes suivantes :
* Philippe B. est Phil
* Jym (Jean-Yves M.) est Neil
* Hubert L. est Hubert
* Laurent I. est Popol (dit "le boucher")
* Alban F. est Al
* Cédric / QueST est John Playford
* Jack Milton, Smith, Harry, Robert Ulrich et James sont des PNJs (Personnages Non Joueurs)
* Le "Maître de jeu" est votre dévoué serviteur, c'est-à-dire
moi-même (Cédric / QueST)
Le scénario a été inventé par moi-même (50% d'idées au départ /
50% d'improvisation pendant le jeu); l'aventure s'est étalée sur
deux jours complets (avec, of course, la nuit !).
Comme toujours (mais vous l'avez sûrement remarqué dans le texte
ADD), l'aventure et les protagonistes sont sérieux au début puis,
au fur et à mesure, cela part en couille (y a pas d'autres mots,
faut bien dire !). Mais bon, c'est ce qui fait le charme de cette
histoire... Ne vous attendez donc pas à du pur Lovecraft : avec la
"Nightmare Agency", la peur et le(s) délire(s) font bon ménage !
NOTE :
Je remercie, bien sûr, tous mes camarades de jeu pour cette
(délirante ?) aventure; ce texte leur est, bien évidemment, dédié !
Ceux qui ont aimé l'aventure ADD ("Quest and glory") publiée dans
le Toxic-Mag No 12 seront comblés : cette histoire est (encore
plus ?) délirante, mais bien sûr pas dans le même univers ! J'ai
toutefois essayé d'améliorer le style par rapport à la dernière
fois. Cette histoire me semble également plus longue que la
précédente, mais ce n'est peut-être qu'une impression...
Je pense, en tout cas, que pas mal de lecteurs seront contents :
il semble, en effet, que le texte ADD ait plus plu à certains
(beaucoup ?) que mon texte sur les théories économiques [pas vrai
Supernova ? Mhh ?]... Bizarre, non ?
Quoi qu'il en soit, j'espère que ce texte (qui fut long à taper !)
vous plaira...
Toutefois, pour ceux qui ont préféré le texte d'économie au texte
ADD (NDMM : ça existe, au fait ?), rassurez-vous: je ferais encore
des textes d'économie rien que pour vous ! (NDMM: non, non Supernova : pas la batte de base-ball !!! Pas les dents ! Pas la tête !
Arrggghh.....]
NB : NDMM = Note De Moi-Même
[NdTB : vu la longueur totale de l'article, j'ai dû le découper en
2 parties. Bonne lecture !]
Avril 1935
La nuit était sombre mais l'on pouvait discerner de gros cumulus
dans le ciel. Il y avait affluence ce soir-là à la réception
organisée par le British Museum, à Londres. De nombreuses voitures
déposaient des hôtes de marque, venant de toute l'Europe. Il faut
dire que la nouvelle du retour de l'expédition dirigée par Robert
Ulrich, un brillant archéologue, faisait sensation dans le milieu
de l'art primitif et de l'occulte en général. En effet, pendant
plusieurs mois, l'expédition avait traversé une grande partie de
l'Amérique centrale et du sud à la recherche de vestiges
primitifs. Et les recherches avaient, parait-il, été fructueuses.
Outre quelques babioles de type précolombiennes, l'expédition
avait ramené des objets particulièrement troublants qui devaient
être présentés ce soir devant tout le gratin scientifiques et les
journalistes attitrés.
Vers 9h, la grande salle de réception était pleine.
L'impatience était à son comble. On pouvait remarquer, à part, un
groupe de personnes qui semblait être tout particulièrement
intéressé par la présentation des objets, à en juger par les
regards qu'ils lançaient sur les présentoirs recouverts de voiles
opaques.
- d'après toi Neil : c'est du pipo ? lança un type très grand et
très maigre, brun, avec une allure de psychopathe.
- on va pas tarder à le savoir, Phil ! répondit l'intéressé, un
type assez grand, aux cheveux blonds et à l'air intelligent.
- je suis impatient ! s'écria Hubert, un homme grand, large
d'épaules, qui aurait sans doute pu faire carrière dans le XV de
France si ses talents scolaires et scientifiques n'avaient pas été
aussi époustouflants. [NDMM : Ah, il faut préciser qu'Hubert est
français et qu'il déteste les allemands (cf. 14/18) !]
- il va nous faire un caca nerveux s'ils ne soulèvent pas les
voiles ! lança en riant le quatrième membre du groupe, un type
assez balèze, aux cheveux clairs, avec des lunettes. Son smoking
ne parvenait pas à cacher la bosse faite par la crosse de son
arme, un fameux 45 automatique, qu'il portait toujours sous
l'épaule.
- moi, au moins, je me cultive, mon cher Popol ! [NDMM : "surnom"
du type] ! J'ai été conséquent avec toi depuis toujours, donc fais
de même si tu veux que je ne te haïsse point ! répliqua Hubert
d'un ton dédaigneux.
- hein !? Je suis sûr qu'il ma insulté !! s'écria Popol en
plongeant sa main dans son smoking pour saisir son arme.
A ce moment là, une voix retentit derrière eux :
- tiens ! Le quatuor infernal est de sortie !
Tous se retournèrent. La personne qui venait de parler était un
type assez grand, avec les cheveux châtains. Il était vêtu d'un
smoking.
- dès qu'il y a du mystère, tous répondent "présent" ! continua
celui-ci.
- John ? Que fais tu là ? lança le quatuor
- moi aussi je viens me cultiver ! Cette fripouille de Ulrich a
peut être trouvé le Saint Graal... Remarquez toutefois que ce
serait bien la première fois qu'il ferait avancer la science, ce
minable ! Mais on peut toujours espérer !... Et vous ?
- en bons privés, nous suivons l'actualité et le mystère ! lança
Neil en riant
- et toi Popol ? demanda John
- oh tu sais : je suis en vacances forcées, alors je me promène un
peu ! répondit l'intéressé avec un sourire ironique.
[NDMM : Il faut préciser que Popol, alias "le Boucher", est un
truand de Chicago très connu (et surtout très recherché par la
police !), pour de sombres histoires de "sucre", de trafics
d'armes et de meurtres en tout genre. Etant un ami de longue date
des membres de la "Nightmare Agency" et de leur vieux pote John,
il a jugé bon, pour se faire oublier un peu de la police
américaine, de passer quelques jours de vacances à Londres. Qui
sait : peut être y aura-t-il un peu d'action ?]
Il fut coupé par la voix d'un speaker...
- Mmes et MM, j'ai l'honneur de vous présenter M. Robert Ulrich, le célèbre archéologue !
... immédiatement suivi par une série d'applaudissements.
- même les débiles profonds ont, un jour, leur minute de gloire ! lança John d'un air ironique
A ce moment, un homme apparut sur l'estrade et se dirigea vers le speaker. Il était grand, assez musclé, avec une barbe brune assez
épaisse et des lunettes rondes. Après avoir pris le micro, il
démarra :
- je vous remercie d'être venu ce soir. Je ne suis pas très fort pour les discours...
- s'il y avait que pour les discours... marmonna John entre ses dents.
- aussi je ne m'attarderai pas. J'ai ramené beaucoup d'objets de mon voyage, et les plus étranges sont ici ce soir. Vous serez donc
les premiers à les voir officiellement. Je tiens pour finir à préciser que durant notre expédition, nous avons perdu un des
notres, victime d'une chute dans une crevasse... Nous lui dédions
donc cette réception... Merci...
Ulrich quitta l'estrade sous les applaudissements de la salle; et
des officiels levèrent (enfin !) les voiles opaques qui
dissimulaient les découvertes, entraînant la ruée des 3/4 de la salle,
Hubert en tête. Au milieu d'objets relativement classiques, Hubert
remarqua une étrange statuette verdâtre, de 30 centimètres de
haut. La statuette représentait une créature mi homme, mi animal,
avec des tentacules... Mais horrible : la vision de cette chose
glaça d'effroi Hubert. Celui ci fut tiré de sa stupeur par des
cris : on s'engueulait violemment. Il se retourna. C'était John
qui s'engueulait avec Ulrich. Il se dirigea vers eux, curieux de
connaître la raison de cette altercation "musclée".
- alors Playford, quoi de nouveau dans les faits divers de Londres
? Y-a-t-il une recrudescence des chiens écrasés ? lança Ulrich en
riant
- quoi ?? bafouilla John, manquant de s'étrangler avec son whisky.
- franchement mon brave vous ne croyez certainement pas, j'espère,
que le journal pour lequel vous écrivez est scientifique ? Un tel
ramassis d'immondices...
- pour qui vous prenez vous, Ulrich ? cria John, rouge de colère.
Vous croyez que vous avez fait avancer l'archéologie avec vos
découvertes minables ? Seuls les experts en maladies mentales, en
débilisme profond ou en problèmes moteurs vous trouvent
intéressant ! Si vous voulez faire avancer la science mon ami, faites don
de votre cerveau à la recherche scientifique !
Au moment où ils allaient en venir aux mains, le quatuor intervint
in extremis pour éviter le carnage.
- on liquide ? lança Popol aux autres, tout en plongeant la main
vers son 45.
- non, pas ici ! lança Phil au moment où Popol enlevait le cran de
sûreté.
- John reste calme ! s'écria Neil en posant la main sur l'épaule
de son ami
- mais je vais lui fermer son clappe-merde à ce minable ! répondit
John furieux
- on va y aller ! Viens ! Laisse tomber ! ajouta Hubert
A contre coeur, John obtempéra. Les cinq amis sortirent de la
salle de réception et se retrouvèrent dehors, dans le parking.
Maintenant il faisait nuit noire, et une pluie fine tombait
inlassablement. Un vrai temps londonien...
Après avoir calmé John, tous rentrèrent chez eux.
On frappa à la porte. Trois coups secs. Neil descendit les
escaliers en courant et ouvrit. Il tomba nez à nez avec un homme
assez grand, la trentaine à peine, aux cheveux châtains courts et
à l'air (très ?) intelligent. A première vue, le visiteur avait du
se réveiller brusquement : pas rasé, les yeux encore à moitié
fermés... il se tenait appuyé contre le mur pour ne pas tomber.
- John ? Mais que fais tu ici ? Et à cette heure ?
- Neil, j'ai une nouvelle fantastique !
- entre donc, vieux !
Ils pénétrèrent dans le salon. John se laissa tomber lourdement
sur le canapé, comme s'il n'avait pas dormi depuis une semaine.
- alors ? demanda Neil avec une impatience non dissimulée
- j'ai reçu du courrier d'Amérique...
- ça arrive...
- de Providence...
- quoi ?? s'écria Neil surpris
- un ami, avec qui j'étais à Oxford, m'a écrit pour me dire qu'il
avait fait une découverte fantastique.
- de quel type ?
- archéologico-occulte ! Il était spécialiste en art primitif et
sciences occultes...
- comme toi quoi !
- ouais... mais moins bon! [NDMM : ahhh ma modestie légendaire...]
- il s'appelle comment ?
- Harry McGregor !
- l'expert du British Museum !? Putain mais ce type est une méga
brute en art occulte... et tu dis "moins bon" !? Tu es jaloux ma
parole ? Il a fini second de sa promotion à Oxford, tu te rends
compte ?
- non !
- pourquoi ?
- le premier c'était moi...
- arrgggghhhhhhhh.... (=cri poussé par Neil) [NDMM : faut pas
déconner : 18 en intelligence et 17 en éducation... On me la fait
pas ! Et puis, hein, c'est moi le Maître de jeu, alors...]
Après que ce cri (inhumain !) ait retenti dans toute la maison, on
entendit un bruit de cavalcade dans l'escalier. Trois types
apparurent, hirsutes et pas rasés.
- que se passe-t-il ? demanda Phil.
Il portait un pyjama bleuté, sur lequel on apercevait deux
cartouchières entrecroisées (NDMM : quand je vous disais qu'il
était cinglé !). Dans une main, il tenait un calibre 38, et dans
l'autre son fameux 12 à canon scié (NDMM : une arme pour
l'éléphant !).
- pourquoi as-tu crié, Neil ? ajouta Hubert, hirsute, avec un 38 à
la main
- réponds ! renchérit Popol avec une cran d'arrêt et son 45
fétiche à la main
- tout va bien les amis ! répondit Neil. Rassurez vous ! John a
une nouvelle très importante à nous annoncer !
- ah oui ? lancèrent en coeur les trois arrivants, avec un regard
qui dissimulait à peine leur curiosité.
- c'est vrai ! répondit John avec une impatience non dissimulée
- on t'écoute ! s'écrièrent en coeur les quatre amis
- j'ai reçu d'Amérique, en fait de Providence, un courrier d'un
vieil ami de promotion d'Oxford, Harry McGregor, qui m'annonce
avoir fait une fantastique découverte. Bien entendu de type
occulte. Il semble que cela soit réellement très intéressant car
il m'annonce qu'il a peur d'avoir été suivi. Il me demande de
venir le plus vite possible. Voulez vous venir avec moi ? Il se
pourrait bien qu'il y ait de l'action...
- pas de problème !!! répondirent en coeur les autres.
- bon, je rentre préparer mes affaires. Soyez chez moi dans une
heure, nous prendrons le bateau pour New-York qui quitte
l'Angleterre dans quatre heures. J'ai déjà réservé les places !
- tu savais qu'on viendrait ? demanda Neil
- bien sûr, cela ne faisait aucun doute ! (NDMM : tu parles, sinon
y avait pas d'histoire !).
- bon, je me dépêche ! lança John en se dirigeant vers la sortie.
- OK ! On sera chez toi dans une heure avec le matériel !
John sortit d'un pas alerte. Quant aux membres de la "Nightmare
Agency", il se ruèrent dans leur chambre pour préparer leurs
valises...
Les quatre amis se retrouvèrent devant la grille de la propriété
de John, dans DarkHill Street. La propriété de Lord John Playford
était particulièrement grande, avec un immense jardin autour d'une
maison d'époque (un "vieux souvenir de famille" aux dires de John
lui-même) à l'allure majestueuse et très "smart". Sans hésitation,
les quatre amis poussèrent la lourde grille en fer forgé (qui, au
passage, grinça !) et se dirigèrent vers la demeure de leur ami.
Le parc était tranquille, comme d'habitude. Après avoir gravi les
marches du perron d'un pas alerte, ils frappèrent à la porte. Ce
ne fut pas long. La porte de chêne s'ouvrit sur le visage souriant
de James, le majordome de John, dont l'âge devait être sensiblement
le même que celui de la maison.
- vous êtes en avance Messieurs ! lança James avec son flegme
habituel, tout en faisant entrer le quatuor dans le salon.
- John est prêt ? demanda Hubert
- pas tout à fait ! répondit James. Je vais le prévenir de votre
arrivée !
Après s'être éloigné de quelques pas, il se retourna et lança à
l'adresse de Phil, avec un petit sourire en coin :
- M. Phil, vous pouvez poser les valises à terre maintenant !
[NDMM : je tiens à préciser que Phil, comme toujours, est le bouc
émissaire, le martyre... et que comme d'habitude, c'est lui qui se
colle aux corvées ingrates (comme porter les valises, par
exemple...). Vous devez vous dire qu'il devrait se rebeller mais
je tiens à préciser qu'il a déjà essayé (et échoué !) et que ses
trois amis sont armés et dangereux !]
Phil lâcha tout et poussa un bruyant soupir de soulagement après
son effort matinal (NDMM : 10 bornes à pied avec 90 kilos de
valises !). James alla chercher John. Au bout de quelques minutes,
celui-ci fit son apparition dans le salon, deux valises à la main.
- on y va ! lança-t-il aux autres
- yeah man ! répondit Popol
Après ce dialogue hautement philosophique, ils chargèrent les
valises dans la Rolls (au grand soulagement de notre ami Phil !)
de John et furent conduits au port par James.
Une heure après, ils embarquaient sur le Queen Victoria qui devait
aller, sans escale, jusqu'à New-York. John ayant fait les
réservations en avance, ils se retrouvèrent tous les cinq au même
étage, avec des chambres côtes à côtes. Une fois les affaires
installées dans les cabines, ils se retrouvèrent au bar pour
mettre certaines choses au point. John prit la parole :
- tout d'abord, les gars, il faut que vous soyez sur vos gardes
car on peut être suivi. Les allemands, en ce moment, sont à la
recherche d'objets antiques... et McGregor semble redouter des
espions. Donc, attention ! En ce qui concerne notre arrivée à
New-York, dans 15 jours, nous prendrons une voiture pour nous
rendre à Providence. Il faudra jouer aux touristes. Par contre,
nous devrons rentrer en contact avec ce bon vieux Jack Milton, qui
pourra nous être très utile. [NDMM : Jack Milton est un vieil ami
du groupe, il les a aidé dans de nombreuses aventures.
Actuellement, il doit être chef de la police de la ville de
Providence. Il faut noter que ce type est au moins aussi cinglé
que les cinq autres réunis.. !] A ce propos, je lui ai envoyé un
télégramme pour l'avertir de notre arrivé... D'ailleurs, j'ai
aussi prévenu Al de notre arrivée ! (NDMM : Al est également une
vieille connaissance de notre fine équipe ! Il est actuellement
professeur d'anthropologie à l'Université de Baton Rouge !)...
- je vais profiter de ce long trajet pour vérifier mes munitions
et faire un peu joujou avec mes produits chimiques ! lança Hubert
d'un ton fier
- que veux tu faire avec ? demanda Popol d'un air intrigué
- oh ! bein disons que je vais faire un peu...
- oui ? continua Popol d'un ton intéressé
- ... d'explosifs !
- ce type est dingue ! lança Popol à l'attention des autres.
Les autres se mirent à rire.
- bon bein les jeunes, amusez vous : moi, je vais potasser dans ma
cabine ! lança John en s'éloignant à grands pas.
- que fait-on ? demanda Phil
- je vais faire un tour sur le pont ! répondit Popol
- moi, je retourne dans ma cabine ! lança Hubert
- quant à moi, je vais inspecter le bateau. Je pense qu'une petite
visite s'impose... ajouta Neil
Phil se retrouva donc tout seul, accoudé au bar, un whisky à la
main.
- bon ben moi, je vais aller au salon ! [NDMM : il se parle
souvent à lui-même; ne vous inquiétez pas : c'est normal !]
Une dizaine de minutes après, Phil était installé au salon, en
train de défier tout le monde aux échecs. Voyant qu'il battait
tous ses adversaires [NDMM : une intelligence de 16 et hop ! il
devient Kasparov !], il proposa de jouer de l'argent. Ce qui fait
qu'au bout d'une heure, il s'était amassé une petite fortune.
Pour sa part, Hubert faisait ses petites expériences dans sa
cabine [NDMM : une boite du "Petit chimiste" et hop ! il nous
laisse tranquille pendant une semaine !]. De son côté, Popol
musardait sur le pont en philosophant, tandis que Neil se payait
une inspection du navire de bas en haut...
Vers 8h du soir, tous se retrouvèrent au restaurant pour... dîner
! Phil, fier de son butin, se proposa pour payer... Les autres
acceptèrent de bon coeur ! Une fois le dîner terminé, tout le
monde retourna dans sa cabine et s'endormit...
Vers 3h du matin, Neil fut réveillé par un bruit sourd : le bateau
avait heurté quelque chose ! Il se leva péniblement et regarda à
travers le hublot : malgré la nuit d'un noir d'encre, il distinguait
la pluie qui frappait violemment la vitre. La tempête
semblait être d'une rare violence. Neil écouta. Il n'entendit plus
que le bruit des vagues sur la coque et le clapotis des gouttes
sur la vitre du hublot. Pensant avoir rêvé, il retourna se coucher
et se rendormit...
On frappa à la porte. Al regarda son réveil : 10h. Il avait fait
la grasse matinée aujourd'hui ! Il se leva d'un bond, enfila sa
robe de chambre et alla ouvrir. C'était le facteur !
- bonjour monsieur ! lança ce dernier à la vue de Al. J'ai une
lettre pour vous...
- merci ! répondit Al en prenant l'enveloppe que lui tendait le
facteur
Après avoir balancé négligemment un "merci" au facteur, Al referma
la porte et alla s'asseoir dans un fauteuil au salon. Il ouvrit
l'enveloppe et en sortit la lettre. A la vue de l'écriture, ses
yeux s'illuminèrent d'une joie intense : il savait qu'elle était
écrite par John. Sûrement une aventure en perspective !
Sans attendre une seconde de plus, il parcourut du regard la
lettre. Celle-ci lui annoncait la venue aux USA de John et de la
"Nightmare Agency" au grand complet pour une aventure probablement
palpitante. Il était, bien entendu, convié aux investigations...
Quelle chance !
Dès qu'il eut fini de lire la lettre, il fonça à sa chambre,
s'habilla à toute vitesse et alla demander quelques jours
de congés...
Le lendemain matin, la tempête continuait de plus belle. D'après
le commandant de bord, elle devait durer trois jours au minimum.
Vers 9h, ils se retrouvèrent pour déjeuner (en fait quatre
seulement : Hubert ne s'étant pas levé). Neil, inquiet du bruit
entendu pendant la nuit, lança :
- la nuit dernière, vous n'avez rien entendu de particulier ?
- quand ? demanda Phil.
- vers trois heures du matin !
- non ! Rien entendu ! répondit Phil en engloutissant un croissant
entier.
- qu'est ce que tu as entendu ? demanda John, visiblement inquiet.
- un bruit sourd ! répondit Neil.
- peut être qu'Hubert s'est fait péter la gueule avec son "Petit
chimiste" !? s'esclaffa Popol, mort de rire.
- arrête de déconner ! s'écria Neil.
- en tout cas, il est toujours pas levé ! s'écria Phil en riant
aux éclats, dévoilant ainsi ses dents jaunâtres [NDMM : cf. le
croissant !].
- putain, vous êtes lourds ! lança Neil d'un ton dédaigneux.
- pour une fois que Popol me fait rire ! répondit Phil les larmes
aux yeux.
- quoi ? Tu oses insinuer que je suis pas comique ? s'écria Popol
en plongeant sa main vers son 45.
- non ! Non ! C'était de l'humour Majesté ! supplia Phil quand
Popol braqua le canon de son arme sur sa tronche [NDMM : celle de
Phil, pas la sienne !].
- tu vois que j'ai de l'humour ! s'écria Popol en rangeant son
arme, un large sourire illuminant son visage.
- je n'en ai jamais douté... ! répondit Phil en essuyant les
gouttes de sueurs qui dévalaient le long de ses tempes.
- je sais ! Je sais ! renchérit Popol... en lui décrochant un
taquet facial qui l'envoya en arrière.
- faligot ! cria Phil, les quatre fers en l'air.
- où est passé ton humour légendaire, man ? demanda Popol d'un ton
ironique.
- fa alors ! Fe pas poffible ! A faque fois, ve me fais avoir !
- yeah man !
A ce moment là, Hubert fit son apparition : pas rasé, les cheveux
hirsutes et l'air visiblement en colère... Sans un mot, il prit
place à la table et se versa un café noir. Les autres le
regardaient d'un air inquisiteur.
- quelque chose ne va pas ? demanda finalement John d'un ton
évasif.
- tu parles : cette nuit, j'ai été dérangé par un bruit sourd
pendant une manipulation très dangereuse !
- f'était quoi ? demanda Phil en se relevant péniblement
- de la dynamite ! répondit Hubert en engloutissant bruyamment une
gorgée de café.
- mais non, ve parle du bruit ! s'écria Phil en postillonnant
- ah... ben... je sais pas ! On a sûrement du heurter quelque
chose : une épave à la dérive ou quelque chose dans le genre...
- j'ai donc pas rêvé ! s'écria Neil, visiblement rassuré sur sa
santé mentale.
- en tout cas, on a tous failli sauter ! maugréa Hubert.
Entendant cela, Popol se mit à rire aux éclats, bientôt suivi par
Phil, qui dévoila ainsi deux dents en moins... Seul Hubert ne
comprit pas la raison de ce fou rire... Ce qui l'énerva encore
plus !
Après le petit déjeuner, tous allèrent musarder dans le bateau.
Phil, toujours poussé par son besoin d'exploiter les autres (ou de
les voler en beauté, c'est vous qui voyez !) retourna au salon
pour jouer aux échecs...
Alors qu'il gagnait depuis une heure environ, un nouveau concurrent,
à la surprise générale, lui colla un sévère échec et mat.
Phil, énervé, demanda un quitte ou double... Il se refit laminer
en beauté...
Son "assassin" était un vieux monsieur avec une longue barbe
blanche et des petites lunettes rondes noires. Il devait avoir
près de 80 ans... Mais, le plus surprenant était le fait qu'il
était aveugle ! Visiblement surpris et admiratif, Phil lui proposa
de manger le soir même en compagnie de ses camarades... Le
vieillard, qui avait pour nom Henry Swanson, accepta avec plasir
cette invitation.
Aussi, le soir même, tous se retrouvèrent au restaurant. Après que
Phil eut fait les présentations d'usage, ils se mirent à discuter
tout en mangeant. Ils apprirent que le vieillard allait aux USA
pour voir sa famille et qu'il avait autrefois été professeur
d'archéologie à l'Université de Glasgow; malheureusement pour lui,
il avait perdu la vue lors d'un accident de cheval... ce qui avait
marqué la fin de sa carrière... A la fin du repas, Phil le
raccompagna à sa chambre et alla ensuite se coucher. Ses camarades
l'avaient d'ailleurs précédé...
Au milieu de la nuit, Popol fut réveillé par un bruit dans le
couloir. Un bruit étrange... Un bruit de pas... et de cliquetis...
Doucement, Popol se leva et approcha son oreille de la porte... Le
bruit était maintenant tout proche, il pouvait presque entendre
une respiration... La chose s'arrêta devant sa porte, attendit
quelques secondes sans bouger puis tourna la poignée ! Bien
entendu, Popol avait pris ses précautions (NDMM : vieux réflexe de
survie !) et le verrou était bien enclenché ! En un éclair, Popol
plongea vers son lit, prit son 45 (qui se trouvait sous l'oreiller
!), se jeta sur la porte, fit tourner le verrou et bondit dans le
couloir l'arme au poing ! A sa grande surprise, ce dernier était
désert ! Pourtant, il ne lui avait fallu que quelques secondes
pour agir... Mystère...
Popol alla frapper à la porte de Phil. Celui-ci apparut au bout de
quelques secondes, hirsutes, les yeux mi-clos et 2 cartouchières
entrecroisées sur la poitrine... A la vue de Popol et de son 45
sorti, Phil ouvrit les yeux en grand et un sourire se dessina sur
son visage.
- y a de la baston ? demanda-t-il.
- non... répondit Popol en rengainant son arme.
- zut ! s'écria Phil visiblement déçu (NDMM : il avait refermé à
moitié ses yeux !).
-... mais c'est pas passé loin ! continua Popol. Au fait, t'as
rien entendu de suspect il n'y a pas plus de cinq minutes ?
- euh... non... pas que je me rappelle... Il faut dire que je
dormais et...
- yeah man ! bon, je vais demander aux autres ! Reste sur tes
gardes, vieux ! On ne sait jamais... le coupa Popol.
- oh, tu me connais ! répondit Phil en souriant tout en armant son
fusil à éléphants (double canon scié !). Je suis d'un naturel
prévoyant ! Et puis, les Profonds, on les sent à distance (NDMM :
pour ceux qui ne seraient pas au courant, ils sentent la marée !).
- ouais ! Bon, à demain, man !
Sur ce, Popol alla frapper chez Hubert.
Pas de réponse... Bizarre... Il refrappa plusieurs fois, en vain.
Visiblement inquiet, il se mit à donner de violents coups de pieds
dans la porte, fermée de l'intérieur. Au moment où Popol allait
défoncer la maudite porte, cette dernière s'ouvrit, laissant
apparaître Hubert en pyjama, une éprouvette à la main et l'air
inquiet.
- que fais tu là, Popol ? Et à cette heure ? demanda Hubert d'une
voix où pointait la surprise. C'est toi qui vient de gratter à la
porte ?
- je venais voir si tu n'avais rien entendu de suspect ! répondit
Popol, surpris, tout en se recoiffant.
- hein ?
- je venais voir si t'avais rien entendu y a pas plus de cinq
minutes ! Parce que moi...
- parle plus fort ! J'entends rien ! le coupa Hubert.
- ma parole, ça rend sourd ou quoi ! Il est complètement bouché !
- hein ?
- putain ! J'ai pas suivi de cours chez les mimes moi !
- arrête de marmonner dans ta barbe à la fin !
- MOI VOULOIR SAVOIR SI TOI ENTENDU CHOSE DANS COULOIR ? hurla
Popol.
Après quelques secondes de "brainstorming", pendant lesquelles il
ferma les yeux (NDMM : signe, chez lui, d'ultra-concentration !),
Hubert sursauta...
- merde ! J'avais oublié ses satanés cotons dans les oreilles !
s'écria-t-il en retirant les fameuses boulettes de coton ! Je ne
voulais pas risquer un accident comme l'autre nuit alors je me
suis bouché les oreilles... Que disais tu, déjà ?
- euh, rien... rien du tout... hem... Quelle chaleur hein ? Bon,
a+ man ! répondit Popol, au bord de l'explosion, tout en
s'éloignant.
- t'es complètement ouf mon vieux ! s'écria Hubert mi-énervé
mi-éberlué. Venir gratter chez les gens à des heures pas possibles
pour parler météo... Tu nous ferais pas une petite dépression, des
fois ? Mhh ?
Faisant celui qui n'avait pas entendu, Popol alla frapper chez
Neil. Celui-ci ouvrit au bout de quelques secondes, l'air un
tantinet hagard... Malheureusement, il n'avait semble-t-il rien
entendu de particulier durant son sommeil... Même chose pour
John... Le mystère demeurait entier... Finalement, Popol retourna
à sa cabine, furax, et se rendormit après avoir fermé la porte à
double tour et poussé une chaise contre cette dernière... La
routine, quoi !
Le lendemain matin, tous se retrouvèrent autour du petit déjeuner.
Popol, bien entendu, leur expliqua les événements de la veille
avec moult détails.
- tu as dû rêver ! s'écria Neil en riant.
- tu te fous de ma gueule ? Tu me prends pour un débile mental ou
quoi ? répondit Popol furieux.
- il y a un truc qui me choque dans tout cela... commença Hubert.
- quoi ? demandèrent en choeur les autres membres de notre fine
équipe, visiblement intéressés et désormais suspendus aux lèvres
d'Hubert.
- pourquoi Popol est-il venu gratter à ma porte en pleine nuit
pour me parler de la chaleur ? continua Hubert, visiblement
perplexe.
S'en suivit une série d'insultes, de commentaires désagréables sur
Hubert (sa naissance et sa famille entres autres !) et de taquets.
Finalement, l'incident fut clos par K.O...
La reste de la journée se passa bien; Henry dîna avec eux et
expliqua à Phil quelques "trucs" aux échecs. Vers 10h du soir,
tout le monde alla se coucher...
Alors que Popol avait fait le guet jusqu'à 2h du matin, en vain,
il finit par s'assoupir... Au milieu de son sommeil, il entendit
un bruit... Un bruit de pas et de cliquetis... Tant bien que mal,
il émergea de son sommeil, tomba du lit (les réflexes étaient
encore endormis !), se releva, prit son 45, se dirigea vers sa
porte et écouta... La chose devait être devant chez Hubert... En
un éclair, Popol poussa la chaise qui bloquait la porte, fit
tourner le verrou et bondit dans le couloir... Vide ! Pas un chat
dans ce maudit couloir ! Enervé, Popol alla faire la tournée des
chambres de ses amis... Comme la veille, personne n'avait rien
entendu... Bon gré mal gré, Popol retourna se coucher...
La journée du lendemain fut calme jusqu'à 10h du soir environ,
heure à laquelle Hubert retourna dans sa cabine. Quelle ne fut pas
sa surprise lorsqu'il s'aperçut que toutes ses affaires avaient
été fouillées, que les éprouvettes avaient été touchées... Bref :
l'horreur ! Il alla immédiatement prévenir ses amis ! Evidemment,
tous allèrent vérifier leur propre cabine. Toutes avaient été bien
entendu fouillées ! Là, la théorie de Popol devint réalité !
Quelqu'un les espionnait... Il fallait agir ! Et vite !... Ils
décidèrent de passer à l'offensive dès cette nuit, espérant
attraper le rôdeur devant le seuil (NDMM : clin d'oeil !).
Popol, grand connaisseur en méthodes de nettoyage d'emmerdeurs,
mit en place un dispositif amusant : il disposa un fusil à pompe
(que Phil avait emmené en rab') face à sa porte avec un système
complexe de déclenchement de détente réglé sur le poignée de la
porte. En clair, si quelqu'un tourne la poignée, le coup part
immédiatement... Cool, non ? Et puis, bon, hein... le 12, cela
surprend !
De leur côté, les autres avait armé leurs flingues; Hubert et Neil
ayant mis en place un système de fil invisible (à 5 centimètres au
dessus du sol) qui pouvait être tendu en cas de poursuite... Il
fallait, bien sûr, que l'inconnu emprunte le bon chemin... Pour en
être sûr, John devait rabattre le gibier vers le fameux couloir
piégé à l'aide d'arguments de choc : sa mitraillette Thompson et
son Luger. Classique, quoi !
Une fois ce glorieux épisode (digne de McGyver himself !) terminé,
tous se préparèrent à recevoir leur invité. Ils allèrent chacun se
poster dans leur cabine respective.
Vers minuit, un violent orage se déclencha... La tempête faisait
rage au dehors !
Mais le plus important pour la "Nightmare Agency" restait
l'inconnu...
Celui-ci se présenta vers 2h10 du matin, toujours accompagné de ce
bruit étrange de pas et de cliquetis. Cette fois ci, aux aguets,
nos amis purent se rendre compte que Popol n'avait pas rêvé... Ils
retenaient leur souffle... Par chance, "il" venait du bon côté. Il
devait maintenant essayer d'ouvrir la porte de chez Popol pour
recevoir un formidable cadeau surprise. Coup de chance (pour eux
!), l'inconnu tourna la poignée de la porte de Popol, ce qui
déclencha le mécanisme : le coup de feu, terrible (NDMM : du 12 à
éléphant !), fit un trou de 1 m2 au moins dans la porte en bois,
dévoilant... la face ahurie du petit vieux. Celui-ci, par chance
(pour lui !), n'était pas face à la porte au moment où il avait
actionné la poignée, ce qui lui valut d'être encore en vie
actuellement... mais il avait été touché au bras !
Au bruit de la détonation, tous bondirent hors de leur cabine et
se lancèrent à la poursuite du petit vieux qui, visiblement,
courrait bien vite et de façon extrêmement précise pour un
aveugle... Ce dernier jeta même derrière lui sa canne blanche,
laquelle faillit dégommer la tête de Neil. Par chance, dans un
ultime réflexe, celui-ci l'évita. Par contre, Popol, lui, la prit
en pleine poire !
Coup de bol, leur adversaire prit le "bon" chemin.
- Hubert : tire la ficelle ! cria Neil.
- de suite ! répondit Hubert en actionnant le mécanisme.
La ficelle se tendit... Mais le vieillard l'évita au dernier
moment. Ce ne fut pas le cas de Neil qui s'y prit les pieds
dedans et fit un triple saut périlleux enchaîné avec une quadruple
vrille... Seule la réception laissa à désirer...
- pour un vieux, même voyant, il court vite ! s'écria Hubert à
bout de souffle.
C'était d'autant plus vrai que le vieillard aveugle se
transformait petit à petit en Profond ! En tête des poursuivants, Phil
plongea, tel un rugbyman, et attrapa les pieds de la créature.
Celle-ci tomba lourdement en avant et commença à se débattre. Mais
Phil tenait bon...
- merde les gars ! Bougez vous ! Il va se tirer ! cria Phil tout
en serrant encore plus fort les jambes du Profond.
Malheureusement pour lui, la créature, en se débattant, lui envoya
un violent coup au visage qui le mit groggy... Le Profond se
releva en un éclair, ce qui lui permis d'éviter de justesse Popol
qui venait de plonger comme un rugbyman, à l'image de Phil tantôt,
pour le plaquer au sol.
- meeerrrdddeeeuuuu !!!! cria Popol en brassant l'air avec ses
bras.
Il retomba lourdement sur Phil qui essayait tant bien que mal de
se relever. Le choc fut (très !) violent...
Hubert, Neil et John sautèrent pas dessus leurs deux camarades et
continuèrent leur folle poursuite. Au bout de quelques minutes,
ils se retrouvèrent sur le pont supérieur du bateau. La tempête
faisait rage et le bateau tanguait de façon violente, rendant
toute poursuite périlleuse, d'autant plus que le sol était
détrempé ! Prenant son courage à deux pieds, Neil se lança à la
poursuite du Profond qui tentait de gagner le rebord du bateau.
John et Hubert, après une courte période d'hésitation, se
décidèrent à aller prêter main forte à Neil. Celui-ci, courant
comme un fou furieux, se rapprocha du Profond et plongea comme
l'avait fait tout à l'heure Phil et Popol. Il parvint à lui saisir
les chevilles et le faire tomber; La créature se mit à ramper, à
la force des bras, vers le rebord. De toute évidence, elle voulait
regagner la mer. Mais Neil tenait bon...
Malheureusement, le Profond était glissant et le bateau bougeait
vraiment fort. Neil avait de plus en plus de mal à le retenir...
Au moment où la créature allait se libérer de son emprise, il
entendit derrière lui le pas de charge de la cavalerie lourde :
Hubert et John arrivaient à toute vitesse pour lui prêter main
forte !
- attention ! Chaud devant ! crièrent en choeur les deux arrivants
en plongeant sur le malheureux Profond.
Celui-ci poussa un petit cri strident quand il fut littéralement
écrasé sous le poids des deux compagnons. (NDMM : 180 kilos [95
pour Hubert et 85 pour John] sur la gueule, ça cautérise sec !).
- saloperie ! On te tiens mon salaud ! cria Hubert en frappant
violemment la créature qui couinait.
- tu vas voir ta gueule ! renchérit John en donnant des coups de
crosse dans les côtes du Profond.
- prends ça, connard ! cria Neil en mordant à belle dent la jambe
de la malheureuse créature.
Soudain, le bateau se pencha à bâbord. Ce fut si brusque et si
violent que Neil, Hubert et John se retrouvèrent propulsés de
l'autre côté du pont. Ceci fit l'affaire du Profond : il se releva
tant bien que mal...
- zoova elfh uzriv ulfgiv kvwvh ! cria le Profond à l'encontre des
trois compagnons qui tentaient de se relever.
Sur ce, le Profond monta sur la rambarde surplombant les flots
tumultueux. Neil, John et Hubert se relevèrent et se ruèrent sur
la créature qui allait leur fausser compagnie. Au moment où
celle-ci plongea dans l'océan, au grand désarroi des trois amis,
deux détonations violentes retentirent et frappèrent de plein
fouet le Profond.
- vmxfovh !!!!! gueula ce dernier en disparaissant corps et biens
dans l'eau déchaînée.
Les trois compagnons se retournèrent. Il découvrirent.... Phil et
Popol, rouges de colère. Phil tenait son 12 à canons sciés et
Popol son 45; les deux armes fumaient...
- paf ! Dans le mille ! lança Phil.
- c'est moi qui l'ai dégommé ce gros pédé de Profond ! cria Popol
un sourire sadique aux lèvres.
- t'hallufine ou quoi ? Fé moi qui lui ai dégommé fa fale gueule !
rétorqua Phil la bouche en sang.
- hein ? Ma parole, c'est pas tes dents qui ont pris un shoot,
c'est tes yeux ! C'est moi qui l'ai pulvérisé ce blaireau !
- fé fa, fé fa... et moi ve fuis la mère miffel auffi, non ? V'ai
pulvérivé fon gros cul avec mon 12 (NDMM : prononcez "douve") ! Fé
pas ton 45 (NDMM : prononcez "quarante finq" !) qui a fait un trou
auffi gros dans fa fale carcaffe puante !
- va chez un orthophoniste avant de me causer ! répliqua Popol
d'un ton dédaigneux.
- ah fa alors ! Fa recommenfe ! Tu m'infultes encore et touvours!
Ve vais te pulvériver la gueule à toi auffi fi tu continues à
m'emmerder !
- essaye un peu pour voir ! lança Popol en armant son 45 fumant.
Au moment où ils allaient se battre, les trois autres les
séparèrent. Pour tenter d'apaiser leur colère, ils affirmèrent que
tous les deux avaient pulvérisé le pauvre Profond en même temps.
Bien que visiblement sceptiques, ils firent la paix. Mais le
concours tenait toujours...
Ils décidèrent d'aller visiter la cabine de l'ex-petit vieux.
Après avoir discrètement crocheté la serrure (cf : 12 à canons
sciés) ils fouillèrent la chambre. Rien, nib... En deux mots : que
dalle !
Ils rentrèrent donc tous dans leur cabine et s'endormirent comme
des masses...
Le reste de la traversée se passa calmement. Aussi, un beau matin,
ils se retrouvèrent face à New-York. Enfin, l'aventure allait
vraiment commencer !
Après avoir récupéré leurs valises (portées, of course, par Phil
!) il descendirent du bateau. Alors qu'il cherchaient des yeux un
taxi, quelqu'un les appela. Ils se retournèrent pour découvrir...
Al ! Ce bon vieux Al ! Après les embrassades d'usages (NDMM : et
les gros smacks (prononcez "ffmakf") baveux de Phil), Al les
conduisit jusqu'à sa voiture. Après avoir mis les bagages dans le
coffre, ils s'installèrent dans le luxueux véhicule de leur pote.
- tu es spécialement venu de Baton Rouge ? demanda John.
- dès que j'ai reçu ton message, j'ai décidé de prendre quelques
jour de vacances... expliqua Al. Je sens que nous allons bien nous
amuser...
- comme au bon vieux temps ! renchérit Phil.
- on va tous les crever ! confirma Popol.
- je suis sûr que nos ancêtres, au Moyen-Age, devait déjà faire
équipe ! lança Hubert en riant.
Les autres le regardèrent d'un air étrange...
- qu'est-ce qui a ? J'ai dit une connerie ou quoi ? demanda Hubert
incrédule.
- on va où ? demanda John à l'encontre d'Al.
- on fonce sur Providence ! J'ai réservé nos chambres à l'hôtel
Ward. As tu prévenu Jack Milton ?
- bien sûr ! De toute façon, nous allons avoir besoin de toute
l'aide possible ! Et puis, vu le carnage prévisible, le chef de la
police est un précieux allié pour nous ! expliqua John en
désignant Popol, Neil, Phil et Hubert qui astiquaient avec une
joie non dissimulée leurs armes qu'ils couvaient du regard.
- parfait ! Il faudra aller lui rendre une petite visite dès notre
arrivée...
Pendant le reste du trajet, Al fut mis au courant des événements
survenus sur le bateau et des quelques informations dont disposait
John.
Ils arrivèrent à Providence en pleine nuit. Al, qui semblait bien
connaître la ville, trouva facilement l'hôtel Ward. Il gara la
voiture devant l'entrée et tous pénétrèrent dans le hall. Après
avoir pris chacun leur clef, ils se rendirent dans leur chambre et
s'endormirent rapidement... L'aventure allait sûrement être
"fatigante" !
Ils se retrouvèrent pour le petit déjeuner à 8h du matin, frais et
dispos ! Après avoir bien mangé (surtout Phil !), ils décidèrent
d'aller rendre visite à Jack Milton. Aussitôt dit, aussitôt fait :
ils furent au poste de police dix minutes après !
- bonjour ! Nous aimerions parler à M. Jack Milton ! demanda John
au policier de garde.
- le chef ne va pas tarder, je pense ! Il est parti en mission il
y a deux heures...
Il n'avait pas fini sa phrase que la porte du poste de police
s'ouvrit avec fracas et un homme très agité, maintenu par deux
policiers, fit son entrée. Puis, un homme fit son apparition
derrière le trio, armé d'un fusil à pompe. Il était grand, brun,
visiblement musclé. A la vue de nos amis, un large sourire
illumina son visage d'enfant ébloui; il leva les bras et leur
fonça dessus.
- mes amis ! Mes amis ! cria-t-il en embrassant tous les membres
du groupe. Ca faisait un bail, pas vrai ?
- tu as encore eu une promotion à ce que je vois, "chef" ! lança
Hubert.
- oh, oui ! Je suis le big boss maintenant ! confirma Jack d'un
ton fier.
- ça tombe bien ! On va avoir besoin de beaucoup d'aide ! s'écria
John.
- tout ce que tu veux, vieux ! répondit Jack. Et toi Popol,
toujours en fuite ?
- toujours ! répondit l'interpellé. Tu es le seul flic que je
supporte !
- merci ! Ca me fait chaud au coeur, vieux !
Après ce chaleureux interlude, Jack les amena dans son bureau.
John lui donna toutes les informations dont il disposait et lui
relata les étranges événements survenus durant la traversée...
- bon, OK ! Il faut donc retrouver ton vieux pote McGregor ! lança
Jack à l'encontre de John.
- je pense que la police peut faire ça... expliqua l'interpellé.
- bien sûr, vieux ! Je vais immédiatement mettre deux hommes sur
le coup !
- parfait ! Nous allons visiter la ville et faire quelques
recherches. La bibliothèque municipale est ouverte à partir de
quelle heure ?
- de 9h à 18h non-stop !
- merci, man ! On se retrouve ce soir ?
- of course ! Je viendrais vous prendre à l'hôtel à 20h ! Ca
marche ?
- aucun problème ! Nous sommes au Ward !
- c'est noté ! A ce soir les gars !
Nos amis se retrouvèrent dans la rue, devant le poste de police.
Ils se séparèrent en deux groupes : le premier (composé de John,
Al et Hubert) partit vers la bibliothèque municipale; le second
(composé de Popol, Phil et Neil) alla visiter la ville...
Le second groupe alla visiter les plus sombres troquets de la
ville... Alors qu'ils étaient accoudés au bar, deux musculeux (à
l'air très con !) s'approchèrent de Phil.
- on n'aime pas ta tronche ! lança le premier.
- alors tu vas foutre le camp illico presto ! compléta de second.
- mais... je... bafouilla Phil, surpris.
- en tout cas, c'est l'hôpital qui se fout de la clinique !
répondit Popol d'un ton narquois.
- reste calme ! souffla Phil à Popol. C'est pas grave... Et puis,
il faut rester discret... Nous menons une enquête, ne l'oublions
pas...
- c'est sûr ! Vous avez des gueules de trou du cul, les gars !
continua Neil de plus belle, faisant celui qui n'avait pas entendu
les recommandations de Phil.
- hein !? cria le premier musculeux.
- c'est toi qui a dit ça ? continua son collègue en saisissant
Neil par le col de sa chemise.
- du calme, messieurs ! Entre gentlemen... commença Phil d'un ton
apaisant.
- non, non !... C'est lui ! répondit-il en désignant Phil. Il nous
a d'ailleurs fait la remarque dès que nous sommes entrés dans ce
taudis...
- alors comme ça, c'est toi ? hurla le premier musculeux à
l'encontre du malheureux Phil.
- hein ? s'écria Phil éberlué. Mais, j'ai rien dit, moi ! Allez
vous faire foutre, à la fin !
- là, en tout cas, c'est bien toi qui vient de le dire ! constata
le second musculeux en lui décrochant un coup de poids phénoménal
dans la tronche qui l'envoya par dessus le bar.
- on peux dire que vous lui avez tapé dans l'oeil ! ironisa Popol.
- t'en veux aussi? Parce que c'est jour de distribution, minable!
hurla le premier musculeux en saisissant violemment Popol par le
col de sa veste.
- enlève ta patte de ma veste, ou je te grille le seul neurone
qu'il te reste ! répondit Popol d'un ton anormalement calme...
tout en braquant son arme entre les deux yeux de son interlocuteur
- du calme ! répondit ce dernier en lâchant la veste et en
reculant de quelques pas.
- que désirez vous ? demanda le second, mis en joue par Neil.
- oh, pas grand chose ! Juste des renseignements...
Ils se retrouvèrent à l'hôtel à 19h. Après s'être changés, ils
attendirent Jack. Celui-ci, toujours ponctuel, fit son apparition
à 20h comme convenu. Ils allèrent dîner au restaurant...
Jack prit le premier la parole...
- vous avez fait des découvertes ?
- oh ! Plusieurs choses... commença John
- nous aussi, nous avons trouvé des choses intéressantes...
poursuivit Neil. Et de ton côté, Jack ?
- OK ! Je commence ! répondit l'interpellé. D'après mes sources,
votre ami est effectivement venu ici, à Providence; il serait même
descendu à l'hôtel Baker, une cage à poule dans un quartier
"coupe-gorge"... Malheureusement, il a totalement disparu de la
circulation ! A mon avis, il a agi ainsi pour brouiller les
pistes... Il devait effectivement craindre quelque chose pour
descendre dans un hôtel aussi miteux... Il faudra aller visiter ce
"charmant" établissement demain... Et de votre côté ?
- à la bibliothèque municipale, nous avons cherché tout ce qui
était susceptible d'intéresser Harry ! commença Hubert. Il semble
qu'outre l'université et sa fabuleuse bibliothèque, on trouve sur
la colline une étrange stèle que certains craignent énormément;
ils disent qu'elle sert à des sacrifices... Reste à savoir si
c'est vrai, et quand ont éventuellement lieu ses fameux sacrifices
rituels. Quant à l'université, je pense que notre ami Al, avec sa
réputation, ne devrait pas avoir de mal à visiter sa bibliothèque:
peut-être Harry a-t-il laissé des signes de son passage, et des
éventuels livres consultés.
- quand à nous, poursuivit Popol, nous avons visité des
endroits
assez typiques : des bars, des quartiers sombres, les docks...
Bref, nous avons interrogé la faune locale. Il semble effectivement
que quelqu'un a posé des questions sur la fameuse stèle; sa
description semble correspondre à notre cher Harry. Au sujet des
sacrifices, tout le monde semble y croire ici; mais nous, nous
avons un scoop : les rituels ont normalement lieu les soirs de
pleine lune... Or...
- ... demain soir, c'est pleine lune ! termina Al perplexe.
- fé pour fa qu'il faut avir vite ! renchérit Phil.
- je connais cette fameuse stèle ! Mais pour les sacrifices, ce
sont des rumeurs... Du moins, jusqu'à présent, j'ai rien vu de
tel; et pourtant, je suis né ici ! Il faudra quand même y faire un
tour demain soir... Au cas où, je prendrais des hommes avec nous !
Dès demain matin, il faudra agir: Al ira à l'université, nous nous
irons à hôtel Baker... Et le soir, nous irons faire un commando à
la stèle ! Même si je reste sceptique sur cette dernière piste...
OK ?
- parfait ! répondirent en choeur les autres.
Sur ce, ils mangèrent... Le repas (italien !) était vraiment
excellent... Après ce festin, ils retournèrent dormir : demain
serait sûrement une journée éprouvante !
Ils se retrouvèrent pour le petit déjeuner, vers 7h30 le lendemain
matin. A 8h, ils se rendirent au poste de police où les attendait
Jack. Al prit un taxi pour se rendre à la célèbre université de
Providence; quant aux autres, ils allèrent en délégation à l'hôtel
Baker...
C'était effectivement un véritable coupe-gorge ! Nos amis n'y
auraient dormi pour rien au monde... Il fallait vraiment qu'Harry
soit en danger pour choisir une telle planque ! Ils se dirigèrent
vers ce qui faisait office de réception.
- bonjour ! lança Jack en montrant sa carte de police.
- j'ai rien fait de mal ! s'écria furieusement le réceptionniste à
la vue de la plaque officielle.
- du calme ! le coupa Jack. Nous ne sommes pas là pour ça ! Nous
cherchons un de nos amis, un certain Harry McGregor !
- connais pas ! répondit le réceptionniste (visiblement rassuré !)
d'un ton dédaigneux.
- fais attention, mon gars ! cria Jack. Je sais de source sûre
qu'il est descendu dans ton taudis !
- y a pas marqué Pradel sur ma tête! répondit l'interpellé (NDMM:
je sais qu'en 1935, cela n'existait pas mais bon, c'était une
image; une prémonition quoi !)
- non mais il commence à m'emmerder celui-là ! cria Popol en
braquant son arme sur la tête du réceptionniste.
- oh là ! C'est une menace ? demanda celui-ci, un sourire narquois
illuminant son visage de tueur à gage.
- parfaitement ! confirmèrent Phil, Hubert et Neil en braquant à
leur tour leurs armes sur la tête du réceptionniste.
- eh... du calme !... Je suis tombé sur un voyage organisé de
l'asile psychiatrique ou quoi ? Vous n'avez pas le droit de me
menacer !
- ils ont tous les droits puisqu'ils sont avec moi ! souffla Jack
à l'oreille du pauvre réceptionniste, visiblement effrayé. Fais
gaffe : ils sont vraiment cinglés ! Et mon témoignage suffira à
les couvrir; la parole d'un flic est un alibi parfait !
- bon, d'accord ! Je vous dis tout ! De toute façon, j'en ai rien
à foutre ! Il est bien venu ici, mais il a disparu il y a une
semaine sans crier gare... et, malheureusement, sans payer !
Toutes ses affaires sont d'ailleurs encore là haut !
- savez vous ce qu'il faisait ? demanda John.
- oh, il ne parlait jamais ! Mais je pense que c'était un
scientifique ou quelque chose comme ça !
- pourquoi dites vous cela ? demanda Hubert.
- il allait souvent à l'université ! Et il visitait les monuments
de la ville !...
- comment le savez vous, puisqu'il ne vous disait rien ? demanda
Popol d'un air inquisiteur.
- c'est simple : il ne se déplaçait qu'en taxi; et j'ai entendu
les direction qu'il donnait au chauffeur, voilà tout !
- peut-on récupérer ses affaires ?
- si vous payez son loyer, pas de problème !
- ça marche ! répondit John en payant la note.
Le réceptionniste leur tendit la clef de la chambre; c'était le
numéro 22. Après avoir gravi les deux étages, ils arrivèrent
devant la porte de la chambre d'Harry. Il y pénétrèrent.
Tout semblait en ordre. Après avoir tout vérifié, ils durent se
rendre à l'évidence : pas un indice ! Rien ! Déçus, il rangèrent
les affaires d'Harry dans ses valises et les prirent avec eux ! Au
moment où ils allaient quitter l'hôtel, Phil eut une illumination
! Il se dirigea vers la réception.
- par hasard, Harry n'aurait pas donné de coups de fil ? demanda
Phil.
- si ! Je suis bête ! Il a donné un seul coup de fil... répondit
le réceptionniste après avoir consulté son registre. Comme il l'a
payé de suite, je n'y avait pas pensé !
- pour où ?
- heu... attendez voir... Voilà... C'était pour Washington !
- vous ne savez pas à qui, des fois ?
- si, bien sûr ! C'est noté là : l'université ! Quand je vous
disais que c'était un savant...
- merci !
Phil retourna vers ses camarades.
- franchement, bravo vieux ! félicita Neil.
- yeah man ! renchérit Popol.
Ils retournèrent à l'hôtel pour attendre les résultats de
l'investigation d'Al. Celui-ci revint vers 11h45.
- alors ? demandèrent en choeur les autres. As-tu trouvé quelque
chose à l'université ?
- il a effectivement consulté des livres sur la région et ses
monuments. Malheureusement, ils ont disparu... Et de votre côté ?
Les autres le mirent au courant de leurs découvertes.
- il faudrait savoir ce qu'il cherchait à Washington ! Cette
université a des ouvrages spécialisées dans les rites et les
cérémonies... Bien que mon université, à Baton Rouge, soit mieux
fournie, eh,eh... Mais bon, c'est le problème maintenant...
- en tout cas, il semble que les informations convergent vers
cette fameuse stèle, puisqu'il devait vraisemblablement chercher
des informations relatives aux cérémonies et rites! s'écria Popol.
- oui ! D'autant plus qu'il semblait avoir un intérêt pour les
monuments anciens de la ville. Je ne pense pas qu'il soit passé à
côté de cette stèle... renchérit Phil
- OK ! Il faut donc monter une expédition à la stèle cette nuit !
Je vais chercher quelques hommes sûrs pour nous accompagner... Je
passe vous prendre vers 19h, ça va ?
- écoutez les gars, j'ai une suggestion... commença Al.
- oui ? répondirent en choeur les autres membres de l'équipe.
- je vais partir pour l'université de Washington dès maintenant !
poursuivit Al. Il faut absolument trouver ce qu'il cherchait et il
vaut mieux aller sur place... Je suis le seul ici à pouvoir
utiliser sans délais une bibliothèque universitaire donc c'est à
moi d'y aller. De plus, certains de mes amis sont là bas et j'ai
ma voiture ici, alors... Dès que j'aurai trouvé, je reviendrai.
Pendant ce temps, allez à la stèle, visitez les monuments etc...
- t'as raison ! confirma John. Il faut aller vite; nous devons
nous diviser !
- vive le multitâche ! renchérit Neil.
Après avoir prit ses affaires, Al bondit dans sa voiture et prit
la direction de Washington...
Quant aux autres, ils se préparèrent pour l'opération commando de
ce soir !
A 19h, Jack arriva à l'hôtel, accompagné d'un jeune policier.
- voici mon adjoint, le sergent Smith ! expliqua Jack en désignant
le nouveau venu. J'ai pensé qu'un seul ferait l'affaire, d'autant
plus qu'il faut être discret...
Après les présentations d'usage, tous prirent place dans la grosse
voiture de Jack. Après une vingtaine de minutes de route, il
arrêta le véhicule sur le bord de la nationale. La nuit n'allait
pas tarder à tomber...
- c'est là haut ! expliqua Jack en désignant le sommet d'une
sombre colline. Il vaut mieux dissimuler la voiture ici, dans le
bois, et continuer à pied.
Neil décida de rester dans la voiture au cas où il faudrait
déguerpir vite !
Dix minutes plus tard, équipés de la tête aux pieds, nos amis
commencèrent l'ascension de la colline. La montée était malaisée
car des arbustes aux longues (et douloureuses !) épines en
jonchaient les flans abrupts. Finalement, au bout d'une dizaine de
minutes, ils arrivèrent enfin au sommet !
Ils examinèrent la stèle : elle était vraisemblablement très
anciennes... Rapidement, sans un bruit, tous allèrent se poster à
des endroits stratégiques : Phil et Popol dans un bosquets
d'arbres sombres, un merveilleux poste d'observation pour
apercevoir quiconque empruntait le chemin forestier qui menait de
la route au sommet de la colline; Jack et John dans les arbustes
derrières la stèle; Hubert et Smith derrière les arbustes se
trouvant en flan de colline, ce qui leur permettait de surveiller
l'endroit où la voiture était dissimulée, tout en observant les
véhicules roulant sur la route nationale en contrebas. Une fois
positionnés, tous attendirent sans parler...
La nuit était maintenant tombée; on ne distinguait plus, au loin,
que les lumières de la ville. Quant à nos amis, seule la lumière
de la lune leur permettait de distinguer les formes dans la
pénombre quasi totale. Heureusement, ils avaient pris des lampes
avec eux...
Ils attendirent comme cela des heures...
Soudain, Smith saisit le bras d'Hubert et lui désigna les phares
de trois voitures sur la route en contrebas; elles semblaient se
suivre... Aussitôt, Hubert siffla pour avertir les autres : on ne
savait jamais !
Quand ils virent les voitures tourner et emprunter le petit chemin
forestier, Popol et Phil sifflèrent à leur tour pour avertir les
autres ! Les choses semblaient se préciser...
Ils attendaient sans bruit l'arrivée des voitures. Quelques
secondes après, elles arrivèrent au sommet de la colline et
s'arrêtèrent... Seule la première garda ses phares allumés... Une
dizaine de personnes en sortirent et se dirigèrent vers la stèle,
éclairée par les phares de la voiture. Malheureusement, Jack et
John, en contre-jour (contre-lumière ?), ne parvenaient pas à
discerner les visages des nouveaux arrivants... Il semblait
toutefois qu'ils avaient un prisonnier...
Soudain, quand il tourna sa tête de profil, le visage du prisonnier
fut éclairée. John évita de justesse de pousser un cri de
surprise : c'était Harry !
Sans ménagement, ils attachèrent le prisonnier à la stèle tout en
marmonnant des paroles incompréhensibles...
- xgsfosf ! xv hzxirurxv vhg klfi glr !
Nos amis se tenaient prêts à intervenir; il fallait sauver Harry !
Soudain, l'inconnu qui se tenait le plus prêt de la stèle sortit
de sa poche un objet. Quand il fut mit dans la lumière, il n'y eut
aucun doute sur sa nature : c'était un énorme couteau sculpté,
sûrement un instrument de sacrifice...
Il fallait agir, et vite !
Popol et Phil le savaient aussi. C'est pourquoi ils sortirent
doucement de leur cachette et se dirigèrent sans bruit vers les
inconnus qui étaient restés en retrait, près des dernières
voitures... Quand ils furent près de leurs adversaires (qui ne les
avaient pas entendus arriver !), ils se jetèrent dessus en un
éclair !
En entendant les bruits de baston, tous les inconnus se retournèrent
vers le lieu de la bagarre ! Cette diversion permit aux
autres membres de la "Nightmare Agency" de surgir de leurs repères
et de se jeter sur les adversaires les plus proches... Jack et
John se jetèrent sur l'inconnu au couteau, tandis que Smith et
Hubert s'occupaient des types restés en retrait de la stèle.
La baston fut terrible !
Popol envoya un formidable coup de tête à l'inconnu qui fut
projeté en arrière, contre la voiture... Phil se battait comme un
beau diable, envoyant des coups de pieds et des coups de poings de
tous les côtés en hurlant comme un fou furieux... Cette technique
(somme toute assez étrange !) semblait être efficace puisque son
adversaire en prenait plein la tronche !
Jack et John frappaient "l'inconnu au couteau" avec allégresse,
tandis qu'Hubert et Smith fracassaient à tout va ! Malheureusement
pour nos deux premiers lascars, celui qui devait être le chef
avait une force assez étonnante et envoya nos amis dans les
arbustes d'un violent retour de bras !
Soudain, cinq autres inconnus surgirent des voitures et se ruèrent
vers les trois bastons. Popol n'eut pas le temps d'esquiver un
coup de poing monumental qui l'envoya au tapis. Phil, toujours
hurlant, se jeta sur le nouveau venu... qui l'allongea d'un coup
de pied circulaire ! Furieux, nos deux amis sortirent leurs armes
et tirèrent à vue (l'obscurité était totale !)... Malheureusement,
les inconnus s'étaient abrités derrière la voiture... Après s'être
relevés en un éclair, l'arme au poing (12 et 45 respectivement),
Phil et Popol décidèrent de passer à l'offensive malgré
l'obscurité. Ils s'accroupirent sous la voiture et purent ainsi
observer la pénombre alentour... Sans surprise, ils voyaient des
silhouettes; cependant, craignant que cela ne soient leurs amis,
ils préférèrent attendre avant de tirer (NDMM : une première !)...
Après s'être relevés, Jack et John agirent stratégiquement : Jack
se jetta sur l'homme armé d'un couteau, lequel brandissait son
arme dans le but de tuer Harry, tandis que John s'empressait de
délivrer son pote, toujours attaché à sa stèle...
Jack plongea sur le chef et tous deux roulèrent au tapis; dans la
chute, le couteau fut projeté à quelques mètres et disparut dans
la pénombre. Sans attendre, Jack frappa au visage son
adversaire...
- tiens mon salaud ! cria Jack en frappant. Au nom de la loi, je vous...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase : un violent coup de
poing de son adversaire le renvoya contre la stèle. Le choc fut si
violent que Jack resta groggy quelques secondes... Ce fut John qui
le tira dans les arbustes afin qu'il puisse récupérer.
- merci beaucoup, les amis ! s'écria Harry d'un ton sincèrement
reconnaissant.
- c'est pas le moment de se congratuler ! grogna Jack en tenant sa
mâchoire. On n'est pas sorti de l'auberge !
Hubert envoya un coup de poing à son adversaire... qui à sa grande
surprise ne bougea pas d'un centimètre ! Surpris, notre ami baissa
sa garde et se retrouva aussi sec projeté dans les arbustes
derrière lui. Son camarade de baston, Smith, connu le même sort.
Le combat faisait maintenant rage de toute part. Mais il avait
changé de nature : maintenant, il se réglait à coups de feu !
Retranchés derrière la stèle, Jack tirait vers la première voiture
tandis que John, armé de sa mitraillette Thompson, arrosait les
fuyards.
Hubert et Smith soutenaient (difficilement) le tir depuis leur
repère.
Quant à Popol et Phil, ils étaient toujours planqués sous la
voiture, observant quiconque essayerait de pénétrer dans le
véhicule.
- pètes les phares de cette maudite voiture ! Ils vont nous tirer
comme des lapins ! lança John à Jack
- sans problème ! répondit l'interpellé en dégommant les seules
sources de lumières.
Tous se retrouvèrent dans l'obscurité la plus complète... et dans
un silence mortuaire...
De leur côté, Popol et Phil avaient semble-t-il compris le but de
la manoeuvre !
- il faut absolument allumer les phares de la voiture au dessus de
nous ! souffla Popol. Comme c'est la plus éloignée, elle éclairera
le centre du terrain de bataille, donc l'endroit où se trouvent
nos adversaires ! Et de notre position, on pourra les empêcher de
fuir... et les rabattre sur nos camarades...
- ça marche ! répondit Phil à voix basse tout en armant son 12.
J'y vais ! Couvre moi... mais seulement en cas de pépin, compris ?
Il faut rester discret sur notre position.
- yeah man ! confirma Popol.
Sans bruit, Phil s'extirpa de sous la voiture. Il prêta
l'oreille... Rien... Pas un bruit... Sur la pointe des pieds, il
tâtonna pour trouver la poignée de la portière. Au bout de
quelques secondes, un léger click lui confirma qu'il avait réussi
à ouvrir la voiture. Sans hésiter, il se glissa au volant... Là,
il se trouva bloqué... Quelque chose se trouvait sur le siège du
conducteur... Il poussa fort... La chose résista... Soudain, une
voix retentit à côté de Phil; ce dernier eut beaucoup de mal à
retenir un cri de surprise.
- c'est toi, Sammy ? demanda l'inconnu.
- oui... murmura Phil pour éviter de trahir sa différence de voix.
- vas-y ! Je te laisse la place ! Prends le volant ! lança
l'inconnu en prenant la place du mort. On va les avoir par
surprise ! Eh, eh... j'aime bien les surprises...
Sans hésiter, Phil se glissa au volant, chercha à tâtons les
phares et, d'un coup sec, les alluma. Le centre de la bataille fut
éclairée, dévoilant tous les protagonistes (ennemis !).
- pourquoi t'as fais ça, Sammy ? demanda l'inconnu en se
retournant vers le chauffeur. On va tous se faire tirer comme des
lapins !
- parce que je ne suis pas Sammy ! répondit Phil en souriant...
tout en lui tirant deux salves de 12 dans le bide.
Sous le choc, l'inconnu fut projeté, dans une gerbe de sang, à
travers la portière. Sur ce, Phil ressortit en quatrième vitesse
de la voiture et alla rejoindre Popol sous celle-ci.
- bonjour la discrétion ! lança Popol à l'encontre de Phil.
- j'avais pas le choix ! C'était le destin : il était à la place
du mort ! Et puis, il aimait les surprises...
- t'es vraiment cinglé ! répondit Popol en armant son 45.
- possible...
Neil attendait toujours dans la voiture, hésitant à monter
rejoindre ses amis... Soudain, il entendit un bruit dans les
arbres à sa gauche... Un craquement ou quelque chose comme ça...
Comme il était dans l'obscurité la plus complète, il n'avait
peut-être pas été repéré... Il arma son 38 et ouvrit sans bruit sa
portière. Il se glissa hors de la voiture et s'accroupit. Le
silence était total... Pourtant, il était sûr de ne pas avoir
rêvé... Il resta ainsi, à écouter, un long moment. Puis, soudain,
les bruits reprirent, plus forts encore que tantôt ! Quelques
secondes plus tard, une silhouette fit son apparition et se
dirigea vers la voiture. Elle n'avait semble-t-il pas vu Neil. Au
moment où ils allaient entrer en contact, Neil se releva et,
profitant de l'effet de surprise, colla un formidable coup de
boule à l'inconnu. Celui-ci recula sous le choc mais revint à la
charge, poussant violemment Neil contre la voiture.
- salaud ! grogna Neil. Tu vas voir ta gueule !
Sans hésiter, il tira à deux reprises sur l'inconnu, lequel
s'effondra lourdement. Au moment où Neil se baissait pour examiner
le corps de son adversaire, d'autres bruits se firent entendre
alentours. Et cette fois ci, "ils" étaient nombreux ! Sans
attendre, Neil tira le corps par les pieds; il se dissimula avec
derrière un immense arbre...