(HUKUTO NO KEN)
Ça fait longtemps que nous n'avions pas parlé de mangas dans ce mag. Il
existe certains dessins animés dont on se souviendra longtemps et Ken le
Survivant en fait partie. Censuré lors de son passage voilà plus de 10
ans sur TF1 à cause de son côté gore, ce dessin animé reste très apprécié
par les jeunes de nos jours. D'abord paru sous forme de manga, Ken le Survivant a été décliné
en série télévisée ainsi qu'en longs métrages. Pour écrire cet article, je suis
allé puiser des informations sur le Web. Si Ken le Survivant vous intéresse, voici quelques adresses bien
utiles :
A l'origine, Ken le Survivant était un manga publié pour la première fois
en 1983. Son nom japonais est Hokuto no Ken (Ken de l'école du Hokuto).
Le récit se situe entre un manga de baston chinois et un film
post-nucléaire australien. C'est dans cet atmosphère de fin du monde
où toute technologie a disparu que réapparaissent des techniques de
combat ancestrales, en particulier le style Hokuto Shin Ken dont
Kenshiro est l'héritier. En avril 1983, Hara Tetsuo lance le pilote de
ce qui deviendra une série culte (notamment pour sa violence) dans le
Shonen Jump magazine. Kenshiro, le successeur de la technique de
combat appelée Hokuto Shin Ken passe son temps à affronter les vilains
pas beaux du Taisan-ryu dans le Japon des années 80.
Juste après, les japonais eurent droit à une suite très intelligement
appelée "Hokuto no Ken II". Mais lorsque le scénariste Buronson
débarqua pour épauler le travail de Hara, l'histoire changea
radicalement pour devenir un sous-Mad Max des années 90. Buronson
rajouta les maintenant célèbres cicatrices sur le torse de Ken.
L'association Buronson / Hara permit à Ken de devenir extrêmement
populaire et cela de 83 à 88. On en fit alors un anime, un film et des
tonnes de jouets. L'apparition du "ki" dans les techniques de combat,
comme les "Hadoken" de Street Fighter 2, par exemple, a été largement
copiée sur Ken. D'ailleurs n'y a-t-il pas comme un air de famille entre les
deux Ken ?
Hokuto no Ken devint populaire également dans d'autres pays. En Chine,
il devint "Beidou Shen Quan", en Italie "Ken il Guerrero", aux USA
"Fist of the North Star" et en France bien sûr ce fut "Ken Le Survivant".
Ken voyage donc dans un monde dévasté qui fut le Japon. Durant son
périple, il rencontre Bat qui devient son co-équipier ainsi que la
jeune Rin, qui possède un lien psychique avec Ken. Ken rencontre des
amis et des ennemis ainsi que d'autres maîtres en arts-martiaux comme
Jagi, Toki, et Raoh qui pratique également le Hokuto Shin Ken; Shin, Rei,
et sa fiancée Yuria qui pratique le style Nanto Sei Ken. Plus tard il
rencontrera des disciples du Gento Kou Ken qui sont aussi les gardiens
du Tentei Emperor, et il découvrira la technique maudite du Hokuto Ryuu
Ken dans son pays natal (Shura). Un conseil : ne vous attachez pas trop
aux personnages... on ne fait pas de vieux os dans cette époque décadente.
Le "Hokuto Shin Ken" (North Dipper God Fist) est un art martial
vieux de plus de 2000 ans et qui vient de l'île chinoise de Shura. Son
fondateur s'appellait Shuken de l'ancienne lignée du "Hokuto Souke". Cet
art martial utilise les 708 Keiraku Hikou de l'adversaire, aussi connu
sous le nom de tsubos ou points de pression. Ces points de pression
détruisent l'ennemi de l'intérieur. Le Hikou peut aussi servir à
guérir. Tandis qu'un combattant normal utilise 30% de ses capacités, un
héritier du Hokuto Shin Ken a appris à se servir des 70% restants. Le
Hokuto Shin Ken ne peut se transmettre que de père en fils, et il ne
peut y avoir qu'un seul héritier à la fois. Les fils qui ne
deviennent pas héritiers sont obligés de ne plus jamais pratiquer cet art
sous peine d'avoir la mémoire effacée et les poings brisés. Ryuuken
et Kouryuu s'affrontèrent pour devenir héritiers, mais Kouryuu abandonna
le titre au profit de Ryuuken, qui adopta quatre fils : Raoh, Toki, Jagi,
et Kenshiro. Kenshiro fut choisi pour devenir l'héritier. Raoh et Jagi
refusèrent d'abandonner le style Hokuto, et lorsque Ryuuken
essaya d'enlever les connaissances en "Hokuto Shin Ken" de Raoh, il
eut une attaque cardiaque et Raoh en profita pour le tuer. L'attaque
ultime du Hokuto Shin Ken s'appelle le Musotensei et n'a plus été
utilisée depuis des siècles. Le secret pour accéder au Musotensei est en
fait la tristesse et Kenshiro fut capable de l'utiliser. Raoh appris
aussi le Musotensei. Tout près de La Grande Ourse se trouve une étoile
appellée Shichousei. C'est l'étoile Annonciatrice de la Mort. Celui qui la
voit doit mourir dans l'année.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, enfin presque. J'aurais pu vous
présenter les personnages un par un ainsi que toutes les attaques mais je
ne pense pas que ce soit très intéressant. Dans le prochain Toxic Mag,
vous redécouvrirez une autre série culte de la fin des années 80 :
Cobra. Je ferai peut-être un article sur l'excellent manga "Fly" ("Dai no
Quest").
En attendant, je vous laisse avec la définition du mot "manga" que j'ai trouvé dans l'Encyclopædia Universalis. Bonne lecture !
MANGAS (bandes dessinées)
Nul ne peut plus l'ignorer : le marché français est littéralement envahi par
les bandes dessinées japonaises et l'ensemble de leurs produits dérivés,
cette culture d'importation suscitant un spectaculaire engouement chez
une partie de la jeunesse française. Il s'agit d'abord d'un phénomène
d'édition : six ans après la parution, en version française, d'Akira, la série
culte de Katsuhiro Otomo (et alors que s'achève cette saga avec la sortie
du quatorzième volume), une dizaine d'éditeurs publieront ensemble une
centaine de titres en 1996. Le manga, puisque tel est son nom (qui
signifie étymologiquement : image dérisoire, irresponsable), est en passe
de devenir un secteur éditorial à part entière. Mais on doit considérer qu'il
s'agit d'un phénomène sociologique et culturel plus large :
l'univers des «mangamaniaques» est structuré par des boutiques
spécialisées, des conventions, des clubs, des revues, des sites Internet, etc.;
il possède ses propres codes, et se voit consacrer des émissions régulières
sur plusieurs chaînes de télévision, nommément Canal Plus, M6 et M.C.M.
Comme en son temps le rock and roll, le manga est la culture à travers laquelle
une nouvelle génération affirme sa différence et se cherche une identité.
Les mangas à la source
A l'instar du mot anglais cartoon, le terme manga (forgé en son temps par Hokusai) a une acception très large, puisqu'il désigne à la fois la bande dessinée, le dessin d'humour et les films d'animation. Si les premiers journaux illustrés pour enfants y sont apparus au début du XXe siècle, c'est véritablement après la Seconde Guerre mondiale, et sous l'impulsion d'un créateur hors norme, Osamu Tezuka, que le Japon développe sa production de bandes dessinées, jusqu'à devenir le pays au monde qui en publie et en consomme le plus, loin devant les États-Unis et l'Europe. Le titre leader est un hebdomadaire pour garçons édité par Shueisha, Shukan Shonen Jump, qui fut lancé en 1968 et tire aujourd'hui à près de 6,5 millions d'exemplaires ! Les séries à succès lancées dans les hebdomadaires (telles que Dragon Ball d'Akira Toriyama ou plus récemment Slam Dunk de Takehiko Inoue, toutes deux issues de Jump ), où elles se prolongent pendant des années jusqu'à totaliser des milliers de pages, sont commercialisées aussi sous forme de recueils et, presque aussitôt, adaptées en dessins animés pour la télévision. L'ensemble représente une industrie culturelle au chiffre d'affaires colossal et obéit à des critères de production plus industriels qu'artistiques. Un dessinateur s'entoure généralement de quatre ou cinq assistants pour pouvoir livrer chaque semaine une vingtaine de pages.
La diversité des mangas est beaucoup plus grande qu'on ne le croit généralement. Si les histoires d'amour, de science-fiction, de gangsters (qu'on appelle des yakuzas ) et les récits sportifs se taillent la part du lion, il y a des mangas historiques et d'autres qui relatent la vie des salariés dans les entreprises modernes, des mangas didactiques et des mangas animaliers, bref, une gamme extrêmement large de thèmes et de styles, propre à satisfaire les lecteurs des deux sexes et de tous âges.
A la conquête du marché occidental
Les mangas nippons s'exportaient déjà massivement en Corée, à Taiwan, à Hong Kong et dans les pays du Sud-Est asiatique, où ils suscitent d'ailleurs de plus en plus de contrefaçons. Ils ont effectué une percée aux États-Unis dans la seconde moitié des années 1980 - deux éditeurs, Dark Horse et Viz Comics, se partagent à présent le marché américain du manga -, mais le déferlement sur le marché européen a eu lieu au début des années 1990. Il a été particulièrement agressif en Espagne et en Italie, étouffant une partie de la création originale de ces deux pays pourtant riches d'une longue tradition de bande dessinée. La France a résisté un peu plus longtemps et paraît moins menacée, grâce à la vitalité remarquable de sa propre création.
Cependant, elle est, avec la Belgique et plus récemment l'Allemagne, l'un des seuls pays à avoir privilégié, comme support de la bande dessinée, l'album cartonné en couleurs. Or, ces dernières années, les albums sont devenus de plus en plus luxueux et coûteux, tandis qu'une part croissante de la production s'adressait aux seuls adultes. Le côté désormais élitaire de l'album de B.D. «à la française» et le manque de renouvellement de la bande dessinée enfantine ne sont certainement pas des facteurs étrangers au succès rapide qu'ont rencontré les mangas dans l'Hexagone. Ne s'agit-il pas de recueils souples, en noir et blanc, bon marché, et visant une clientèle très jeune ?
Les rares éléments dont on dispose sur la sociologie des mangamaniaques (âgés de huit à vingt-cinq ans, et majoritairement masculins) tendent pourtant à montrer que ces lecteurs n'ont pas délaissé la bande dessinée franco-belge au profit de la japonaise. En fait, la plupart d'entre eux ne sont pas des consommateurs de livres, pas même de B.D.; leur culture est essentiellement musicale et audiovisuelle.
Précisément, en France comme ailleurs, l'arrivée des mangas avait été préparée de longue date par la diffusion des séries animées japonaises à la télévision. Une attente inconsciente s'était ainsi développée; l'accueil réservé aujourd'hui aux mangas imprimés s'explique en partie par le plaisir de retrouvailles avec certains héros déjà familiers et, plus largement, avec un imaginaire qui a dès longtemps pris possession des jeunes téléspectateurs. Si la «japanimation» (comme l'appellent les initiés) se fait désormais moins insistante sur les écrans français, les boutiques spécialisées proposent aujourd'hui, en plus des bandes dessinées, des dessins animés réalisés spécialement pour le marché de la vidéo et qui n'ont donc jamais connu de diffusion télévisée (les productions Disney se sont depuis peu lancées à leur tour dans la production de films de cette sorte, baptisés O.A.V. pour original animation video ). Des disques compacts reprennent les bandes originales des séries télévisées et des longs-métrages d'animation, et, si le fan n'est pas encore rassasié, il peut encore acquérir des jeux vidéos et des goods - produits de merchandising - en grand nombre : posters, jeux de cartes, figurines, produits de papeterie, etc.
Enfin, les mangas commencent à étendre leur empire à d'autres disciplines. Le réalisateur français Christophe Gans (ancien rédacteur en chef de Starfix ) a signé la version cinématographique de la B.D. à succès Crying Freeman, sortie sur les écrans en avril 1996, tandis que la compagnie théâtrale bordelaise Ouvre le chien prépare la création d'un spectacle intitulé Lolicom, nourri des fantasmes japonais tels qu'ils s'expriment dans les mangas. Les héroïnes en seront trois écolières de Tokyo.
Un marché en pleine expansion
«Les mangas font la fortune de Jacques Glénat.» C'est un article du Monde qui l'affirmait le 26 janvier 1996. De fait, Glénat fut le premier éditeur français à flairer les potentialités commerciales du manga, et c'est en fanfare qu'en mars 1990 il lança Akira sous la forme d'un magazine mensuel de 68 pages, tiré à 120 000 exemplaires. Malgré un accueil mitigé, il persévéra jusqu'au numéro 33, mais se mit à éditer parallèlement la série sous forme de gros albums de 180 pages, qui se succédèrent à un rythme accéléré en 1991-1992. Grâce à l'effet Akira, Glénat prit une sérieuse option sur le marché français du manga, où il renforça sa place de leader en multipliant les titres, surtout à partir de 1994. Depuis juillet 1994, il publie Kaméha, un mensuel de 192 pages, où la prépublication de séries telles que Crying Freeman ou Appleseed est assortie de quelques articles pour les fans. Les mangas représentent désormais le quart du chiffre d'affaires de cet éditeur grenoblois (environ 6 millions d'exemplaires vendus à ce jour), qui continue par ailleurs à publier des albums de B.D. traditionnels.
D'autres éditeurs se sont convertis au manga. Les uns sont des éditeurs de bande dessinée traditionnelle, qui ont créé une collection spécialisée : ainsi Casterman, Delcourt, Albin Michel ou J'ai lu. D'autres ont le manga pour spécialité exclusive, et se nomment Tonkam ou Samouraï.
Tonkam présente le profil le plus intéressant. Cette librairie parisienne, ouverte en 1985, commence à s'intéresser aux mangas en 1990. Le gérant, Dominique Veret, les importe d'abord en traductions américaines, mais, dès 1991 (l'année où le Salon international de la bande dessinée d'Angoulême, pour sa dix-huitième édition, fait du Japon son invité d'honneur), il se fait livrer directement les éditions originales. Exploitant désormais deux magasins, Tonkam s'est entièrement converti aux mangas sous toutes leurs formes, mais aussi aux autres produits de la culture asiatique : animation, jeux, rock, érotisme, revues spécialisées, etc. Cette diversification se retrouve au sommaire de Tsunami, trimestriel d'actualité (vendu à 4 000 exemplaires) que Dominique Veret publie depuis 1992. En 1994, enfin, il se lance dans la traduction de mangas, en commençant par Video Girl Aï de Katsura, déjà best-seller à Paris dans la version japonaise; suivront d'autres séries, par Masamune Shirow (Dominion ), U-Jin (Angel ) ou encore Clamp (RG Veda ), ainsi que des bandes dessinées de Hong Kong et de Corée. Tonkam est aussi devenu la première société de distribution de mangas en France, avec quelque trois cents points de vente (moitié librairies spécialisées, moitié magasins de jeux vidéo) approvisionnés.
Les éléments d'une controverse
Les mangas ont mauvaise presse en France, quand ils ne sont pas diabolisés. Il y a deux raisons principales à cette hostilité : l'absence de repères, chez les prescripteurs culturels (parents, éducateurs, journalistes), face à un domaine qui est terra incognita et dont, il est vrai, l'irruption si soudaine sur la scène culturelle française est en soi déconcertante; et des préjugés (fondés sur la vision superficielle de quelques dessins animés) réduisant l'ensemble des mangas à un cocktail de sexe et de violence, habillé de dessins à la laideur agressive. Deux raisons qui peuvent finalement être ramenées à une seule : l'ignorance. S'y ajoute probablement une dose implicite de xénophobie, une méfiance instinctive envers une culture venue de l'étranger.
Le ministère de l'Intérieur a pris en 1996 plusieurs arrêtés interdisant des mangas en version française (notamment Angel de U-Jin) à la vente ou à l'affichage. La loi du 16 juillet 1949, utilisée pour la circonstance, n'a jamais cessé, depuis près d'un demi-siècle, d'être utilisée à des fins protectionnistes, pour freiner la concurrence faite aux dessinateurs français par leurs collègues américains, belges ou italiens. L'ennemi serait-il aujourd'hui japonais ? Une loi «sur les publications destinées à la jeunesse» se trouve en tout cas appliquée abusivement à des titres explicitement «réservés aux adultes».
La perception qu'avait le public français du cinéma d'animation japonais a évolué favorablement avec la sortie, à quelques mois d'intervalle, de deux chefs-d'?uvre : Porco Rosso de Hayao Miyazaki puis Le Tombeau des lucioles d'Isao Takahata. La presse a aussi dû reconnaître que Le Roi Lion issu des Studios Disney devait l'essentiel de ses personnages et de son intrigue au Roi Léo (Jungle Tatei) d'Osamu Tezuka.
Il est à souhaiter que les bandes dessinées soient à leur tour réévaluées, ou plus exactement que les qualités des meilleures soient reconnues. Sans doute, nombreuses sont les séries dont les scénarios sont étirés à l'extrême et se contentent d'accumuler paresseusement des «morceaux de bravoure» répétitifs. Le graphisme est souvent stéréotypé, usant et abusant d'effets spéciaux lassants. Les détracteurs des mangas devraient pourtant découvrir l'humour d'une série aussi fraîche et inventive que Dr. Slump d'Akira Toriyama; la lecture d'Ikkyu par Hisashi Sakaguchi (l'histoire d'un fils bâtard de l'empereur qui s'initie à la vie monacale) leur permettrait de retrouver toute la poésie et la sagesse du Japon traditionnel ; L'Homme qui marche, de Jiro Taniguchi, célébration de la vie contemplative, et Gon de Masashi Tanaka, mise en scène sans complaisance des lois du règne animal, devraient achever de les convaincre que le manga n'est pas toujours synonyme de médiocrité.
La sélection des titres proposés au public français va en s'élargissant et en se diversifiant, et c'est tant mieux. Après avoir privilégié les traductions de très jeunes auteurs, supposés plus «en phase» avec les attentes de notre propre jeunesse, les éditeurs commencent à s'intéresser à des ?uvres plus personnelles et plus accomplies.
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