(L'univers de QueST vu par lui-même)
Eh oui, vous avez bien lu : c'est effectivement la dernière partie de
cette série de textes (assez bizarres je le reconnais) ! J'avoue que je ne
savais plus trop quoi y mettre dedans sans tomber dans l'égocentrisme le plus
évident... Donc, pour finir en beauté, je vous livre ici l'interview de
Megastep pour un canard dont je ne me souviens plus le nom... Cela doit dater
de 1994 je pense...
Depuis, pas mal d'eau a coulé sous les ponts : le jeu n'a jamais été fait
sur PC mais est déposé (on ne tient pas à se faire piquer notre idée !);
en allant à Sophia Antipolis, j'ai retrouvé ce cher Megastep qui m'explique
UNIX/LINUX sur PC... Bref, la "dream team" pourra peut être revoir le jour...
Je tiens pour finir à préciser que mes célèbres NDMM ("Note De Moi-Même"
pour ceux qui ont pris le métro en route 8-) ne sont evidemment pas
d'origine : je viens en effet de les rajouter pour égayer ce texte ;-) de
quelques commentaires pertinents ;-)
Voilà ! Bonne lecture à tous !
Interview de MEGASTeP (Propos recueillis par Ultiman)
Le Reporter : Megastep, présente-toi aux lecteurs du Reporter.
MegasteP : Je m'appelle Stéphane Peter, et je fais partie du groupe
KrySTal Dreams. Nous faisons actuellement un jeu sur Atari ST et PC. Je suis
en IUT d'Informatique à Lyon, j'ai 18 ans, les autres membres du groupe
font autre chose : le graphiste (Laurent, alias IGOR, 18 ans), est en
fac de biologie, et le dernier (Cédric, alias QueST, 17 ans) en Terminale
ES. (NDMM : alors ce texte date de... 1995 !)
Le Reporter : Comment en es-tu venu à l'informatique ?
MegasteP : Eh bien, ces petites bébêtes (les ordinateurs) m'ont toujours
fasciné... Je me souviens qu'à l'âge de 8 ans, mon père avait acheté un
bouquin sur l'informatique, et je l'avais tout lu. Il y avait une MINUSCULE
initiation au Basic. A la suite de quoi j'ai écrit mon premier programme
sur papier (ET SANS ORDINATEUR). C'était un truc bidon du style INPUT
"Bonjour qui es-tu" :PRINT "Au revoir". (NDMM : c'est tout ce que je sais
faire en programmation... Bouh, j'ai honte ! :-) Ensuite je me suis mis au
club d'informatique au collège, pendant un an, et j'ai eu mon premier micro :
un Atari 520 STf.
Je me souviens que des fois je prenais des programmes dans des bouquins,
que je recopiais sur papier et que j'essayais de faire fonctionner sur les
ordinateurs des magasins... En général ça ne marchait pas. Bref, ensuite
j'ai eu mon Atari, et la première chose que j'ai faite a été de charger le
Basic donné avec pour recopier les programmes que j'avais pris à la
bibliothèque (ce qui ne m'a pas empêché de jouer avec aussi !) (NDMM : bienvenu
au club !).
Un jour, je suis allé dans un magasin (bien entendu au rayon
informatique), et le vendeur semblait éprouver des problèmes. Il faut dire
que c'était une grande surface (NDMM : ça, faut dire que c'est pas toujours
des doués ! Tiens, je vais me faire des nouveaux amis moi :-)... Il s'étonnait
que je sois arrivé à faire démarrer un jeu sur CPC (NDMM : il était
effectivement pas doué celui-là... Il était même très mauvais... Une sorte
de valeur étalon de la nullité ;-). A la suite de quoi il m'a proposé de
l'aider à tester d'autres jeux, y compris sur ST. Je n'ai jamais compris
l'utilité de la chose, mais je passais pour un petit génie. (NDMM : moi
aussi cela m'ait arrivé ! Mais pas en informatique... Moi, c'était pour
éclater les mouches avec un élastique... Chacun son domaine de prédilection ;-)
Ensuite je me suis mis à faire des projets de jeux sur ST (NDMM : pareil que
Miguel ! Re-bienvenu au Club!). J'ai acheté ST MAG tous les mois pendant
longtemps (et je l'achète encore aujourd'hui). C'était un magazine très
complet, bourré d'initiations que je dévorais. J'ai rapidement appris le
GfA Basic, et même des notions de 68000. Puis je me suis acheté le STOS,
un Basic pour faire des jeux. Avec mon voisin qui s'occupait des graphismes, on
a commencé un projet de jeu qui se passait pendant la deuxième guerre
mondiale, projet vite enterré... Puis nous avons à peine entamé un projet
d'adaptation des "Chevaliers du Zodiaque", toujours en STOS. Trop dur
pour nous, nous n'étions que des gamins, et les autres ne faisaient rien !
Les graphismes étaient nuls...
Puis nous avons commencé un scénario de jeu de rôle. Mais nous en sommes
restés là, malgré un début de programmation en GfA cette fois, beaucoup plus
agréable à programmer mais comme d'habitude il n'y avait que moi qui
travaillais. A l'époque j'étais en seconde.
Et puis mon voisin m'a lâché en prétextant que nous n'avions aucune
chance, mais je n'ai pas abandonné (NDMM : perseverare diabolicum !). En
classe j'ai déniché un copain assez bon graphiste, et depuis il est (NDMM
: était) mon graphiste attitré. Mais j'ai abandonné l'idée du JdR qui me
semblait trop vaste et trop classique.
J'ai cherché pendant longtemps une idée de jeu réellement nouvelle...
et finalement j'ai eu l'IDEE. Exactement le genre de jeu que je cherchais :
innovant, original et intéressant. Le première ébauche de MICRO BUILDER était
née ! J'ai tout de suite écrit un scénario de 20 pages.
Le Reporter : Peux-tu nous expliquer le principe de ce jeu ?
MegasteP : En résumé, c'est un jeu de simulation à la "Sim City" dans lequel
tu es à la tête d'une compagnie informatique. Tu fabriques tes bécanes,
tes softs, tu fais des équipes, des salons, etc... De façon très réaliste
et intéressante. C'était il y a 2 ans et demi environ... Mais là on y est allé
sérieusement. Laurent (le graphiste) a travaillé dur et j'étais très motivé.
Bref nous avons vraiment avancé et je me suis beaucoup investi dans le
projet (nous étions encore en seconde). Programmation en GfA, Laurent
dessinait sur ST ce que je lui disais et il s'améliorait... Petit à
petit le soft a pris forme.
De plus, j'ai la chance d'habiter à Lyon. Or à Lyon se trouve Infogrames,
chez qui je connais quelqu'un. Je lui ai montré notre soft à ses tous
débuts, et il a aimé l'idée, ce qui nous a d'autant plus motivé ! Bref,
tout allait bien. Nous étions deux à travailler dessus et petit à petit çà
avançait. Nous gardions jalousement notre projet secret, pour éviter que
l'on ne nous pique l'idée (que j'ai déposée depuis).
Mais COUP DE THEATRE, mon pôte d'Infogrames nous dit qu'il a reçu un projet
de soft similaire au nôtre (un simple scénario). Et là j'ai eu les boules de
me faire dépasser. Bref, j'ai jeté un coup d'oeil sur le projet concurrent et
j'ai relevé son adresse. A la suite de quoi je lui ai écrit pour lui
demander un complément d'information (j'ai hésité un moment à rajouter une
bombe) (NDMM : je reconnais bien là ton côté sadique :-). Et voyant que
son projet était 100% papier et que de plus il avait eu des idées
intéressantes (NDMM : ben tiens !), et qu'il avait lui aussi un Atari
(coïncidence !) (NDMM : les grands esprits se rencontrent !), je lui ai
proposé de se joindre à nous... Ce qu'il a fait immédiatement (NDMM : moi
aussi je voulais ma part du gateau ! 8-) !!
Le Reporter : Et ils se marièrent et eurent beaucoup de petits jeux...
MegasteP : D'ailleurs son soutien nous fut assez utile... Quand le jeu
devint assez jouable, il devint testeur. Mais son projet était BEAUCOUP trop
complexe, et j'ai dû épurer. Avec lui, le jeu n'aurait pas tenu sur un
CD-ROM, avec le seul code exécutable :-). Sans oublier ses rapports de bugs.
Bref, au bout d'un moment il eut tôt fait de dépasser Laurent en termes
de somme de travail. Il a fait un travail gigantesque (NDMM : merci, merci,
mais mes chevilles enflent... ;-), même s'il ne correspondait pas toujours à
l'esprit du jeu... avec lui c'était surtout la simulation commerciale
pure et dure avec tableaux et graphes de partout. (NDMM : on est pas là
pour faire un jeu de Monopoly : l'économie et le commerce ne supportent pas
la médiocrité ! Et puis, j'aime bien savoir pourquoi je gagne et / ou
pourquoi je perds à un jeu). Nous étions alors trois sur le jeu qui mijotait
déjà depuis pas mal de temps.
C'est pourquoi nous nous sommes regroupés sous l'appelation KrySTal
Dreams, que j'ai trouvée dans un coup de tête. En fait çà ne veut rien dire,
mais ça fait un peu demomaker sur les bords, même si je n'ai jamais touché
au monde de la démo. À moi seul, j'assumais les fonctions de programmeur,
scénariste, musicien et je coordonnais les actions des deux autres du
mieux que je pouvais... Mais avec les études en plus, çà faisait beaucoup. Ce
qui faisait que je travaillais surtout pendant les vacances, toujours en
GfA sur STe. Finalement notre soft devenait de plus en plus complet, et un
jour en regardant "Micro Kid's" à la télé j'ai vu la promotion du concours "Soft
Qui Peut".
Le Reporter : Parle-nous de ce concours...
MegasteP : A partir de ce moment on a mis le paquet pour pouvoir montrer le
maximum sur notre stand. Et finalement j'y suis allé avec Laurent (Cédric,
le troisième, ne vint pas car il habite vers Avignon, et nous à Lyon).
(NDMM : sans oublier que je passais aussi le Bac de Français... Mais bon,
c'était marginal ;-) Le matériel n'étant pas fourni, j'ai dû apporter mon
matos dans le train (moniteur, ST, disque dur). Une fois arrivé on nous a
donné notre stand et... il n'y avait pas de prise multiple ! Impossible de
brancher l'ordinateur ! Finalement nous sommes arrivés à en dénicher
une, après avoir galéré. C'était désagréable car la veille je n'avais pas
eu le temps de compiler le soft, et le pire c'est qu'il ne marchait PAS !
(NDMM : Murphy est parmi nous !)
Bref les boules quoi... Nous avions quelques heures pour éliminer un bug qui
faisait tout planter, et chaque compilation prenait 15 minutes ! Finalement,
j'ai laissé tomber, en espérant que le lendemain à l'ouverture du
festival j'aurais le temps de l'éradiquer. Et ô miracle d'un seul coup
le soft s'arrêta de planter ! Ce fut d'autant plus étonnant que par la suite
il ne planta qu'une ou deux fois pendant les deux jours qu'il nous resta,
un vrai miracle !
Donc nous pûmes le présenter dans de bonnes conditions au jury, malgré la
pauvreté de notre stand (je n'avais prévu aucune décoration alors que
beaucoup d'autres oui). Et la remise des prix arriva, présidée par
Jean-Michel Blottière - très belle remise des prix du reste. Nous avions fait
le tour des stands, et franchement il y avait assez peu de jeux et je
savais que le notre serait retenu par le jury, car plus "intelligent". Le jury
était surtout composé d'enseignants, de professionnels, etc. Donc le jeu leur
a plu, et ils nous ont donné le prix du meilleur jeu, sans aucune surprise.
Nous nous sommes ensuite fait interviewer par Jean-Michel Blottière, devant
environ 1000 personnes. Nous nous sommes même fait acclamer par le public
atariste (ce qui n'était pas le cas des PCistes, arf !).
Ce qui nous a nettement plus surpris, c'est le grand prix du jury, la
récompense suprême... Je ne m'y attendais pas du tout ! En fait, après, ils
nous ont dit que tous ceux qui avaient vu notre soft l'avaient adoré ! Ils
avaient tout aimé, de la programmation aux graphismes, sans oublier
l'aspect éducatif et le scénario. Bref c'était la gloire... (NDMM : sans
oublier le pognon, les femmes, l'alcool, la luxure... Oups ! je m'égare
là... ;-) S'en suivirent quelques articles dans les journaux, des contacts
avec des éditeurs, etc. C'est à partir de ce moment-là que nous avons vu la
nécessité de convertir le jeu sur PC (nous étions tous 100% Atari). J'avais
déjà comme projet de réécrire le soft en C, mieux adapté et moins buggé que le
GfA. En effet, tous les éditeurs nous ont dit que le soft leur plaisait, mais
qu'ils le voulaient sur PC. J'ai alors fait l'acquisition d'un Pentium pour
programmer en juillet dernier. Le conversion du soft en C++ et ASM vient
juste de commencer (je me suis initié à la programmation sur PC pendant
les vacances). (NDMM : je vous avais dit qu'il était pas clair ;-) il a un
fond sadomasochiste assez prononcé... 8-)
Sur PC le jeu sera en Super-VGA, 640x480x256 couleurs. Je suis en train
d'écrire les routines et je réécrirai le moteur graphique. Laurent a acheté
un Falcon, ce qui lui permet de faire des graphismes Super-VGA pour la
version PC. Je compte bien ensuite faire une version Falcon. Mais bon, il y a
du boulot, car je dois pour ainsi dire tout réécrire, et ça pesait déjà 16000
lignes de GfA. En plus, les PC sont souvent aberrants pour programmer... Par
exemple le mode SVGA est excellent, et pourtant ils ont trouvé le moyen de le
gâcher en obligeant le programmeur à adresser la RAM vidéo via une toute
petite fenêtre de 64Ko. (NDMM : la perfection n'est pas ce monde...)
Le Reporter : Merci... Sur un autre sujet, que penses-tu du shareware ?
As-tu déjà pratiqué ce mode de diffusion ?
MegasteP : Oui, je l'ai déjà pratiqué. Je trouve que ce système est une
bonne idée, mais en France je ne crois pas que beaucoup se fassent
enregistrer. J'ai écit un programme sur ST que j'ai mis dans le Shareware,
et ben j'ai jamais rien reçu ! C'était un programme d'interfaçage
STe-Calculatrice Casio, assez original. Il faut dire que je n'en ai pas
fait une pub immense, et la version qui est diffusée n'était pas
limitée... Ce qui n'encourage pas à s'enregistrer. J'ai depuis fait une
version qui se débride par un mot de passe, mais je ne l'ai jamais diffusée
car je n'ai plus de Casio, donc je ne peux plus tester le programme,
c'est nul... (NDMM : si vous êtes intéressés par ce logiciel, je l'ai
toujours ! En cas, dites le et je le mettrai avec le prochain ToXiC-MaG !
Mais il n'est plus supporté depuis les lustres)
Le Reporter : Pour terminer, as-tu un message à faire passer aux lecteurs du
Reporter ?
MegasteP : Bien, je dirais qu'il n'y a ni mauvaise ni bonne machine,
seulement des machines sur lesquelles on s'éclate... Je dis çà aux
extrémistes qui disent "mon mien il est mieux que ton tien". L'essentiel c'est
de faire ce qui nous plaît sur nos bécanes, quelles qu'elles soient.
Le Reporter : Merci Megastep.
Voilà, j'espère que vous avez apprécié ce texte fort instructif (si, si !).
Quoi qu'il en soit, merci à Megastep pour tout et vivement le retour en force
de KrySTal Dreams !