Amiga : hier, aujourd'hui, demain

L'Amiga passera-t-il l'an 2000 ?



Par Olivier Croquette
ocroquette@nordnet.fr



Techniquement, oui... Mais l'Amiga subit depuis plusieurs années de multiples rebondissements, dignes des feuilletons série B de cet été. Difficile pour celui qui ne suit pas au jour ces mésaventures de savoir où l'on est et où l'on va. Le point sur la situation...


Epanouissement, apogée et déclin.


Avant de disparaître de l'esprit du grand public, l'Amiga a fait du chemin.

Rappelons-nous :

L'aventure Amiga commence en 1985, année de sortie du premier Amiga en tant que tel : l'Amiga 1000. Celui-ci est caractérisé par son processeur Motorola 68000, ainsi que ses divers co-processeurs. Malgré son prix (env. 15.000F), le succès est au rendez-vous. L'Amiga appartient alors à Commodore.

Les nouveaux modèles se succèdent :
- les 'grand public' : A500 (1987), A600 (1991), A1200 (1992),
- mais aussi : A3000 (1990), A4000 (1992), A2000, plus réservés à un usage poussé ou professionel.

Malheureusement, la marque, en avance avec l'A1000 et l'A500, s'essouffle pour cause de manques d'investissements (publicitaires et technologiques). La gestion commerciale de la marque est catastophique et le résultat ne tarde pas : en 1994, Amiga fait faillite.


Espoirs et déceptions.


En 1995, la société Allemande ESCOM (qui assemble alors des PC) rachète la marque. Un an plus tard, l'entreprise a des difficultés financières. De toute évidence, ESCOM n'avait de toute façon pas de stratégie à long terme pour l'Amiga. Le seul souvenir de ce rachat fugace fut la reprise de la fabrication des A1200, qui n'avait évidemment aucun interêt à cette époque et était une erreur grossière. Il suffisait de comparer le 68020 à 14 Mhz qui équipe l'A1200 aux processeurs des PC de l'époque, ou même aux processeurs qui équipaient alors les A1200 déjà en service souvent accélerés (020 à 28 Mhz, 030 à 50 Mhz...).

L'Amiga est à nouveau racheté en 1997 par Gateway2000, qui crée la surprise. Cependant, peu de choses filtrent sur les intentions de celui-ci. Les nouvelles ne commencent à arriver que fin 1998. Comme d'habitude, l'avenir semble merveilleux. On commence à parler de Transmeta (un chip surpuissant et très secret), de QNX (un Unix léger, compact et disposant de capacité étonnantes), mais après quelques mois, changement de cap d'Amiga. Le futur sera dans Linux. Oui, un nouvel ordinateur surpuissant doté d'un noyau Linux. Fin Août 1999, on apprend finalement que rien de tout cela ne se fera.


Entre la marque et les utilisateurs : un fossé.


Que sont devenus les Amigaïstes dans tout cela ? La communauté a été très touchée de toutes ces déceptions, ces mensonges, ces fausses promesses. Certains ont, bien sûr, quitté le navire. Il est vrai que les chocs ont été nombreux, et certains ont perdu l'espoir, ce qui est compréhensible. Rien n'était en leur pouvoir pour tenter de sauver l'objet de leur passion qui coulait chaque jour d'avantage dans leur esprit. Ceux-là n'ont donc plus eu le courage ou l'envie de continuer.

D'autres au contraire ont continué à supporter leur ordinateur, en créant davantage pour le faire vivre. En effet, après le départ de nombreux acheteurs potentiels, les éditeurs hésitent à développer sur Amiga. On a assisté à des départs, mais heureusement aussi à quelques arrivées sur le marché du logiciel commercial. Mais le mouvement salvateur est celui du logiciel freeware ou shareware. Le site Aminet contient en effet des quantités incroyables de programmes, documents, etc. crées par les Amigaïstes, et sans cesse renouvelés. Du côté matériel, il faut aussi parler de l'allemand Phase5, qui crée et vend depuis de nombreuses années les cartes accélératrices qui tournent aujourd'hui au coeur de pratiquement tous les Amiga : les possesseurs d'A1200, A2000, A3000 et A4000 ont pu profiter d'un vaste choix de cartes : 030, 040, jusqu'au 060 à 66 Mhz. Puis, à partir de 1997, sont apparues les cartes PowerPPC. Celles-ci intègrent deux processeurs : un 040 ou un 060, ainsi qu'un PPC : 603e pour l'A1200 et 604e pour l'Amiga 4000, cadencés jusqu'à 240 Mhz. Une véritable cure de jouvence pour ceux qui ont besoin de puissance CPU ! Bien sûr, il y a aussi eu l'arrivée de nouvelles cartes graphiques, 3D, ainsi que de nombreux autres matériels.

Mais, en fait, un nouvel état d'esprit anime les Amigaïstes, peut-être dû au fait que seuls les passionés sont restés. Dégoûtés par la montée incessante du côté PC, la plupart sont arrivés à un Amiga qui convient à leur besoin. La véritable motivation est d'évoluer tout en restant dans l'esprit Amiga.


Le futur.


L'esprit Amiga, un sentiment que connaissent bien les Amigaïstes, mais qu'ils ont du mal définir. Peut-être est-ce la solidarité, les caractéristiques de l'OS, ou bien simplement l'attachement à une machine sur lesquelles ils ont découvert l'informatique. Difficile dans ces conditions de faire évoluer la machine ou l'OS en mettant tout le monde d'accord, surtout sans maison mère.

Beaucoup aiment la solution du passage au PowerPC complet, c'est-à-dire des nouveaux Amigas, les premiers, qui n'auront plus de 68k. Ce serait suivre le même chemin qu'Apple. Mais le problème est alors la compatibilité ascendante. Phase5, toujours lui, a annoncé la sortie d'une machine de ce type. Elle permettra l'émulation du 68k, mais donnera aussi la possibilité de passer à QNX, puisque QNX a porté son OS sur PPC à la demande de Gateway qui l'a finallement laissé tombé. D'autres pensent que l'Amiga est résolument 68k, mais on est alors dans une impasse.

Toujours est-t-il que tous les Amigaïstes pensent à l'avenir, mais peu semblent envisager l'abandon de leur machine à court terme. L'Amiga est donc encore présent longtemps, n'en déplaise aux ataristes :)



Olivier Croquette
ocroquette@nordnet.fr




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