Laissez moi vous dire, mon être est profondément blessé en sa
qualité de lamer, swapper intergalactique. Au temps héroïque du
esstee. Il y avait à cette époque un honneur et même une éthique.
On mettait la disquette dans le lecteur et là, ô miracle, un
graph, une zik soudchip en général mais on parfois on pouvait
tomber sur un petit bijou en overscan et tracker. On retrouvait
son cracker, son groupe fétiche, on épluchait soigneusement les
greetz et les fucks, au cas ou on serait soi-même immortalisé.
'T'as vu, man ?'
Les intros les plus savoureuses, nous alléchaient en nous
contant les pires protections que le soft possédait, et ajoutait
sournoisement que le code était lui-même "incassable". Ensuite
assez souvent, on pouvait répondre yes, no ou appuyer sur 't'
pour, vous l'avez deviné, le trainer. Ensuite on jouait, parfois
plusieurs jeux compactés (merci ICE, mais il y en a d'autres...)
tenait sur la même disquette. C'était plus que du minable
sous-piratage de débutants, c'était de l'authentique swappage.
Point de "config.merde" et de "auto.bordel" à trifouiller,
c'était beau et simple, c'était de l'amour.
Par exemple, le fait qu'un soft possédait une protection Rob
Northern était signe d'un millésime alléchant en matière d'intro,
seul les seigneurs du crack pouvait casser une telle protection.
A ce propos, pourquoi pas dans la rubrique post-mortem une
anthologie sur les protections, sur Rob Northen, sur les astuces
de cheat de l'époque révolue ? (il s'entend)
Vous l'aurez compris, j'ai une approche simple (mais pas
simpliste) de l'informatique de loisirs, il y avait quand même un
point noir sur esstee c'était ce foutu port joystick, si on
branchait un deuxième joystick à la place de la souris, c'était
la croix, la bannière, et au bout d'un moment, faux contacts et
tutti-quanti. Le swapping illégal (crûment le piratage) de cet
acabit n'a pas, je pense, tué l'Atari, combien de daubes risibles
ont été baclées alors qu'ils étaient des chefs-d'oeuvres sur
Miga. Par exemple Gremlin, qui a ignoré le Ste et se contentait
de porter le code dans la série Lotus, résultat : soundchips
épouvantables et graphismes baclés. Je me souviens d'une horreur,
de Final Fight ou quelque chose comme ça, on y lisait ste
hardware gna,gna,gna... Blitter gna,gna,gna ... et on avait un
scrolling saccadé et clignotant sur un tiers de l'écran quand on
atteignait le bord du tableau ! Pour des cochonneries pareils, le
piratage n'est pas un crime, et combien de gamins se sont apercus
que le soft à la super pochette, à la super critique dans Flip ou
D(generation)4 n'était qu'une daube ?
Mais il y en a où la réponse se doit d'être plus sévère. Je
pense que des éditeurs comme Thalion, Unique Developpement
Sweden, Lankhor se sont désinterressés du St à cause du piratage
en phase terminale. C'est dommage car ils ont créé techniquement
et au niveau gameplay, les plux beaux jeux.
Ce qui a achevé notre machine finalement, c'est la médiocre
qualité des derniers softs, hâtivement sortis, non testé aprés le
portage, c'était une insulte à la communauté. Je me souviens de
Campaign : deux bombes à la sauvegarde et une disquette foireuse
de mes deux, ou la dernière simulation de microprose pourtant
bien côtée bourrée de plantages et de générations aléatoires de
bombinettes. Les intros des crackers eux aussi étaient gloomy,
peu de greetz, encore moins de fuck.
Eh maintenant ? Je ne peux guère en juger, l'actualité de la
scène Atari m'est assez distante. Le seul point positif est
désormais que la communauté Atari code pour elle, et qu'elle
s'autosupporte. Par exemple, je crois que c'est criminel de
pirater les derniers softs qui sortent, si vous avez réellement
besoin faîtes un effort, une license ou enregistrement est
souvent modique, et ma foi vous ne me ferez pas croire que celà
vous est utile d'avoir Cubase, Apex Neon sans doc, sans support.
Si vous voulez swappez passez sur Pc et rester coder, tracker,
sampler sur nos bécanes.
C'est donc sur Pc, que je poursuis mon (in)activité de lamer,
n'étant pas informaticien je croyais que celà serait aussi
agréable que de passer de mon CpC au St, GREUH ! Je n'ai pas fini
de pousser des coups de sang. Essayant de reprendre ses bonnes
habitudes, je swappe donc, et là lors de mes débuts, ça
commencait par une douzaine disquettes d'installation, puis une
installation complète de CD-ROM. Jusque là, quasiment pas
d'intro, sauf si l'on excepte le "file_id.diz" indiquant le
serveur ou le bbs d'origine. Les cracks se généralisèrent et les
archives à décompresser apparurent, avec quelques noms de groupes.
Ou sont les intros d'antan, des groupes mythiques ? La seule
création, la seule trangression pour les lamers, est de remplacer
un .EXE par un autre, de double-cliquer sur un .REG (des entrées
pour la bases de registres de ... Hum !) voire, et c'est pire,
nous, lamer, modifier soi-même un chemin dans un .INI. Lamer (et
non les lamerz) réveille-toi, ils sont devenus fous ! Si
l'entropie a anéanti les Replicants, Axe, les Pompey pirates,
Fuzion, voir mon gourou iniatique Astor (esprit es-tu là ?),
comment espérer que la moindre chose sacrée soit respectée et
perdure ? Honnêtement, ça permet au moins de bench-marker sa
P(etite) C(rotte). Tenez, ma config est un P150 tournant à 133
(paraît que c'est mieux, histoire de fréquence du bus),
j'installe Quake2, qui est zoli, zoli sur le K6 250 et ô
surprise, la résolution la plus faible et la plus abordable m'est
interdite. Ce connard de jeu demande une fréquence de balayage
trop élevée pour mon moniteur en 320*200, mon fidèle moniteur qui
marche d'ailleurs toujours bien. Pour avoir une fréquence de
balayage compatible je dois monter en résolution (en l'occurence
512*400), évidemment j'obtiens une, voire deux les jours de grand
vent, images par secondes. C'est le symbole de l'en*bip*ade du
gamer, tu vas cracher ton blé pour updater connard ? Tu dois y
passer !
La solution ??? Boycot de ces merdes, et découvertes de
l'underground (il y en a sur Pc qui développent sous dos ou sous
linux des petits bijoux de fun), consommation sans modération de
Pacifist et surtout entêtons-nous à être alternatif : pas de
W*Word mes couilles, de notepad, vive le Rédacteur x (j'en suis
resté à la 3), vive le wordplus ...
A cette question existentielle : "n'y a-t-il pas d'amour
heureux ?", il appartient à chacun d'y répondre.
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