And now, la liste des films chroniqués :
On célèbre actuellement les cent cinquante ans de l'abolition
de l'esclavage. C'est donc l'occasion pour Steven Spielberg de
faire tourner son nouveau groupe de production : DreamWorks. Une
fois de plus, il utilise les recettes qui ont fait son succès,
mais avec un léger manque d'ambition toutefois.
Un bateau espagnol chargé d'esclaves et de galériens noirs va accoster aux Etats-Unis. A bord du navire, la mutinerie gagne les esclaves. L'équipage étant décimé, ils prennent le contrôle du bateau. Mais il vont vite se faire rattraper par les autorités, particulièrement mécontentes, qui vont avoir à juger de leur sort. De grands massacres s'ensuivent, pour aboutir à des questions entre blancs d'une importance capitale... A la tête des esclaves se trouve Cinque (Djimoun Hounsou), véritable héros unificateur, qui estime la justice des blancs avec une grande sévérité ... mais tellement de justesse.
On retrouve un peu le même schéma emprunté par Spielberg avec la Liste de Schindler. L'Histoire est combattue et jugée avec un point de vue similaire. Avant tout, Amistad est destiné aux américains : pour les tenir en éveil, il a bien fallu instaurer un peu de suspense, d'aventures... Car cet épisode de l'histoire de la civilisation est plutôt méconnu : on ignore souvent les millions de morts parmi ces esclaves. Spielberg a alors tendance à donner trop de pouvoir à un seul homme; derrière Cinque, c'est le destin de toute une population (certains auraient dit race) qui est envisagé. Peut-on vraiment croire à cette prise d'importance d'un seul et unique homme ?
Par contre, le film pose parfois de vrais problèmes, s'appuie sur de vrais axes. Ces noirs ne savent même pas dire d'où ils viennent ou qui ils sont... On retrouve le besoin de communication cher à Spielberg depuis des films comme E.T. D'autre part, la question des races se pose. On revit presque. La controverse de Valladolid, qui devait décider si les "Indiens avaient une âme ou non". C'était au 16ème siècle (et ça a donné un très beau film avec Carmet et Trintignant). Ce film, qui prétend -un peu- commémorer les événements tragiques que nous célébrons actuellement, s'égare trop souvent. Du moins, trop souvent pour constituer un hommage digne de ce nom. Spielberg a tendance à s'embourber dans des allers et retours incessants, dans des discours logorrhéiques et dans son politically correct. S'est-il retenu ? A-t-il privilégié un film grand spectacle plutôt qu'historique ? Peut-être l'attendions-nous trop fermement au tournant, après un Monde Perdu ridicule qui s'imposait en véritable farce.
Autrefois, on protestait du manque de conscience du réalisateur, du gâchis lorsqu'il prenait part à des projets trop lucratifs, trop hollywoodiens. Ici il réalise une bonne prestation sans fioritures excessives. C'est au niveau de la narration que le bas blesse. En faisant incarner le destin de toute une nation à travers un ou deux personnages, il s'est appuyé sur quelques acteurs phares. Djimoun Hounsou, tout d'abord. Assurément, c'est la moins connue de ces stars, mais c'est probablement aussi celle qui en sort le plus indemne. Convaincant, apprêtons-nous à le revoir de sitôt au cinéma ! Quant à Hopkins et Freeman -deux grands noms au générique-, ils semblent jouer leur joker ici. Freeman sort intact de l'aventure : normal, on ne l'a quasiment pas vu. Hopkins est fidèle à lui-même, toujours vindicatif dans son rôle. Il témoigne d'une hargne somme toute réaliste. Finalement, l'histoire ne sera pas éclaircie ou assombrie suite à Amistad. Ce n'est qu'un film. Un de plus.
FICHE SIGNALETIQUE
Titre original : Amistad
Réalisateur : Steven Spielberg
Avec : Djimoun Hounsou, Morgan Freeman, Anthony Hopkins...
Scénario : David Franzoni
Durée : 2 h 35
Ils ressortent le couvert ! Après le succès hors-norme du
premier épisode, nous retrouvons tout naturellement Jacquouille la
fripouille et messire Godefroy de Montmirail... Mais est-ce que ça
ne sentirait pas le réchauffé par hasard ?
Souvenez-vous d'il y a cinq ans. Christian Clavier, Valérie Lemercier, Jean Réno et Jean-Marie Poiré font rire toute la France, dans un film sans trop de prétention... Se basant sur ce succès, le second épisode des Visiteurs sort sur nos écrans. Il bénéficie d'une couverture médiatique encore plus importante; apprêtez-vous à voir Clavier et Poiré partout, aussi bien dans la cuisine des mousquetaires que chez Arthur voire même Lagaf'... C'est ca, les grosses pointures made in France ! On pénètre dans la salle forcément avec des préjugés. L'optique purement lucrative de la production est envisagée, ainsi qu'un scénario bâclé. Car, une fois n'est pas coutume, c'était motus et bouche cousue à ce niveau-là. Personne n'a pu voir le film en avant-première. D'autre part, l'échange entre Lemercier et Robin sans sourciller peut poser des problèmes. Soit. Tout commence par un bref rappel des Visiteurs. On nous montre les scènes classiques et surtout le dénouement de celui-ci. Si vous vous souvenez bien, le Jacquouille contemporain avait pris la place de son ancêtre dans le temps médiéval. Son but est bien entendu de retrouver maintenant sa place à son époque. Mais pour faire intervenir Godefroy dans les échanges temporels (il était pourtant au bon endroit, au bon moment, lui), les scénaristes font intervenir une histoire de bijoux volés puis transportés dans le temps. On l'aura compris : il s'agit là d'une occasion de confronter nos deux héros moyenâgeux à nos boy's bands et postes de télévision...
Qu'il ne doit pas être évident de trouver une suite -un peu- logique au premier volet des Visiteurs ! Les scénaristes s'y sont pourtant appliqués avec soin, en prétextant ce vol de bijoux. Même s'il est un peu loufoque, il fait appel à des scènes déjà diffusées, tirées du film d'il y a cinq ans. Grand bien leur en a pris puisqu'on a l'impression d'être en face d'un bloc plus solide, d'une véritable suite dans la longueur. Par contre, on ne peut pas en dire autant tout le long du film. A force de vouloir coûte que coûte confronter les deux héros aux problèmes actuels, on se perd en longueurs. Ainsi, ils assistent à des banquets entiers de plus de trois-quarts d'heures (en temps 'spectateur' !) quasiment sans intérêt. Puisqu'on se trouve encore au niveau du scénario, on peut signaler le maigre rôle de Muriel Robin; il est bien moindre que celui de Lemercier et elle a tendance -on s'excuse- à passer pour une gourde. N'accusons donc pas uniquement la prestation de Robin : son rôle lui allait déjà si mal.
Christian Clavier semble adorer son rôle "d'homme-orchestre", qui joue au moins quatre rôles. Sa prestation est à la hauteur de nos attentes; il fait pratiquement le film à lui tout seul. Jean Réno paraît bien plus sage, à l'image du personnage qu'il incarne. Il faut dire qu'il doit se cantonner au seul Godefroy de Montmirail (son descendant étant décédé). Au niveau des gags, on retrouve grosso-modo les mêmes que dans le premier opus. La salle toute entière jubile à l'apparition de l'estafette jaune des Postes, avec son chauffeur noir. Ce sont justement ces gags très "tartes à la crème" qui ont fait la force du premier volet. Peut-être sont-ils mieux écrits ici, du moins avec plus d'application.
On attendait vraiment Jean-Marie Poiré au tournant ! C'était à lui de nous prouver que ce deuxième volet n'était pas seulement motivé par l'argent... Il le fait plutôt bien, d'ailleurs, malgré les impardonnables longueurs. Et il glisse un clin d'oeil final à ses spectateurs qui pensent que le dénouement appelle une troisième mouture... La grande question est certainement "est-ce que c'est mieux que les Visiteurs, première version ?". La réponse ne coule pas de source : c'est complémentaire. C'est tout. Bien entendu, l'effet de surprise s'estompe. Mais les personnages restent. Donc, on est content.
FICHE SIGNALETIQUE
Titre original : Les couloirs du temps - les Visiteurs 2
Réalisateur : Jean-Marie Poiré
Avec : Christian Clavier, Jean Réno, Muriel Robin, Marie-Anne Chazel...
Scénario : Christian Clavier et Jean-Marie Poiré
Durée : 2 h 20
On se souvient du premier volet de cette saga, opposant les
forces du bien contre celles du mal dans des combats... hmm...
esthétiques. Les producteurs en ont rajouté une couche et ont
décidé d'ajouter "la destruction finale" au titre. Arf, c'est vrai
que ca change tout.
Ici, on a l'habitude de respecter des traditions. Comme celle de décrire le scénario en premier lieu. Avouons qu'il est parfois difficile de suivre les coutumes! Mais je ne ferai pas d'exception pour cet opus de Mortal Kombat. En gros, il y a les humains et les méchants. Les méchants ne sont donc pas les humains. Faut pas confondre ! Parmi les humains, le politiquement correct a encore frappé; on retrouve ainsi un chinois, un black, une jolie blondasse, et un gros débile mental en guise de mentor. Chez les méchants, on n'est guère mieux loti : les monstres ont soit quatre bras, soit un corps de cheval, soit des maillets géants pour jeter leurs adversaires dans le feu. Mouais. Le scénario ? Les producteurs n'en ont même pas trouvé un. J'en veux pour preuve une des répliques de Sonya Blade : "le principe ? Ben, je sais pas, fais travailler ton imagination !". Ca a au moins le mérite d'être clair. Qu'importe : nous sommes venus pour voir des combats sur fond de musique techno à plus de 160 bpm où les adversaires sautent en l'air en faisant écrouler des temples entiers. Et nous ressortons de la salle déçus. Très déçus.
Finalement, parler du scénario a pris plus de temps que d'habitude. Nous ne sommes pas à un paradoxe près... Aussi, je compte abréger pour la conclusion. Les acteurs sont minables, les combats sont affreux et sans intérêt, la réalisation est vraiment médiocre. Même la musique, pourtant fer de lance du premier opus, ne vaut pas un kopeck. De cet épisode, on ne retiendra qu'une chose: Christophe Lambert a eu l'intelligence de ne pas se montrer partout, même dans les plus grosses cochonneries où il se serait sali. C'est vrai quoi, le sang des victimes ca tache affreusement!
FICHE SIGNALETIQUE
Titre original : Mortal Kombat 2
Réalisateur : John Leonetti
Avec : Robyn Chu, Christophe Lambert...
Scénario : euh... lequel ?
Durée : 1 h 40
Les critiques américains, depuis plusieurs mois, nous disaient
qu'il s'agissait d'un film profondément nazi. Ca nous a fait bien
peur. Mais ca nous a surtout donné envie de voir le dernier film
de Paul Verhoeven...
Nous sommes quelques part dans le futur. La jeunesse sort diplômée des établissements scolaires les plus hi-tech, la télé montre des images patriotes visant à enrôler les citoyens... Les communications par visiophone sont aussi fréquentes que les voyages interstellaires. Bref, c'est le futur ! La seule chose restée intacte par rapport à l'époque contemporaine, c'est l'envie de s'amuser des lycéens. Johnny Rico, Dizzy, Carmen ou Carl sont tous étudiants. Mais ils ne rêvent que d'une chose : faire partie d'une section de l'armée. Pour buter de l'insecte, le dernier ennemi à la mode.
Evidemment, Starship Troopers est à prendre au second degré. Voire même au troisième ! Le casting des jeunes est particulièrement judicieux : on les croirait tout droit sorti d'un boy's band. Les voir étripés, torturés, déchiquetés par des insectes ne peut donc que forcer le sourire... Le film de Verhoeven fourmille de trouvailles. Il est composé à la manière d'un documentaire sur la vie du futur, avec d'incessants "journaux télévisés". Ces derniers sont de vrais petits bijoux, réalisés avec soin. Ils allient patriotisme ("engagez-vous !") et militantisme (interviews de fantassins). Quant à la phase d'entraînement des space-marines, on la croirait issue de Full Metal Jacket, de Stanley Kubrick. On retrouve le côté autoritaire des gradés, la concurrence entre soldats, et la violence demandée. Apprêtez-vous d'ailleurs à fermer les yeux à plusieurs reprises, lors de phases bien gores.
C'est là que les critiques américains se sont trompés : le film est même quasiment antimilitariste. Verhoeven dénonce la violence de la guerre par l'emphase, et l'humour noir. On évite d'ailleurs quelques lieux communs trop fréquents dans les films "de guerre" : le courage des soldats, le sacrifice... Il n'hésite pas à faire périr par centaines de milliers les humains ! Et ça aussi, ça fait partie de la dénonciation. Quant au film en lui-même, il est très correctement réalisé. L'essentiel de la production réside dans les images de synthèse, fabuleuses, constantes.
Grâce à quelques idées excellentes et à une qualité générale bonne, Starship Troopers vous fera passer de bons moments. Ce n'est finalement pas qu'un film gore et bourrin comme trop de gens l'ont écrit !
FICHE SIGNALETIQUE
Titre original : Starship Troopers
Réalisateur : Paul Verhoeven
Avec : Casper Van Dien, Dina Meyer, Denise Richards...
Scénario : Ed Neumeier, d'après le roman de Robert A. Heinlein
Durée : 2 h 15
15 avril 1912. Le paquebot le plus célèbre de l'histoire
plonge dans les profondeurs abyssales, entraînant avec lui
quelques 1500 personnes... Le tragique événement a fait couler
beaucoup d'encre ; gageons que ce film de James Cameron en fera
couler tout autant... sans jamais s'échouer. Le 11 avril 1912,
des centaines de gens se bousculent pour embarquer sur le Titanic.
Ce paquebot énorme, long de 268 mètres, ne peut que forcer
l'admiration du monde entier. Le souhait secret de ses pères
fondateurs est d'ailleurs d'en faire un immense coup médiatique...
Mais pour l'instant l'heure est aux préparatifs. Rose Dewitt
Bukater (Kate Winslet) et sa famille montent à bord, armés de tous
leurs tableaux, parures, vêtements et objets de luxe. Dans un tout
autre univers, Jack Dawson (Leonardo DiCaprio), un américain sans
le sou, gagne un billet pour le paquebot. Alors que tout les
sépare, et que Rose est déjà promise à un noble particulièrement
snob, le destin va faire croiser leurs routes... que seules les
eaux de la mer pourront séparer. Et nous assistons, nous, à quatre
jours de luxe excessif, de concurrence futile entre
nouveaux-riches, de fêtes entre passagers de troisième classe...
jusqu'à ce que la nature remette les pendules à l'heure.
On a trop résumé le dernier film de James Cameron au "film le plus cher de l'histoire du cinéma". Soit. Mais ce n'est pas loin d'être le meilleur aussi ! Tout au long de ces trois heures vingt, le réalisateur d'Abyss nous fait passer par tant de sentiments et d'émotions ! Les flots de la mer nous bercent tendrement, alors que Rose et Jack vivent une idylle. Titanic, c'est avant de très belles images. Les moyens se voient sur la pellicule. Dans un véritable souci chirurgical du détail, Cameron filme chaque recoin du paquebot... Un véritable film documentaire ! Et je n'ose même pas vous parler de la scène où l'apocalypse se déchaîne tant elle est impressionnante. Assurément, on en a pour notre argent !
Sur ce bateau où se côtoient tant de passagers, deux d'entre eux ont la vedette: Jack et Rose. Cameron a su choisir avec précision les acteurs qu'il fallait. Kate Winslet est parfaite dans son rôle et sait passer du ton hautain de sa vie bourgeoise aux cris et aux rires qu'elle partage avec Leonardo, dans les soutes de la troisième classe... Quant à DiCaprio, il est étonnant. J'avoue que j'avais plein de préjugés à son égard : j'avais tendance, comme beaucoup, à ravaler sa performance au seul Roméo et Juliette. Sans y être mauvais, il était plutôt mielleux... Mais là, je ne peux que m'incliner.Il donne à Titanic un air si réaliste, si émouvant, si énergique. Toutes les qualités semblent être réunies en un seul homme ! Il nous enverrait un sourire, on lui donnerait le monde. Qu'attend-il pour se présenter à la présidence ?
En fin de compte, il y a lieu de crier au génie. Et aussi au messie! James Cameron nous sauve en cette période de creux cinématique. Le pari était d'autant plus difficile qu'il ne pouvait pas provoquer d'effet de surprise sidérant. Pas question de nous surprendre lorsque le Titanic coule à pic : tout le monde était déjà au courant ! Grâce à un scénario finement ficelé, à des acteurs très adroits, à un rendu très impressionnant, il signe là un excellent film... Que vous ne devez pas rater !
FICHE SIGNALETIQUE
Titre original : Titanic
Réalisateur : James Cameron
Avec : Leonardo DiCaprio, Kate Winslet...
Scénario : James Cameron
Durée : 3 h 20