Atari : la légende du Phoenix
Pourquoi ai-je nommé cet article "La légende du Phénix" ? Tout
simplement parce que la particularité d'Atari est de se sortir de
situations très difficiles et de renaître de ses cendres, tel le
légendaire Phénix, comme nous allons le voir plus tard. Certes, je
ne pourrais pas ici traiter de TOUT, juste des points essentiels
de l'histoire de la célèbre firme.
Donc, dans ce Toxic Mag 9, au sein du dossier sur les dix ans
du ST, il est bon de se remémorer l'histoire de cette firme qui a
tant fait parler d'elle.
1 - NOLAN BUSHNELL ET ATARI
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Le nom d'Atari est indissociable de celui de son fondateur :
j'ai nommé, Nolan Bushnell ! En 1971, cet étudiant a eu l'idée de
faire une version grand public de "Space War", le tout premier jeu
vidéo mis au point par un autre étudiant : Steve Russel... Nolan
Bushnell créa ainsi "Computer Space" et en vendit 1500 exemplaires
à des salles d'arcade, par l'intermédiaire de Nutting Associates.
Bushnell décida de créer sa propre société, Syzygy et il voulu
développer un jeu de "conduite de voitures". Malheureusement, ce
projet fut bloqué par des difficultés techniques. Il choisit alors
le jeu de tennis et maîtrisa les problèmes d'interface. Pong était
né et eut un rapide succès (100 000 exemplaires vendus dont 90 000
sous licence).
En 1973, Bushnell renomma "Syzygy" en "Atari". Au jeu de "Go",
Le mot "Atari" a la même signification que "échec et mat" au jeu
d'échecs. En japonais, ça signifie "victoire".
Revenons-en à Pong. Il est vrai que le jeu a réussi à séduire
les "teenagers" américains, mais il n'a pu s'imposer : le marché
était alors trop restreint et les concurrents trop nombreux (avec
Coleco, National Semiconductor, RCA...), ce qui a eu pour résultat
des pertes et un abandon progressif du marché.
2 - ATARI : LA LEGENDE
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Fin 1976. Bushnell revendit Atari à Warner Communications pour
la "coquette" somme de 28 millions de dollars. Les ventes étaient
alors de 28 millions de dollars, justement. Grâce aux japonais (à
Taito avec 'Space Invaders', Namco avec 'Pac Man'...), les ventes
de la nouvelle console VCS explosèrent, jusqu'à DEUX milliards de
dollars en 1982. Atari était alors à son top : marge bénéficiaire
de 16 %, part de marché des jeux vidéo grand public de 80 % et une
console vendue à bas prix.
C'est à cette époque, ô combien lointaine, que l'image d'Atari
était la plus prestigieuse dans les esprits des Américains. Un
exemple ? Il suffit de voir Blade Runner de Ridley Scott (1981) où
l'on voit qu'Atari est une multinationale vraiment très puissante.
Pas étonnant que ce film ait exercé une certaine influence sur les
Ataristes (avec des groupes comme les Replicants, les Bladerunners
entre autres).
3 - PREMIERE DESCENTE AUX ENFERS
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En 1982 la concurrence était omniprésente (ex : Coleco) et les
micro-ordinateurs rencontraient beaucoup de succès, y compris ceux
d'Atari (les 400/600/800 XE/XL). C'est également à cette date que
l'on a observé une séparation entre le secteur des jeux et celui
du matériel informatique, par exemple : Atari Corp et Atari Games
Corp. ne sont pas la même société) et l'émancipation des éditeurs
de jeux.
Mais le problème principal restait le trop grand nombre des
concurrents !! Les prix baissaient et conduisaient à des pertes
considérables. Dans les années 84 et 85, Atari et tous les autres
se retirèrent du marché. On pensait alors que le marché des jeux
vidéo était "mort". Et savez-vous comment Atari s'est débarrassé
de son énorme stock de consoles invendues ? En les jetant dans une
décharge au fin fond du désert américain...
4 - ATARI RENAIT DE SES CENDRES
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Atari perdait énormément d'argent et l'on restructurait alors
du mieux que l'on pouvait... La firme fut finalement reprise par
la famille Tramiel. Shiraz Shivji a ensuite conçu le ST en 1985 et
la machine fut positionnée comme étant un concurrent du Mac - de
l'époque. Il coûtait environ 10 000F lors de son apparition sur le
marché français (on trouve des STF neufs pour même pas 900F de nos
jours !).
Voyons un peu l'histoire du ST, du moins la partie "hardware"
car parler du ST en général de 1985 à 1995 serait bien trop long !
Le STF corrige le principal défaut du ST : ce dernier avait un
lecteur externe et deux alimentations (celle du ST + lecteur) on a
donc réunit tous ces éléments en une seule machine, afin de faire
baisser les coûts de fabrication.
Le Mega ST reprend tous les éléments du ST, mais son clavier
est séparé et plus de mémoire (1, 2 ou 4 Mo de RAM !). Il propose
également un blitter (accélérateur graphique).
Le STE est une version améliorée du STF. En fait, il reprend
la plupart des caractéristiques de l'Amiga 500 - en les améliorant
par endroits. Nouveau "shifter" (processeur graphique), un blitter
rajouté, coprocesseur DMA, ports joysticks supplémentaires, plus
de facilité pour y raccorder un "genlock", barrettes SIMMs pour la
RAM et ainsi de suite... Le STE n'a pas eu un grand succès auprès
des éditeurs de jeux, car le parc des STF était très important.
Le Stacy est le premier portable ST mais il ne connut vraiment
pas de succès fulgurant...
Le TT se positionne comme une machine professionnelle, encore
plus que le Mega ST. Il reste compatible avec le ST, mais tout est
différent : un microprocesseur 68030 (32 bits), modes graphiques
étendus, coprocesseur DMA, etc. (mais pas de hardscroll comme sur
le STe).
Le Mega STE apparaît comme étant un croisement entre le TT et
le STE : un clavier détachable, 68000 à 16 MHz, le boîtier du TT,
hardscroll, son DMA du STe. Il n'a cependant pas eu le même succès
que le STe (le TT non plus !).
Le "ST-Pad" (ou "Stylus") était un ordinateur sans clavier, on
devait utiliser un stylo spécial pour écrire sur l'écran (grâce à
un logiciel de reconnaissance de caractères intégré). La machine
était prête à entrer en fabrication, mais quand Atari a vu que le
Momenta, basé sur le même principe, n'a pas eu grand succès, ils y
ont renoncé.
Le ST-Book était la version portable du ST, avec une autonomie
de 10 heures. Son prix prohibitif (10 000F) étant l'une des causes
de son échec il n'a été construit à une cinquantaine d'exemplaires
seulement...
Et on en arrive au Falcon, un 32 bits, plus puissant que le ST
ou le STE et qui eut - heureusement - bien plus de succès que les
Mega STE et TT. Inutile de le présenter donc, il a de plus inspiré
les fabricants de clones (comme l'Eagle, le Medusa...).
Revenons-en à Atari. Nous sommes au début des années 90 : les
ST (et STe surtout) se vendent comme des "petits pains" et il sort
des dizaines de jeux par mois. Mais, déjà l'ombre des PC plane sur
le monde de la micro ludique. Le jeu qui va tout déclencher est le
célèbre "Wing Commander 2" et les PC vont augmenter en performance
et donc en nombre. Les ST et Amiga 500 vont disparaître du marché
et des "centres de résistance" anti-PC, anti-Intel et anti-Windows
vont se créer chez les fervents adeptes des micros 16 bits (c'est-
à-dire nous, quoi !), les autres étant passé sur PC.
Et partout la mort d'Atari est annoncée...
5 - DEUXIEME DESCENTE AUX ENFERS
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Atari est proche de la faillite et les succursales européennes
ferment les unes après les autres... Le Falcon se vend, mais en
quantité insuffisante pour permettre à la firme de vivre grâce aux
recettes des ventes. Les actions en bourses d'Atari chutent, on
voit Commodore couler et on sent que c'est à Atari de passer à la
casserole... La firme préparait en réalité de quoi revenir à la
charge !
6 - L'ENVOL DU PHENIX ?
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La Jaguar débarque en 1994. Cette console 64 bits (la 1ère du
genre) et d'une puissance jusqu'alors inégalée, se vend assez bien
dès sa sortie et les fonds d'Atari remontent... La société a alors
de quoi assurer la promotion de sa console et du Falcon.
Selon ST Magazine un nouveau type d'ordinateur révolutionnaire
devrait apparaître, avec un impact qui devrait être aussi fort que
celui du ST lors de sa sortie. Le "Painter", ne comportant qu'un
lecteur de CD-ROM au lieu d'un lecteur de disks ? Le "Milan", dont
les rumeurs ne tarissent pas d'éloges à son égard ? Mystère, seul
l'avenir nous le dira !
7 - ZE FUTURE
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Atari va certainement encore devoir subir des hauts et des bas
mais peut-être va-t-elle se muer en une multinationale, comme dans
Blade Runner... on peut toujours rêver, non ?!?
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=========================> BIBLIOGRAPHIE <=======================
* Alain et Frédéric Le Diberder :
-----------------------------
"Qui a peur des jeux vidéo ?"
éditions "La Découverte/Essais", 1993
228 pages, 110F
Mon avis : Enfin un ouvrage objectif sur les micros et sur les
-------- consoles. Je vous conseille sa lecture, cependant il
n'est pas nécessaire de l'acheter !! On y parle jeux
vidéo bien sûr, mais aussi Atari (et tout ce que je vous ai dit
dans les 3 premières parties de cet article provient du bouquin)
ST, PC, Nintendo, Sega, japanimation, démos (un tout petit peu).
Voici le passage qui parle des démos : "Ces courts programmes
démontrent un savoir-faire remarquable et constituent l'un des
laboratoires de recherche de la programmation des jeux. Certes,
un oeil blasé y verra surtout des sphères et des cubes colorés
s'agitant dans tous les sens au son d'une musique répétitive,
mais, il faut plutôt observer comment les effets d'ombre et de
projection sont rendus et mesurer le temps de traitement
nécessaire pour les obtenir. Parfois, les programmeurs dépassent
les spécifications techniques des machines qu'on leur propose...
L'Atari a ainsi pu afficher plus de couleurs simultanément qu'il
n'était prévu. Longtemps, le PC a été jugé inutilisable pour les
jeux vidéo en raison de la complexité de la gestion de ses
cartes graphiques et de la piètre qualité de son haut-parleur...
Et pourtant, aujourd'hui, on peut entendre des sons digitalisés
sur n'importe quel compatible." (page 102)
* ST Magazine 54 (septembre 91) : un reportage sur l'Atari Messe
-------------- de Düsseldorf présente sommairement le ST-Book
et le ST-Pad.
* ST Magazine 55 (octobre 91) : un dossier sur la gamme du ST. Je
-------------- m'en suis servi lors de la récapitulation des
différentes bécanes sorties par Atari.
* ST Magazine 67 (décembre 92) : en rubriques News, un article
-------------- traite de la relativité des pertes d'Atari.
* ST Magazine 88 (octobre 94): article sur le Médusa, un puissant
-------------- clone Atari.
* ST Magazine 90 (janvier 95) : dossier sur les machines secrètes
-------------- d'Atari, du ST au Falcon.
Par The Beast/Typhoon
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