Retour plateau : PPD et CHIRAC

TERRE + SYNTHE " CHIRAC INSIDE"

PPD : Voilà, sans transition, je reçois Jacques Chirac...

Chirac est hyper dynamique.

Synthé : JACQUES CHIRAC

GAME BOY

CHIRAC : Bonsoir....

PPD : Alors, monsieur le Président, hier, vous avez reçu Bill Gates, le Président de Microsoft...

CHIRAC : Microsoft ? Qu'est ce que vous appelez Microsoft ?

PPD : C'est l'entreprise de Bill Gates ...

CHIRAC : Oui...Bien sûr...Bill...C'est un type épatant vous savez ? C'est le plus riche du monde ce gars là ...

PPD : Hum, justement, vous l'avez reçu comme un chef d'état..Ces temps-ci, vous vous intéressez de très près à l'informatique, on dirait...

CHIRAC : Oui, voyez vous d'Arvor, je pense, au risque de passer pour un hurluberlu, que l'informatique est la technologie de l'avenir...

PPD : Heu..Ben oui..

CHIRAC : Parce qu'il ne faut pas se le cacher : le monde bouge . Et je ne serais pas étonné que d'ici l'an 2000 toutes les entreprises se mettent à l'informatique.

PPD : Oui, mais...

CHIRAC : Non, d'Arvor, c'est inéluctable...Même vous un jour, il faudra vous résoudre à jeter votre bonne vieille machine à écrire.., fini, les " Olivetti  " à boule...L'informatique, d'Arvor, l'informatique ! C'est merveilleux, c'est un écran avec un clavier à part...Pour écrire, y'à qu'à cliquer sur un mulot et ouvrir des fenêtres. C'est la révolution.

PPD : Oui, je...Enfin, c'est pas vraiment...

CHIRAC : Ha ha ha...Vous êtes sceptique, mais c'est normal...Toutes les hautes technologies rebutent un peu le néophyte... C'est ce que m'a dit Bill Gates...

PPD : Sûrement, mais l'informatique, ça a ....

CHIRAC : Non, d' Arvor, ça marche ! La compression des données. Ca vous dit quelque chose ça ?

PPD : Heu oui..

CHIRAC : Je vous explique..Le dossier du chômage, c'est énorme, ( c'est mon plus gros que j'ai ) c'est haut jusqu'au plafond...Et bien, grâce à l'informatique, je peux le faire tenir tout entier sur une...comment il m'a dit Bill Gates ? ...une sorte de biscotte en fer, grande comme ça mais en plus plat. Enfin, le terme technique importe peu...Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il suffit de glisser la biscotte dans une sorte de grille pain, de cliquer su l'mulot et tout le chômage apparaît sur

l'écran...

PPD : Hmm mm... C'est bien....

CHIRAC : Bien sûr, il ne faut pas regarder trop longtemps l'écran, sinon ça fait mal à la tête...

PPD : Monsieur Chirac, l'informatique, ça a 20 ans...

CHIRAC : Oui, bien sûr mais là; ça prend des proportions inouïes...Il existe des jeux d'une technologie redoutable...Vous qui êtes amateur, savez vous que vous pouvez jouer au tennis sur votre ordinateur ?

Il fait des gestes.

CHIRAC : C'est deux barres de chaque côté de l'écran, comme des raquettes et au milieu, il y a des balles carrées..et chaque fois que la balle arrive sur la barre ça la renvoie en faisant " tût  "..On s'y croirait..

PPD : Monsieur Chirac, ça va bien plus loin que ça, aujourd'hui, il y a internet, les autoroutes de l'information, les CD ROM, nous sommes déjà dans la cyber culture...

CHIRAC : Mais oui d'Arvor, vous avez raison, on y est...Et je vais même vous dire, ça ne m'étonnerais pas qu'avant l'an 2000, on fasse des ordinateurs sans fil...

PPD : Sûrement...

CHIRAC : Haaaa d'Arvor...en ce moment, avec les ordinateurs, je suis comme un gosse...

(Chirac marche d'un pas décidé dans les couloirs de Matignon. Il croise un huissier. Ambiance fin de journée.)

CHIRAC : Il est là ?
HUISSIER : Heu...oui, il....
CHIRAC :Bien !

(Chirac ouvre une porte avec énergie.Cut.Plan vu de l'intérieur du bureau où Chirac vient d'entrer. Chirac ferme rapidement la porte et se campe devant, l'air inflexible.)

CHIRAC : Bon Alain, faut que j'te parle !

(Plan vu sur Juppé qui lève la tête, stoïque. Chirac se met à parler en marchant dans la pièce.)

CHIRAC : C'est pas la peine de se le cacher plus longtemps : les sondages sont nuls, tu m'entraînes avec toi....Faut que j'te vire....
JUPPE : D'accord

(Blanc.)

CHIRAC : Heuuu....Ha oui ? Bon ben...Au revoir alors...

(Il se dirige vers la sortie .)

JUPPE : Oui...J'annoncerai ma démission demain matin...Qui me remplace ?

(Chirac s'arrête.)

CHIRAC : Qui te quoi ?
JUPPE : Qui allez vous nommer comme premier ministre à ma place ...
CHIRAC : Heu...sais pas...heu...Seguin ?

(Juppé le regarde l'air de dire « drôle de choix ».)

CHIRAC : Heuuu..oui...Non, tu as raison...Seguin, c'est la fin de l'Europe...Déjà qu'Helmut peut pas me saquer... non, Madelin...il est bien Madelin, il est dynamique, il est libéral, il est vif...il est ...Il est complètement facho, il va mobiliser la gauche, non ..Heu..Toubon...

(Regard de Juppé qui tourne lentement la tête vers la fenêtre. Presque gêné.)

CHIRAC : Non, t'as raison, ça va faire rire tout le monde...Heu...Et toi, à ta place, tu prendrais qui ?

(Juppé un peu surpris de la question.Il réfléchit deux secondes.)

JUPPE : Balladur ?

(Chirac le fusille du regard.)

JUPPE: Je cherche (...) Raymond Barre ?
CHIRAC : Non sérieux...

(Ellipse. Il fait nuit. Chirac est à la place de Juppé, les pieds sur le bureau, Juppé tourne en rond dans la pièce.)

JUPPE : Pons ?
CHIRAC : Et la grotte d'Ouvéa.
JUPPE : Oui ...Barrot ?
CHIRAC : Qui ?
JUPPE : Barrot, un ministre....
CHIRAC : Français ?
JUPPE : Oui, oui
CHIRAC : Connaît pas...
JUPPE : Millon, Arthuis, Hubert, Raoult ?
CHIRAC : C'est qui tous ces gens ?
JUPPE : Des ministres ....
CHIRAC : Ben putain...T'en a pas des connus ? Et heu ? Rocard ?
JUPPE : Il est de gauche.
CHIRAC : Ben quoi, moi aussi ! Non ? Ha s'cuse ....

(Ellipse. Chirac est en bras de chemise, il a tombé la cravate. Juppé est toujours bien mis. Il sont toujours dans le même bureau, mais dans un coin salon. Table basse, fauteuils. Sur la table basse, du thé et une Corona. Le ton est beaucoup plus décontracté, ils sont très complices.)

CHIRAC : Hé hé hé...Léotard !

(Juppé se marre.)

JUPPE : Encore mieux : Guy Drut !
CHIRAC : Non, t'es salaud, il est sympa...heuu...L'abbé Pierre ?

(Juppé se marre.)

CHIRAC : Quoi il est populaire l'abbé...
JUPPE : Ben Cousteau alors !

(Chirac se marre.)

JUPPE : Et Johnny Hallyday...
CHIRAC ( sérieux ) : Peut pas, il est à Las Vegas...

(les deux se marrent)

CHIRAC : Attends, tend, tend...J'ai !

(Juppé le regarde.)

CHIRAC : Je te le fais .

(Chirac se met sur le bord du fauteuil. Il joint ses mains de façon solennelle. Juppé fait un mouvement : « Je ne vois pas ». Chirac se lève. Il imite mal Giscard.)

CHIRAC : Au revoir.

(Les deux sont morts de rire. Ellipse. L'ambiance est retombée. Elle est limite déprime. Juppé est de nouveau à son bureau. En face de lui Chirac, épuisé, a la tête dans les mains.)

CHIRAC : Seguin...On l'a dit Seguin ?

(Juppé le lui confirme de la tête. Chirac souffle de dépit. Ellipse. Nous sommes au petit jour. Juppé regarde par la fenêtre le jour qui se lève. Son costume est impeccable. Sur une chaise à côté de lui, assez minable, Chirac lui tient la main, comme un amoureux qui demande à sa fiancée de ne pas le quitter. Juppé est assez distant . Il ne regarde pas Chirac .)

CHIRAC : Alain...Alain...s'il te plaît...Reste...C'est un service que je te demande...reste...
JUPPE : D'accord
CHIRAC : Haaa...merci....merci...merci...merci mon Alain, merci...

(Il lui embrasse la main.)

CHIRAC : Merci

(Plan de l'extérieur. On les voit tous les deux de loin derrière la fenêtre. Juppé debout, Chirac assis, tout petit à ses côtés. Il lui tient la main. Zoom arrière. L'image doit être ridicule. On entend la voix intérieure de Chirac.

PPD : Voilà, sans transition, je reçois le couple présidentiel, Bernadette et Jacques Chirac.

CHIRAC : Bonsoir....

BERNADETTE : Alléluia...

Chirac la regarde dubitatif.

PPD : Oui, alors, ce matin, vous étiez ç Tours pour accueillir Jean Paul II, un moment très fort je suppose pour le fervent chrétien que vous êtes...

CHIRAC: Oui...oui, oui...C'est un moment fort, rare, dans la vie d'un chef d'état...

BERNADETTE : Haa....Il est beau, Jacques et moi étions sous le charme...

CHIRAC : Oui...Enfin , le chef d'état était sous le charme..C'est son travail...

PPD: Oui, justement, c'est ambigu...Vous êtes chrétien et vous recevez le pape au nom de la France...

CHIRAC: Oui, je suis chrétien comme tout le monde seulement pendant les vacances et la plupart du temps en short...

BERNADETTE : C'est un saint homme, il dégage une grande force...Il est beau...

CHIRAC : Ha ça ...Maman elle, ça lui a plu ! Elle s'est régalée..Hein maman que tu t'es régalée !

BERNADETTE : Il m'a touché la main...

CHIRAC : Oui, elle lui a dit bonjour dix fois...Fallait la voir, contente comme tout, quand elle lui avait dit bonjour, elle repartait au bout de la file pour recommencer...

CHIRAC : Pourtant, au début, j'ai eu peur...

PPD: Ah bon ?

CHIRAC : Oui... Bernadette était un peu contrariée... Tous les évêques avaient la même robe qu'elle.

PPD : Qu'est ce qui vous a marqué le plus chez cet homme...

CHIRAC : Heuuu...Le rythme.

PPD : Le rythme.

CHIRAC : Oui...C'est ...lent. C'est ça, c'est très lent un pape, inouï ce que c'est lent...Sympa mais lent...

PPD : Oui, mais à part ça...

CHIRAC : Y pleuvait.

BERNADETTE : Il est grand...Il ne marche pas, il vole au dessus du sol...

PPD : Oui, ça vous a fait cette impression aussi monsieur Chirac...

CHIRAC : Heu oui...Il vole...Lentement, mais il vole, pratiquement du vos stationnaire...

BERNADETTE : J'ai vu sa lumière...

CHIRAC : Ecoute Bernadette, comment dire...Le pape, c'est bien...

BERNADETTE : C'est notre guide, il est le salut de la France...

CHIRAC : Oui...ouioui...Calme toi, c'est aussi un vieux monsieur qui énerve la moitié des français...Alors, j'ai déjà Juppé qui fait le même boulot, j'ai pas besoin du pape dans l'équipe...

PPD : On dirait que ça vous embête cette visite du pape ?

CHIRAC : Non, ce qui m'embête, c'est que c'est Juppé qui le raccompagne le pape...

PPD : Et alors ?

CHIRAC : Et ben si la moitié qui fait la gueule à Juppé, c'est pas la même moitié qui fait la gueule au pape, dimanche c'est tout le pays qui fait la gueule...

BERNADETTE : Nous sommes bénis...

CHIRAC : Oui, enfin, tout le pays sauf maman...

PPD : Voilà, sans transition, je reçois Guy Roux....

ROUX : Bonsoir....

PPD : Alors Guy, ce soir c'est la deuxième journée de la champion's Ligue, peut - être l'occasion de faire un peu le point sur le football français...

ROUX : Ho, vous savez moi en ce moment, le football français...

PPD : Hum je comprends, vous préferez vous occuper d'Auxerre...

ROUX : Non, je préfère m 'occuper de moi et de ma nouvelle équipe..

PPD : Hein ? Quelle nouvelle équipe ?

ROUX : Ben, TF1. Y vous plait le maillot ?

PPD : Oui, il est joli...Revenons au football, Auxerre est mal parti avec une défaite à domicile, ce soir c'est déjà le match de la dernière chance...

ROUX : Non, nous à TF1, on fait confiance à Auxerre...

PPD : Vous pensez que vous pouvez encore atteindre les demi-finales ?

ROUX : Hola, pour l'instant, je m 'en tiens au contrat : on m 'a engagé pour livrer 3 émissions de 90 minutes avec un quart d'heure de réclame au milieu ...Pas plus.

PPD : Heu ? des émissions ? des matches...

ROUX : Oui, appelez ça comme vous voulez, c'est 90 minutes de programme pour la TV avec de la réclame au milieu...

PPD : Oui, revenons au football...Ce soir Auxerre peut gagner ?

ROUX : Ce soir, c'est évident qu'on va gagner ! Vous avez vu ce qu'on en a en face de nous : Bernadette Lafond et Yves Robert !

PPD : ( ? ) Bernadette Lafond, elle joue à Glasgow ?

ROUX : Non, à France 2 ! Ce soir, on les écrase la 2 ...Un téléfilm de vétérans contre les gars du service des sports de TF1, épaulé par des footballeurs bien vifs.. On va leur en metttre au moins 20 dans la malette, à l'audimat...

PPD : Mais enfin, Guy, j'ai l'impression que vous avez changé. Vousn'aimez plus le football ?

ROUX : Dame si ...C'est la base même de l'émission...Le concept...Qu'est loin d'être parfait notez bien ...

PPD : Ha bon ?

ROUX: Ben oui, y' a le problème des buts...

PPD : Oui, c'est pas facile d'en marquer...

ROUX : C'est surtout pas facile d'en marquer à l'heure...Parce que si une équipe en marque 4 dans les dix premières minutes, ça tue tout le suspense et c'est Bernadette Lafont qui gagne...

PPD : Oui, mais ça personne ne peut le contrôler.

ROUX : Hélas, l'idéal, c'est un but dans les 5 premières minutes, comme ça ,on captive le téléspectateur mâle et un autre but dans les 2 dernières minutes de la première mi - temps...

PPD : Pour le fixer...

ROUX : Non, pour élargir la cible : un but à deux minutes de la mi-temps, ça fait crier le téléspectateur mâle, du coup ça attire la ménagère et on la crochette, comme ça toute la famille est là pour les réclames...Et monsieur Mougeotte est content...

PPD : Mmm...On dirait que ça vous plait bien la télé...

ROUX: Ho non...C'est TF1 qui me plait...Ils ont une très bonne philosophie dans cette maison...

PPD : C'est quoi ?

ROUX : Y'me payent...

PPD : Bon ben, à ce soir Guy...

ROUX : Sur TF1...

Retour plateau : PPD, DENISOT ET LESCURE

TERRE + SYNTHE " OUBLIER PALERME "

PPD : Voilà, sans transition, je reçois Pierre Lescure, Président de Canal + et du PSG et Michel Denisot, Président délégué du PSG...

LESCURE : Bonsoir...

DENISOT : Désolé....

Synthé : MICHEL DENISOT PIERRE LESCURE

LE TOTO DU CALCIO JOYEUX DRILLE DE L'ANNEE

Lescure regarde Denisot. Il secoue la tête de dépit.

PPD : Alors Messieurs, ce soir c'est un match important, vous avez perdu 6-1 au match aller, 5 buts à remonter ça va être difficile mais rien n'est joué...

LESCURE : Ouais, alors, si c'est pour se faire foutre de notre gueule, c'est pas la peine...

PPD : Oui, non mais...je...Enfin, il vous reste une chance quand même ?

LESCURE : Ouiiii. Par exemple une épidémie de choléra qui décimerait la JUVE, on gagnerait par forfait..

DENISOT : Heu non...Forfait, ça vaut trois-zéro...Ils ont encore deux buts d'avance...

LESCURE : Ha bon...

DENISOT : Ouais...

LESCURE : Je le crois pas ça : même morts, ils nous battent ?

DENISOT : Désolé

PPD : Au fait, pourquoi il se joue à Palerme ce match et pas à Turin ?

DENISOT : Parce que ...à Turin, y'aurait eu personne dans le stade..En Sicile, au moins, ils sont contents de voir la JUVE

LESCURE : Ca...Ce matin, ils étaient dix mille pour regarder la JUVE s'entraîner...

PPD : Ha oui, et ce soir, le stade sera plein...

DENISOT : Oui...ce soir, ils seront trente cinq mille.....

Il baisse la tête.

DENISOT : ...pour voir la JUVE s'entraîner...

PPD : Pierre, est ce que c'est mauvais pour l'image de Canal +, ce genre de match ?

Lescure regarde lourdement Denisot.

LESCURE : Mais non...Canal ça a toujours été la chaîne de l'humour, on a eu Coluche, les Nuls, Moustic, maintenant on a le PSG. Du mime, ça change un peu...

PPD : Non mais sérieusement, ce côté winner, toujours premier, il en prend un coup là...

LESCURE : Ca n'a rien à voir...C'est la loi du sport....Une fois on gagne, une fois on perd...

Il regarde Denisot.


LESCURE : Sauf au PSG, une fois on perd, une fois on gagne pas.

Denisot se tasse.

PPD : Ont dit que ces dernières années, vous avez été légers au niveau du recrutement...Beaucoup de stars sont parties et n'ont pas été remplacées.

DENISOT : Mais merde, c'est pas de ma faute...Elles partent à l'étranger les stars...Elles gagnent trois fois plus, net d'impôt. On va pas les retenir en leur filant un décodeur gratuit...

LESCURE : Et Canal Satellite, t'as essayé ?

PPD : C'est ça le problème ? Financièrement, vous ne pouvez pas vous aligner ?

LESCURE : Bien sûr ! Faut vendre le stade pour se payer un avant centre, c'est plus possible...Non, c'est pour ça qu'on a investi dans la Formule 1, c'est mondial, ça a une bonne image...Non, on sera pas mal avec la F1, hein Michel ?

Denisot sans conviction.

DENISOT : Ouais, un bon moteur Peugeot, Paul Belmondo au volant et à nous la victoire...

Blanc. Lescure le regarde sans bouger.

DENISOT : Je peux m'en occuper si tu veux ?

Lescure le fixe, visage fermé. Blanc.

DENISOT : Désolé.

LESCURE : M'demande si on fait pas aussi une connerie avec la F1 moi du coup.

PPD : Non, le sport et Canal, c'est quand même une grande histoire d'amour...

LESCURE : Ouais...Michel ? On peut pas annuler le match de ce soir ? Sérieux ?

DENISOT : Non...

LESCURE : J'sais pas moi, y'à qu'à dire que les joueurs sont malades ! de toute façon ils sont malades non ?

DENISOT : Impossible.

PPD : Allez Pierre, je suis sûr que les joueurs vont avoir un sursaut d'orgueil...

LESCURE : Ha c'est pas con ça ! Si ils restent aux vestiaires, on évite le ridicule...

PPD : C'est pas possible...En plus, c'est retransmis sur Canal +, en direct...

LESCURE : La vache...Enfin, c'est pas grave, ce soir je regarde Beauvais-Amiens sur TPS...

PPD : Ca peut être bien...

Les deux le regarde, méchants.

PPDA :Vous m'avez l'air rudement de bonne humeur monsieur Sylvestre ? Qu'est-ce qui vous arrive ?

SYLVESTRE : Tu connais pas la nouvelle ? Mattel, tu sais, la poupée Barbie, et bah y vont peut-être fusionner avec Hasbro, tu sais, GI Jo !
Il sort une poupée barbie et un GI Jo et leur fait faire un petit calin.

PPDA : Ha oui... C'est mignon ça... Un mariage entre Barbie et GI Jo... C'est poétique presque...

SYLVESTRE : Ouais ! C'est surtout la dote qu'est pas mal : 16 milliards plus 14 milliards égale 30 milliards de chiffre d'affaires ! Putain ! Avec Bob, sur ce coup, on va se faire un maximum de pognon !

PPDA : Et voilà ! C'est reparti, avec votre monde cynique et inhumain ! Mais qu'est-ce que vous avez à la place du coeur ?

SYLVESTRE : Hein ?
Il se touche au niveau du coeur.
SYLVESTRE : Mon portable, pourquoi ?

PPDA : Non, mais je veux dire: là ce sont des jouets. Ça touche tous les enfants du monde. Vous pourriez être un peu humain. Généreux.

SYLVESTRE : Et bah justement : figure-toi que Mattel et Hasbro, ils ont fait une Fondation qui organise une "Opération Piéces jaunes pour tous les tites nenfants du bout du monde".

PPDA : Ah bon ?

SYLVESTRE : Oui monsieur.

PPDA : Aaaaaah... C'est bien ça ! Les enfants américains envoient leur pièces jaunes aux enfants du tiers monde ?

SYLVESTRE : Non. C'est Mattel et Hasbro qui envoient les pièces jaunes.

PPDA : Ah bon ? Alors là, bravo, je retire tout ce que j'ai dit ! Et ça se passe comment concrètement ?

SYLVESTRE : Bah le tite nenfant niakoué il reçoit sa tite pièce jaune. Il est content. Et en échange il travaille toute la journée pour faire des tites jouets pour les tites nenfants blancs !

PPDA : Salaud !

SYLVESTRE : Bah quoi : c'est pas poétique ça...

Il se met la main sur le coeur.
SYLVESTRE : ...un tite nenfant tout maigre qui fabrique des poupées pour son petit frère obèse du bout du monde ?!

PPDA : Arrêtez ça !

Il continue sa vision poétique.
SYLVESTRE : Faut les voir, tous contents, faire bien attention à leurs tits jouets...

PPDA : Bah il manquerait plus que ça : un jouet fabriqué par des pauvres enfants exploités ! Il a intérêt à y faire attention, l'autre enfant obèse !

SYLVESTRE : Nan ! Je te parle pas de lui ! Je te parle de cui qui les fabrique. Lui il a intérêt à y faire attention à ses jouets, sinon il est viré ! L'obèse on s'en fout qu'il les péte ! Plus il en pète plus il en achète ! D'façons il s'en fout, ça coûte rien ces merdes, c'est fabriqué à l'étranger !
Il balance les deux poupées derrière lui.

PPDA : Sortez.

SYLVESTRE : Quoiiii ?


PPD lui montre la porte.
PPDA : SORTEZ ! Je n'achèterai plus jamais vos jouets !

SYLVESTRE : Ah bon ? Ah bah bravo l'humaniste : pour chaque jouet que t'achèteras pas, y aura un tite niakoué qui meurt et un gros nobèse qui pleure !


PPDA : Pffff... La suite. Vite.

Condomophobie

PPDA : Voilà sans transition je reçois Philippe de Villiers.

VILLIERS : Bonsoir monsieur d'Arvor.

PPDA : Alors monsieur de Villiers, hier l'Episcopat français a rendu un rapport dans lequel il présente l'utilisation du préservatif comme nécessaire. Quelle est votre réaction en tant que chrétien ?

VILLIERS : Je suis meurtri. Que notre Sainte Mère l'Eglise autorise le port du "préservatif" pfft pfft...
Il crache dégôuté et s'essuie la bouche frénétiquement.
VILLIERS : ... ce mot salit ma bouche ! Autoriser le port de ce... cette... chose c'est... Je suis meurtri.

PPDA : Hum, mais c'est tout de même une avancée... L'église prend en compte la lutte contre le SIDA...

VILLIERS : Mais monsieur, le seul remède contre le SIDA, c'est la chasteté contre la débauche.

PPDA : Attendez, on ne peut pas opposer la débauche à la chasteté... Entre les deux, il peut y avoir l'amour tout simplement...

VILLIERS : Comment !?

PPDA : Ben oui, imaginez des jeunes de 17, 18 ans qui se rencontrent, ils s'aiment, ils ont envie de faire l'amour, c'est normal qu'ils se protégent non ?

VILLIERS : Quoa ?! Vous voulez faire copuler des enfants !

PPDA : Attendez 18 ans, ce ne sont plus des enfants...

VILLIERS : Mais ce sont des nourissons... A cet âge, on est scouts, on construit des ponts de bois, on observe les bêtes, on fait des appeaux...

PPDA : Ça n'empêche pas l'amour...

VILLIERS : L'amour ça n'est pas ça... L'amour, c'est lire un livre auprès de l'être aimé devant d'un petit feu de bois... C'est regarder sa mie qui tricote, un chat sur les genoux... Puis fourbu, c'est se retirer chacun sur sa couche...

PPDA : Des lits séparés ?

VILLIERS : Des chambres séparées !

PPDA : Oui, certes mais Disons, par exemple des jeunes qui voudraient coucher ensemble...

VILLIERS : Mais pourquoi voulez-vous qu'ils couchent ensemble ?

PPDA : Parce que c'est bon... Non ?

VILLIERS : Je ne comprends pas... Mais on ne couche pas ensemble parce que c'est bon, on couche ensemble parce que c'est nécessaire... Pour donner la vie, une fois l'an, en faisant don de notre Sainte semence...

PPDA : Oui mais... Imaginons, c'est la première fois qu'ils se voient... ils s'aiment... Ils doivent se protèger non ?

VILLIERS : Ils doivent s'abstenir !

PPDA : Mais l'envie, c'est humain... Des fois, y'a une fille qui est belle... Avec des roploplos un peu... enfin, on ne contrôle pas toujours...

VILLIERS : Mais si monsieur, j'ai cette volonté...

PPDA : Oui, mais si elle a des seins très beaux, un décolleté et que... enfin... vous voyez quoi ...

VILLIERS : Non monsieur...

PPDA : Mais si, des fois elles ont des meules énormes avec les têtons qui pointent comme des capuchons de stylo, on a envie de les prendre dans ses mains, de les...

PPDA se coupe net. Tous les deux se regardent dans un silence long. Totalement immobile. PPD se rend compte qu'il est allé trop loin.
PPDA : Je... C'est à dire... Excusez moi de vous poser cette question mais... La tentation... Je veux dire : vous n'avez jamais d'érection vous ?

VILLIERS : Certes, je ne suis pas de bois... Mais jamais au grand jamais je ne recouvrirais de latex la Sainte Trique ! C'est vrai parfois le malin me met à l'épreuve... Oui, parfois, j'ai un os dans mon pissou...

PPDA : Hum... Oui... et qu'est-ce que vous faites dans ce cas là ?

VILLIERS : Je cours, monsieur...

PPDA : Vous courez ?

VILLIERS : Oui, monsieur... Et après 6 heures de jogging en forêt, je reviens détendu... Et si cela ne suffit pas, je me flagelle avec des orties fraichement coupées... On n'est pas obligé de mettre un préservatif sur une érection, on peut y mettre un survêtement...

PPDA : Merci monsieur De Villiers... La suite...

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Sursis mode d'emploi

PPDA : Voilà, sans transition, je reçois Bernard Tapie...

TAPIE : Salut bonhomme...

PPDA : Alors Bernard, où en sont vos démélés avec la justice... On dirait que ça s'arrange non ?

TAPIE : Tu rigoles ? J'ai pris un an ferme et là, je tourne avec Lelouch, d'ici à ce que je tombe pour escroquerie, y'a pas loin...

PPDA : Tout de même Bernard... revenons à ce film avec Lelouch... Le scénario est secret c'est ça ?

TAPIE : Ha ben comme tous les films de Lelouch... le scénar est secret même après la sortie du film... Même Lelouch il le connait pas... les films de Lelouch faut être paléontologue pour comprendre, c'est comme les dinosaures, tu trouves un morceau d'os de deux centimètres et t'es obligé d'imaginer un bestiau de cent tonnes...

PPDA : Enfin, vous êtes quand même content de faire ce film ?

TAPIE : Bah, je me plains pas ! J'aurais pu tomber plus mal... Parce que faut voir ce qui nous a pondu avant le Lelouch ! J'aurais pu finir comme Gérard Lanvin, une barbe de quatre mètres déguisé en Jésus Christ, ou pire, me retrouver au padock à tringler Annie Girardot...

PPDA : C'est un peu réducteur Bernard. En plus là, vous n'êtes pas trop mal loti, votre partenaire, c'est Ophélie Winter...

TAPIE : Ha ouais, là : beau boulot...

PPDA : Elle joue bien ?

TAPIE : J'en sais rien, je te parle physique là... Elle est super bien re-foutue...

PPDA : Comment ?

TAPIE : Bah hé Y'a pas une pièce d'origine là dessus, elle est entièrement kitée... C'est pas une gonzesse, c'est une mobylette de banlieue...

PPDA : Bernard, vous exagérez..;

TAPIE : Attends, de quoi ?... C'est pas des lèvres qu'elle a, c'est deux pneus. À coté Emmanuelle Béart c'est Daffy Duck.

PPDA : Bon Bernard arrêtez ! C'est inconvenant maintenant !

TAPIE : Attend, elle est canon ! Ophélie Winter, c'est un croisement entre le bonhomme Michelin et un mérou...

PPDA : Revenons au film Bernard... Vous êtes impatient de le voir en salle ?

TAPIE : Bah parti comme c'est, je le verrais en taule, en salle télé... Ha ça va être gai la prison : non seulement je vais me faire reluire le conduit, mais en plus, je vais me faire foutre de ma gueule !

PPDA : Vous avez une vision archaïque de la prison Bernard...

TAPIE : Non, je crois pas... Y vont se faire un plaisir de m'attrapper, y vont se payer sur la bête, y z'auront l'impression de récupérer une partie de leurs impots...

PPDA : Oui... Nous sommes pour l'instant au milieu du tournage, quels enseignements en tirez-vous ?

TAPIE : Bof... C'est difficile à dire... On ne connait pas le scénario, on improvise beaucoup... Lelouch tourne autour de nous avec sa caméra et derrière y'a Nicole Croisille qui chante...

PPDA : Ça fait quelle impression ?

TAPIE : Bizarre... On dirait un baloche de province filmé par un caméraman sportif... Ha Nicole Croisille, je sais pas ce qu'elle a comme maladie, mais elle gueule ! Il faut faire quelque chose, il est évident que cette femme souffre...

PPDA : Moui... Alors bernard, est-ce que c'est une carrière d'acteur qui s'ouvre devant vous ?

TAPIE : Evidemment bonhomme... Maintenant que j'ai tourné avec Lelouch, je peux tout faire, c'est un univers qui s'ouvre à moi : je peux faire des films de karaté, des Godzilla contre Nanard, des pornos avec Jacky Sardou, je peux même faire les Grosses Têtes, là je suis blindé.

PPDA : Bon, merci Bernard, je crois qu'on a bien fait le point...

TAPIE : Il me semble... bon faut que je te laisse, j'ai une scène avec Charles Gérard. On est tous les deux au pieu en témoins de Jéhovah et y'a Évelyne Bouix qui déboule en Edith Piaf... Me demande pas...
.


PPDA : Merci... la suite...

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LES GUIGNOLS DE L'INFO - Mercredi 18 Septembre 1996

"Budget 97"

AUTEURS : GACCIO - MAGNIER

PPD : Voilà, sans transition, je reçois Alain Juppé....

JUPPE : Le premier ministre vous recevez...

PPD : Pardon ?

JUPPE : Vous recevez le premier ministre...Alain Juppé, c'est ses amis qui le reçoivent, vous vous recevez le Premier Ministre..

PPD : Heu oui...Pardon...

JUPPE : Et ben recommencez... Essayez d'être bon au début...comme ça, ça serait fait ( bande d'incapables )

PPD : Hum...Donc monsieur le Premier ministre, vous avez présenté aujourd'hui le projet de budget pour 1997...C'est un budget un peu confus...

JUPPE : Ha bon ... Il est confus ? C'est pas vous qui n'avez rien compris, c'est le budget qui est confus...bien d'accord.

PPD Non mais, ne le prenez pas mal...C'était juste une question.

JUPPE : Elles sont bien vos questions, vous les faîtes vous même ou vous avez quelqu'un qui vous livre ?

PPD : Ne soyez pas agressif...

JUPPE : Ha mais, je ne suis pas agressif, c'est pour vous que je dis ça, si je peux vous aider à faire une bonne interview...

PPD : Merci...Je...Par rapport aux objectifs ambitieux que vous vous étiez fixés, il semblerait que ce budget 1997 ait été difficile à faire...

JUPPE : Ben non, non...Je l'ai écrit hier soir devant Fa-Si-La Chanter...

JUPPE : Evidemment que c'est difficile à faire un budget, c'est aussi pour ça qu'il n'y a qu'un premier ministre, parce que c'est difficile, et c'est pour ça qu'il y a plein de journalistes, parce que n'importe qui peut le faire...

PPD : Ecoutez, je suis désolé, je suis moi-même journaliste...

JUPPE : Ha bon et vous comptez commencer quand ?

PPD : Hum...Revenons à ce budget...

JUPPE : Revenons ? Ah parce qu'on avait commencé ?

PPD : Ben oui...C'est pour ça que je vous ai invité, pour parler du budget...

JUPPE : Si vous vous voulez ... Vous êtes sûr que vous ne préférez pas qu'on parle d'un sujet plus à votre portée ? Le foot, le famille Monaco, la météo ?

PPD : Hum ... non...Donc pour arriver à boucler ce budget, vous avez mobilisé tous les ministres, un travail de ...

JUPPE : Attendez, de quoi parle t-on ? C'est moi qui ai fait ce budget...les ministres n'ont rien à voir là dedans...

PPD : Ha bon....

JUPPE : Evidemment, si j'avais laisser faire les ministres, je ne serais pas là à essayer d'expliquer un budget confus à un journaliste supérieurement intelligent, parce que le budget il serait pas fait...

PPD : Comment ça ?

JUPPE : Vous le faîtes exprès ? C'est de notoriété publique ; je suis entouré d'incapables, il n'y pas un ministre valable dans ce gouvernement...

PPD : C'est méchant de dire ça...

JUPPE : Non, je ne suis pas méchant, je dis la vérité...Je suis obligé de tout faire, les ministres sont incapables, les patrons sont incapables, les ouvriers sont incapables, les chômeurs sont incapables, y'a pas un français de valable dans ce pays...

PPD : Hum...Et...Enfin, je veux dire, en fait il n'y aurait que vous de compétent...

JUPPE : Ah non, j'ai pas dit ça...Que les autres se fassent connaître, c'est tout...

PPD : Oui, j'ai l'impression que c'est quand même difficile de dialoguer avec vous monsieur Juppé...

JUPPE : Je ne crois pas...C'est facile, on dialogue là...Je parle, vous écoutez...Vous parlez, je vous corrige...

PPD : Heu...

JUPPE : On a fini là ?

PPD : Ben oui, du coup...

JUPPE : Alors, la suite... ( faut vraiment que je fasse tout dans ce pays )

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