Contes et fabliaux de Thulynte



Par Lord Morgul



Greetings mortals...


J'ai une petite marotte depuis mes tendres années (même le seigneur des Ombres à eu une enfance) d'écrire quelques histoires médiocres dans un monde médiéval fantastique de mon cru. Plusieurs romans pardon gros charabias indéchiffrables ont été pondus, mais je ne me hazarderai qu'au petit fabliau dans un premier temps.



CONTES ET FABLIAUX DE THULYNTE


Par Elhekazahm Akadh chroniqueur à la cour de Dord



LE SAUT DU LOUP


Ce conte est originaire d'Elfayn et est sans doute inspiré de rivalité entre de riches maisons marchandes. Les puissants négociants, ne désirant sans doute se montrer sujet à de pareilles sottises, ont peut-être transposé les reéls acteurs en gens modestes et en vilains. .. Quand aux démons, ils paraissent une fois encore bien sots, leur stupidité n'a de cesse que leur malchance répétée. Maintenant amis lecteurs, oyez donc ce fabliaux, que sa subtile naiveté vous enchante, Malthus de Soy me l'a conté pour vous.



Benoit Raguideau était un bon paysan de la paroisse d'Anoleï d'Elfayn, en un mot comme en cent, franc buveur, grand menteur, rude travailleur.Malheuresement pour lui sa pauvreté le rendait chaque jour plus envieux.La jalousie lui otait l'appétit, et la joie de vivre.Il voulait doter sa fille, en vain, il ne le pouvait guère. Quelque fois il pensait même jusqu'à solliciter l'aide de la Bête.


- Cela te jouera un tour pendable ! lui prédisait son oncle Eugène pilote marinier.


- Bah ! Sauf le respect que je vous dois mon oncle, la vie n'est pas juste, je travaille ma pleine peau, je fleuris tout les jours la tombe de ma pauvre moitié et je suis aussi manant qu'a ma naissance.Quelle chienne d'existence !


- Benoit, la colére t'égare.


- Vouloir plus de bien-être n'est point vice outrageant que je sache !


- Ta soif d'argent t'induira dans les plus cruelles erreurs.


- J'y prendrai garde mon oncle, rassurez-vous !


Paroles irréfléchies et serment de vilains. .. Un matin d'automne, il invoqua si fort le diable en un terrible juron, que celui ci apparut.C'était un démon tout de rouge vétu, visage long d'une aune, dents noires et gatées.Pourtant rien ne le rendait terrifiant : ni cornes, ni queues, ni flammes. Un démon très correct en somme, en voyage d'affaires.


- Mon gaillard, je t'ai entendu bien des fois.Ne geins plus. Conte moi tes peines j'y remedierai pour un cout fort modique.


Le pauvre Benoit avait reculé devant son interlocuteur. Mais bien vite l'appat du gain lui fit oublier toute prudence. Il expliqua posément son désir à son hôte.


- J'en ai plus qu'assez de ma misère.Je veux vivre riche et heureux ainsi que mon foyer, comme le tabellion de Cozes on notre sire le sénéchal.


- Hé,compère si tu m'écoutes, ce sera chose facile.Tes chausses et tes poches craqueront sous le poids des piéces d'or.Nos beaux damoiseaux de la cour en paliront de dépit.


Benoit en eu le vertige. Il balbutia ébloui :


- Si je veux ? Bien sur que je veux ! Je suis. .. Je suis prêt à vous obéir...


- Parfait ! Dis moi, que me baillera tu en échange, mon Prince ?


- Té ! Ce que vous voudrez ! Une paire de boeuf. .. ou mon cheval bai encore que Pierrette la chèvre n'en n'est pas moins. ..


- Morguienne ! Tu vas bien, l'ami ! Que ferai-je dans mon royaume de ces bêtes efflanquées ? Non je te prends au mot ! JE VEUX TON AME !


- Mon âme ?


- Ton âme, pardi ! La seule marchandise dont je fais commerce et tire profit.


- Messire vous plaisantez ! A quoi vous servirait-elle ?


Et le diable ricana. ..


- A quoi bon te le dire, tu es jeune et robuste.Je t'offre du bonheur pour toute ta vie. Que t'importe une pauvre vieille âme bourrellée de remords et de sottises ! Allons dépêche toi d'accepter, je suis pressé.


- Je vous en supplie proposez moi autre chose. C'est horrible ! Je vous ai appelé pour vous consulter, non pour être sacrifié !


- Arriére ! Imbécile, menteur tricheur,homme de peu,homme de rien !


Le démon furieux sortit de sa poche une baguette de ronces épineuses, traça sur la terre battue plusieurs cercles, un petit, deux grands, un minuscule aux pieds de Benoit saisi de frayeur. Il cracha au milieu de la piéce, et proféra des mots qui n'était ni d'ici ni d'ailleurs !
Une odeur terrible de poisson pourri empuantit la cuisine. Nul doute que le démoniaque invité accumulait les pires maléfices sur la tête de Benoit.
Son compte paraissait bon et l'aurait été s'il n'existait pas une divine providence pour les faibles les justes et les sots.


- Messire...soyez généreux...soumettez moi à une épreuve,si tel est votre bon plaisir, mais pitié pour mon âme !


- Pitié, pitié, ah ! Tu m'impatientes mon bonhomme. Enfin je suis bien disposé aujourdui, tu as de la chance. Accepte donc pour voir, de vider l'étang de Trier-Têtu la nuit prochaine. S'il est à sec quand les coqs chanteront, je te donnerai un sac bourré d'écus, tu garderas ton âme et j'oublierai tes offenses. Sinon s'il reste seulement une demi pinte d'eau quand les cocoricos réveilleront le village, tu seras à moi, entends tu ? Si le coeur t'en dit toujours, mon lascar tope là !


- Je tope ! Marché conclu ! répliqua le paysan en crachant par terre heureux de garder son âme encore un jour. Et le triste sire disparut, comme il était venu.


Benoit en s'approchant de l'étang, constata avec desespoir que sept nuits lui suffiraient à peine. Il était bien perdu. Navré il s'en fut conter sa mésaventure à l'oncle Eugène persuadé qu'il apporterai consolation.


- Que t'avais-je prédit ! s'exclama le brave marinier, épouvanté. Te voilà frais ! A-t-on idée pareille folie ? Tu l'as cherché mon fils...


-Hélas, tirez de là votre infortuné neveu, le fils de votre soeur. Faîtes que je garde l'or et l'âme. Tenez je fais serment de bien partager tous ces maudits écus et ma part entière ira à la dot de Thelma.


- Mazette ! Quelle charité ! Attends. .. Je crois avoir trouvé un subterfuge. ..


Et Eugene parla longtemps à voix basse à l'oreille de son neveu attentif. ..



La nuit tombé, Benoit se mit à l'ouvrage. Il travailla sept jours et sept nuits.
Un nouveau jour rosissait le ciel quand il rejeta extenué le dernier seau d'eau.
Aussitôt, les cocoricos éclatérent partout en glorieuses fanfares et immédiatement le malin apparut et il fut fort ébahi.


- Tu as rudement travaillé. Je n'ai qu'une parole !


Et une pluie d'or chut autour de Benoit. ..
Alors des éclats de rire fusèrent du village entier.


- Je t'ai berné, je t'ai berné ! hurla le paysan.


- Sache donc, que j'y ai travaillé durant une semaine ! Afin de me venir en aide, mes amis avaient voilé toutes les fenêtres de nos poullaillers. Les coqs ont du trouver la nuit fort longue, les braves bestioles ! Qu'en dis tu pauvre sire ?


- J'aurai ton âme quand même ! Tu as triché !


- Pas du tout, un marché est un marché, est-ce ma faute si tu es sot comme mon bourricot ? J'ai ton or et tu n'auras pas mon âme !


L'autre en fut si furieux qu'il faillit s'étrangler de mâle rage. Comme il ne put en mourir, il se changea en loup, fit un bond formidable et disparut... lui sait ou. Et depuis, on appelle cet endroit le saut du loup.Tout le monde s'en trouva bien, le vilain qui avait eu des sueurs froides repartit généreusement sa manne et la jeune Thelma fut bien dotée.




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