MMX : Vasistasse ?



*WN* le 23-02-97

Vraiment, Intel n'arrête pas de nous surprendre! Il y a quelques temps, une publicité sur nos petits écrans signée Intel (donc implicitement mensongère!) tente de nous faire acheter un nouveau produit fabriqué par des mecs en combinaison ignifugée qui dansent le smurf en rajoutant aux Pentium classiques, eux fabriqués dans l'austérité, le MMX. Sans d'ailleurs nous laisser comprendre ce qu'est le MMX, ce qu'il fait, bref Intel continue à considérer le grand public comme des abrutis. En gros, c'est nouveau, c'est Intel alors achetez. Hé ben moi, j'ai acheté... non, pas un PMMX, mais SVM Micro. Pour en savoir plus, parce que ces salopards, ils ont quant même piqué ma curiosité. Alors ? Ben... j'en suis tombé sur le cul, ne sachant si il fallait rire, en pleurer, ou même se réjouir. A vous de voir... GROS PLAN SUR LE MMX !

Ce qui étonne, c'est que le grand public est directement ciblé commercialement parlant. Les MMX sont des puces sur BASE Pentium. Par cela, il faut entendre qu'au même titre que le Pentium est conçu sur la base de deux 486 avec un super pipeline, le Pentium MMX n'est PAS un Pentium. Le MMX n'est donc pas un élément rajouté, le Pentium a subi une refonte globale. Alors, pourquoi appeler le PMMX "PENTIUM" ? Ben en fait, Intel veut sécuriser le grand public. Ça veut dire "mais non, pas encore une nouvelle puce... une mise à jour, sans plus, que ceux qui ont acheté un Pentium il y a trois mois n'en croient pas la technologie dépassée...". Hé oui, c'est finement joué ! La moitié des gens (selon sondages) pensent qu'acheter du nouveau matériel revient à se faire avoir, puisqu'un matériel est quasi obsolète au bout de 6 mois, moment où il se vend des milliers de francs moins cher. Il convenait de rassurer les récents acheteurs, tout en donnant un motif d'achat aux futurs acheteurs. D'où la pub qui en dit si peu et le fait qu'on garde le nom Pentium. Mesquin ? Sans doute. Passons aux caractéristiques techniques.

Le PMMX n'est composé que de 30% d'éléments du Pentium classique, les autres étant modifiés ou implémentés. La vocation du PMMX, c'est le multimédia ! Faut-il en déduire qu'il n'est plus besoin de carte son ou vidéo ? Va-t-on enfin retrouver des cartes sons et vidéo intégrées aux cartes mères, chose que seuls les PC n'ont pas ? Ho que non, bien au contraire. Paradoxal ? On sait que les PCistes ont une notion bien particulière du Multimédia...

En considérant le MMX sous un aspect fonctionnel, celui-ci apporte 57 instructions qui émulent... un DSP ! Formidable, non ? Les joies du Digital Signal Processing, enfin sur PC ! Mais là on ne comprend plus bien. Ho, ce n'est pas encore une fois le retard des architectures PC, mais c'est plutôt le fait qu'il est coutumier de le combler par l'achat de cartes coûteuses : quelle AWE 32 ou Gravis Ultra Sound, ou quelle Matrox n'a pas son DSP ? Le plus marrant, c'est qu'il a fallu qu'on aie des Pentium 200, avec la puissance de calcul qu'on sait, pour s'apercevoir que les DSP apportent un gain de puissance considérable, alors que les 486, contemporains du Falcon, en auraient certainement eu plus besoin... On marche sur la tête!

Ainsi, le MMX permet de traiter un flot; ou plutôt un flux (stream) de données comme un signal numérique et de le traiter avec des algos souvent répétitifs et à base de trigo. Ce qui est très lourd pour un processeur normal, mais très rapide pour un DSP. Sur certains calculs, le DSP 56001 à même vitesse que le 68030 du Falcon (40 MHz) [NdTB : avec une Centurbo, non ?] peut être 10 fois plus rapide que ce dernier. Qu'est-ce que cela a de multimédia? Rien, bien sûr, seulement l'application qu'on en fait, comme pour les processeurs classiques. Les applications avec la 3D, le mixage, le mapping auxquels nous sommes habitués avec le cher DSP sont applicables avec le MMX, avec le gain de rapidité qu'on sait.

Toutefois, le PMMX est sujet à un problème. C'est le même avec le 030 et le 882 dans le Falcon : on peut faire travailler l'un OU l'autre, puisque le copro n'est pas indépendant. De plus, il n'a pas du tout de mémoire tampon : le 030 ne fait que lui envoyer des instructions, récupérer les calculs et les envoyer en mémoire. Sur PC, c'est la même chose avec le copro. Mais également avec les unités MMX, dont les instructions ont les mêmes adresses logiques que celles qui doivent aller au FPU ! Il faut donc les aiguiller selon les types d'instruction. Il faut 50 cycles pour que le PMMX fasse cela... là ou le DSP du Falcon peut travailler en même temps que le processeur, ou le coprocesseur, dans sa propre mémoire tampon. Tout intégrer dans une puce devient un affreux casse-tête et laisse traîner des paradoxes comme ceux-là.

Les avantages des MMX sont tels qu'un PMMX 166 surpasse largement les Pentium 200 classiques. La puce a été entièrement redessinée, et les gains de vitesse se ressentent dans une majorité de cas, même les plus banals. La mémoire cache est de 2*16 Ko, au lieu de 2*8, le bus a été optimisé, la lecture/écriture sur disque dur est 50% plus rapide... des tas de choses ont donc été améliorées.

Mais le PMMX est-il convaincant ? Le but n'est-il pas en fait d'équiper des ordinateur pouvant rivaliser avec les consoles dont les titres se retrouvent et dont les performances sont meilleures à un prix divisé par 10 ? Il semble que si. Alors que certains jeux utilisent déjà les capacités du DSP de la Matrox, Intel souhaite que les jeux soient auto-modifiants pour exploiter à fond la puissance des ordinateurs. Pour mieux tenter d'acheter le plus cher, et donc le plus puissant ? Certes ! Mais il faut voir un certain avantage : le PMMX sera un peu plus cher (pour l'instant, il est beaucoup plus cher) à l'achat, mais permettra d'acheter des cartes sons et vidéo moins cher, sans processeurs additionnels comme justement pour la Matrox. Mais pour l'instant, les développeurs se cassent la tête, car les librairies C des instructions MMX ne sont pas disponibles. Et cela complexifie - et retarde ! - la sortie des jeux, ce qui est très dépréciatif. Il faut également voir que Cyrix et AMD préparent leurs propre versions de clônes MMX/KLAMATH.

Toujours est-il que les possesseurs de Pentium auront mieux fait de s'acheter une Matrox et une GUS qu'un nouveau PMMX. Mais la chose est vouée à changer. Le PC tend nettement à ressembler de plus en plus aux systèmes intégrés. D'ici à voir Windows en ROM, il n'y a pas loin ! Un dérivé du PMMX, le Klamath, est déjà à l'étude, et amènerait un nouveau système de carte mère. Les PC vont ressembler de moins en moins à des PC. Arriveront-ils à nous faire rêver d'autre chose que de vitesse et de 3D ? On en n'est pas là, il leur faut encore un système d'exploitation à la hauteur, chose que Microsoft gâche depuis 15 ans.


ADDENDUM DU 10/10/97

Le Pentium II est sorti. Cette fois-ci, je ne me fais pas couiller (comme beaucoup de consommateurs d'ailleurs) : je ne m'y intéresse même pas. J'aimerais vous parler du 68080, d'ici à ce que je trouve des détails.

Bonne ataristite motorolienne à tous.



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