Vraiment, Intel n'arrête pas de nous surprendre! Il y a quelques temps, une publicité sur nos petits écrans signée Intel (donc
implicitement mensongère!) tente de nous faire acheter un nouveau
produit fabriqué par des mecs en combinaison ignifugée qui dansent
le smurf en rajoutant aux Pentium classiques, eux fabriqués dans
l'austérité, le MMX. Sans d'ailleurs nous laisser comprendre ce
qu'est le MMX, ce qu'il fait, bref Intel continue à considérer le
grand public comme des abrutis. En gros, c'est nouveau, c'est
Intel alors achetez. Hé ben moi, j'ai acheté... non, pas un PMMX,
mais SVM Micro. Pour en savoir plus, parce que ces salopards, ils
ont quant même piqué ma curiosité. Alors ? Ben... j'en suis tombé
sur le cul, ne sachant si il fallait rire, en pleurer, ou même se
réjouir. A vous de voir... GROS PLAN SUR LE MMX !
Ce qui étonne, c'est que le grand public est directement ciblé commercialement parlant. Les MMX sont des puces sur BASE
Pentium. Par cela, il faut entendre qu'au même titre que le
Pentium est conçu sur la base de deux 486 avec un super pipeline,
le Pentium MMX n'est PAS un Pentium. Le MMX n'est donc pas un
élément rajouté, le Pentium a subi une refonte globale. Alors,
pourquoi appeler le PMMX "PENTIUM" ? Ben en fait, Intel veut
sécuriser
le grand public. Ça veut dire "mais non, pas encore une nouvelle
puce... une mise à jour, sans plus, que ceux qui ont acheté un
Pentium il y a trois mois n'en croient pas la technologie dépassée...". Hé oui, c'est finement joué ! La moitié des gens (selon
sondages) pensent qu'acheter du nouveau matériel revient à se
faire avoir, puisqu'un matériel est quasi obsolète au bout de 6
mois, moment où il se vend des milliers de francs moins cher. Il
convenait de rassurer les récents acheteurs, tout en donnant un
motif d'achat aux futurs acheteurs. D'où la pub qui en dit si peu
et le fait qu'on garde le nom Pentium. Mesquin ? Sans doute. Passons aux caractéristiques techniques.
Le PMMX n'est composé que de 30% d'éléments du Pentium classique, les autres étant modifiés ou implémentés. La vocation du
PMMX, c'est le multimédia ! Faut-il en déduire qu'il n'est plus
besoin de carte son ou vidéo ? Va-t-on enfin retrouver des cartes
sons et vidéo intégrées aux cartes mères, chose que seuls les PC
n'ont pas ? Ho que non, bien au contraire. Paradoxal ? On sait que
les PCistes ont une notion bien particulière du Multimédia...
En considérant le MMX sous un aspect fonctionnel, celui-ci
apporte 57 instructions qui émulent... un DSP ! Formidable, non ?
Les joies du Digital Signal Processing, enfin sur PC ! Mais là on
ne comprend plus bien. Ho, ce n'est pas encore une fois le retard
des architectures PC, mais c'est plutôt le fait qu'il est
coutumier de le combler par l'achat de cartes coûteuses : quelle
AWE 32
ou Gravis Ultra Sound, ou quelle Matrox n'a pas son DSP ? Le plus
marrant, c'est qu'il a fallu qu'on aie des Pentium 200, avec la
puissance de calcul qu'on sait, pour s'apercevoir que les DSP
apportent un gain de puissance considérable, alors que les 486,
contemporains du Falcon, en auraient certainement eu plus besoin...
On marche sur la tête!
Ainsi, le MMX permet de traiter un flot; ou plutôt un flux
(stream) de données comme un signal numérique et de le traiter
avec des algos souvent répétitifs et à base de trigo. Ce qui est
très lourd pour un processeur normal, mais très rapide pour un
DSP. Sur certains calculs, le DSP 56001 à même vitesse que le
68030 du Falcon (40 MHz) [NdTB : avec une Centurbo, non ?] peut
être 10 fois plus rapide que ce dernier. Qu'est-ce que cela a de
multimédia? Rien, bien sûr, seulement l'application qu'on en fait,
comme pour les processeurs classiques. Les applications avec la
3D, le mixage, le mapping auxquels nous sommes habitués avec le
cher DSP sont applicables avec le MMX, avec le gain de rapidité
qu'on sait.
Toutefois, le PMMX est sujet à un problème. C'est le même
avec le 030 et le 882 dans le Falcon : on peut faire travailler
l'un OU l'autre, puisque le copro n'est pas indépendant. De plus,
il n'a pas du tout de mémoire tampon : le 030 ne fait que lui
envoyer des instructions, récupérer les calculs et les envoyer
en
mémoire. Sur PC, c'est la même chose avec le copro. Mais également
avec les unités MMX, dont les instructions ont les mêmes adresses
logiques que celles qui doivent aller au FPU ! Il faut donc les
aiguiller selon les types d'instruction. Il faut 50 cycles pour
que le PMMX fasse cela... là ou le DSP du Falcon peut travailler
en même temps que le processeur, ou le coprocesseur, dans sa
propre mémoire tampon. Tout intégrer dans une puce devient un
affreux casse-tête et laisse traîner des paradoxes comme ceux-là.
Les avantages des MMX sont tels qu'un PMMX 166 surpasse
largement les Pentium 200 classiques. La puce a été entièrement
redessinée, et les gains de vitesse se ressentent dans une
majorité
de cas, même les plus banals. La mémoire cache est de 2*16 Ko, au
lieu de 2*8, le bus a été optimisé, la lecture/écriture sur disque
dur est 50% plus rapide... des tas de choses ont donc été
améliorées.
Mais le PMMX est-il convaincant ? Le but n'est-il pas en fait
d'équiper des ordinateur pouvant rivaliser avec les consoles dont
les titres se retrouvent et dont les performances sont meilleures
à un prix divisé par 10 ? Il semble que si. Alors que certains jeux
utilisent déjà les capacités du DSP de la Matrox, Intel souhaite
que les jeux soient auto-modifiants pour exploiter à fond la puissance des ordinateurs. Pour mieux tenter d'acheter le plus cher,
et donc le plus puissant ? Certes ! Mais il faut voir un certain
avantage : le PMMX sera un peu plus cher (pour l'instant, il est
beaucoup plus cher) à l'achat, mais permettra d'acheter des cartes
sons et vidéo moins cher, sans processeurs additionnels comme justement pour la Matrox. Mais pour l'instant, les développeurs se
cassent la tête, car les librairies C des instructions MMX ne sont
pas disponibles. Et cela complexifie - et retarde ! - la sortie
des jeux, ce qui est très dépréciatif. Il faut également voir que
Cyrix et AMD préparent leurs propre versions de clônes MMX/KLAMATH.
Toujours est-il que les possesseurs de Pentium auront mieux
fait de s'acheter une Matrox et une GUS qu'un nouveau PMMX. Mais
la chose est vouée à changer. Le PC tend nettement à ressembler de
plus en plus aux systèmes intégrés. D'ici à voir Windows en ROM,
il n'y a pas loin ! Un dérivé du PMMX, le Klamath, est déjà à l'étude, et amènerait un nouveau système de carte mère. Les PC vont
ressembler de moins en moins à des PC. Arriveront-ils à nous faire
rêver d'autre chose que de vitesse et de 3D ? On en n'est pas là,
il leur faut encore un système d'exploitation à la hauteur, chose
que Microsoft gâche depuis 15 ans.
ADDENDUM DU 10/10/97
Le Pentium II est sorti. Cette fois-ci, je ne me fais pas
couiller (comme beaucoup de consommateurs d'ailleurs) : je ne m'y
intéresse même pas. J'aimerais vous parler du 68080, d'ici à ce
que je trouve des détails.
Bonne ataristite motorolienne à tous.