Quelques sketches de Coluche


Recopiés par The Beast

Le syndicat : le délégué (1979)


Y en a qui s'emmerdent avec du pognon, hein ? J'l'ai entendu dire, moi ! Y a des mecs bourrés de pognons... ils s'emmerdent, hein ! Nous on s'emmerde pas mais on n'en a pas... on s'fait pas chier ! Moi, j'ai trouvé une combine maintenant. Euh.. j'achète tout a crédit alors, euh... c'est retenu sur ma paye. Y a des fins de mois, je touche tellement peu que j'sais pas si je bosse ! C'est bonnard !

Par exemple, la euh... je viens de m'acheter une maison de campagne, au bord de la mer ! Ca s'appelle comme ça, je m'excuse ! Je l'ai achetée à crédit, enfin, à côte de crédit... pas loin ! C'est une maison de campagne en Normandie parce que c'est là que c'est le moins cher comme bord de mer. Enfin c'est pas là qu'il fait le plus beau, mais enfin, c'est beau déjà ! Et pis, on a beaucoup exagéré avec le climat de la Normandie, hein ! Moi je vois, j'y suis allé trois fois cet été, il a pas neigé une seule fois. Et puis... euh... le climat est très sain pour celui qui supporte les bottes en caoutchouc. Et puis, le mec qu'est copain avec une grenouille, il l'emmène, elle est contente ! Non ! évidemment ! En Normandie il pleut un petit peu, mais en France, il pleut partout un petit peu. En Normandie, il pleut un petit peu partout... bon ! Alors moi, j'ai acheté une maison Merlin. Voyez ?... Maison Merlin, cage à lapin. Bon ! J'ai pris un crédit personnalisé à long terme. Parce que chez Merlin, c'est le crédit qu'est cher, c'est pas la maison, hein ! Parce que quand on voit la maison, on se dit :
- C'est pas vrai ? Ca a pas couté ce prix là !
- Non, non. C'est le crédit qu'est cher.
- Ah bon, tu m'as fait peur !
D'ailleurs, la preuve, c'est quand on a fini de payer, si on pouvait revendre le crédit, on se ferait plus de pognon qu'en revendant la maison, hein ! Bon alors j'ai pris un crédit personnalisé à long terme. Personnalisé, c'est chacun le sien. A long terme, ca veut dire que c'est un prêt, si vous voulez, mais de loin... A long terme, ca veut dire que moins tu peux payer, plus tu payes. C'est à dire... euh... non, c'est pas ça ! La formule de Merlin, c'est : "Pendant le crédit, tu répares ce qui s'écroule, et au bout de 15 ans, les ruines sont à toi." Bon alors... euh...

Alors dejà dans la vie, peinard, et alors au boulot maintenant, je suis syndiqué. Je suis à F.O., Force ouvrière. Gardez vos forces, les ouvriers ! F.O., c'est sérieux comme syndicat. "F.O., voilà un syndicat qu'il est beau ! F.O., le syndycat qu'il vous faut !". C'est un syndicat qu'est très bien parce qu'il est le plus petit. C'est celui qui fait le moins grève... donc, on gagne plus. Quand on est obligé, on la fait, parce que sans ça, ça se verrait. Mais c'est toujours nous qu'on reprend le boulot le plus vite, hein ! Je vois à mon usine on est sept. C'est le plus petit, comme syndicat, c'est le plus petit. Alors il est un peu sur la corde raide. Si il penche trop du côté des ouvriers, les patrons payent plus. Et puis si il penche trop du côté des patrons, ça va finir par se voir ! Vu que c'est eux qui payent, et c'est pas le but de la manoeuvre ! Bon parce que vous comprenez, les syndicats ils sont un peu dans une situation délicate ! Des fois, j'entends des ouvriers qui disent : "Oh mais, tout ça, les syndicats sont complices !" C'est pas vrai ! Pas tous ! La plupart, mais pas tous ! Parce que par exemple, prenez le problème : en France, vous avez 20 millions de travailleurs, je compte les chômeurs, hein! Sans quoi ça ferait moins... 20 millions de travailleurs et il y a 2 millions de syndiqués, les chomeurs d'ailleurs !

Bon ! Alors, c'est pas compliqué. Vous allez faire la grêve à 18 millions de mecs pas inscrits... C'est pas un problème, ça ! Leur faire reprendre le boulot quand les revendications n'ont pas abouti... c'est plus dur ! Parce que en 68, les ouvriers de chez Renault, ils avaient dit à Séguy : "Eh ben les accords de Grenelle vous avez qu'à vous les tailler en pointe !". Alors lui, il peut pas ! C'est un homme, il est tout rouge, il a déjà autre chose... Ou alors il se maquille avec un gant de crin...

Bon ! Alors moi, je suis délégué syndical, moi ! A mon usine, j'arrive le matin : "Camarades, nous étudierons aujourd'hui la contestation syndicale face au grand capital ! Camarades, la contestation syndicale est née du capital, elle est engendrée par le capital. Le capital est donc plus important que la contestation car la contestation ne vit pas de ce qu'elle conteste, alors que le capital vit de sa contestation !". Je vais vous rassurer tout de suite: les autres ne comprennent pas non plus! Mais au moins, ça fait plaisir aux mecs de savoir qu'ils sont compris par des mecs qui comprennent des trucs qu'on comprend pas. Parce qu'on est pas con, au syndicat. On fait croire qu'on comprend, hein ! On est pas con !

Et puis moi, j'ai repéré un truc : le ton compte beaucoup, les gestes aussi ! Là, je vais vous faire un exemple :
- Camarade balayeur, grâce au syndicat et par le truchement du dialogue, tu seras l'égal du patron ! Dans le dialogue, hein ! Parce que dans le détail, tu sera payé moins et puis c'est toi qui continueras à balayer la cour !
- Ah bon ! J'perds pas mon boulot ?
- Non, non.
- Oh ben, ça va alors !
Alors, moi, comme je suis délégué, je suis très bien reçu. Je suis reçu par le patron... à la campagne :
"- Entrez, mon ami ! Asseyez-vous, c'est du cuir ! Touchez à mon chien, vous connaissez ma femme ?"
Bon. Ou le contraire. Ca dépend de la taille du chien !
- Bon. Alors ? Vous fumez le cigare ?
- Non, mais je tousse !
- Ah, pauv'con...
On était en train de parler a bâtons rompus, que je préfère à brûle-pourpoint parce qu'on s'brule... Bon ! Quand il m'a demandé, quand c'est qu'on arrête la grêve. Alors moi je lui ai repondu : "Ben... C'est quand vous voulez, c'est vous l'patron ! Ca dépend du stock !". Parce que moi, j'suis dans une usine où c'est que la grêve dépend directement du stock ! Je vais vous expliquer... Y a des usines comme ça, que la grêve dépend du stock. Par exemple vous avez: Lip... Vlan ! Boussac... Vlan ! Manufrance... Ne m'appelez plus Manufrance ! La France elle m'a laissé tombé ! Mais Zorro va arriver. Ta da ta da ! Bon. Vous prenez des usines, comme Longwy, dans l'Est... C'est des usines qui fabriquent des pièces de fonte qui vont sur des machines à vapeur qu'on a donné aux Indes. Alors c'est dur d'en vendre, hein ! Parce que, c'est des usines qui appartenaient à l'Etat, ça, avant ! En moitié, vous savez ? Ils avaient pris des parts, comme ils disent. Pour renflouer, c'était déjà trop tard !

Puis alors, comme les gens du gouvernement ils sont pas là pour rester, parce qu'après ils se barrent, alors ils prennent un peu de... et puis il se cassent ! Alors, les mecs, ils se retrouvent avec leurs usines. Parce que le maire de Saint-Etienne, c'est un maire communiste. Il savait pas pourquoi il avait été élu aussi facilement ! Il vient de comprendre. Il a fait :
"- Bon sang ! Mais c'est bien sûr !"
Alors, parce que la société, c'est une chaîne... C'est une chaîne, la société ! Salut les maillons !

Bon. Vous avez l'état, le patron, le syndicat, l'ouvrier, la police, l'état, le patron, le syndicat, l'ouvrier, la police... Quand on a trop de gens qui gueulent dans la rue pour avoir du boulot, on leur envoie les flics pour leur casser la gueule. Ben, c'est un truc nouveau, ça vient de sortir. C'est que quand on a des mecs qui gueulent pour avoir du boulot, on leur casse la gueule :
"- On veut du boulot !"
"- Salauds !"
Vlan ! Hé, ça fait toujours du boulot pour les flics alors là, si vous voulez ! Quand y a trop de mecs dans la rue, l'Etat dit aux patrons :
"- Engagez-moi donc des chômeurs qui font désordre, parce qu'on doit recevoir Helmut Schmidt."
Bon... Ca fait désordre, ça va crier avec de la pancarte. Tout ça pue ! Bon. Alors l'autre, il engage les chômeurs. Et puis alors, c'est là que le stock il intervient, parce que du coup, il fabrique encore plus qu'il ne vend ! Donc, le stock se remplit et quand le stock est plein, le patron, il peut plus bosser! Il se retourne vers son partenaire social, qu'est le syndicat et lui dit :
"- Mon pauv'gars, on va débaucher une certaine catégorie de personnel !"
Le syndicat appelle à la grêve :
"A LA GREVE !"
Prenez des notes, hein ! Parce que je vais pas répéter, hein !
Les ouvriers :
"- Qu'est-ce qu'y a ?
- C'est la grêve !
- Ben, y viennent d'embaucher !
- Ben, y débauchent !
- Ah bon, ! Salauds ! Le patron, rengagez nos camarades ! Aïe ! Euh...(Pan sur la tête) Aïe ! Salut Roger ! T'es dans la police maintenant ! Aie ! Pardon , s'il vous plait, m'sieur l'agent... Aïe ! La République ?
- C'est par là !" (Vlan !)

Bon. Alors la grêve dure des fois trois semaines, des fois même trois semaine, voire même... Y en a deux qui suivent ! c'est intéressant, non ? Pendant les trois semaines, qu'est-ce qu'il fait le patron ? Il vend ce qu'il a dans son stock ! Il a pas besoin des ouvriers qui fabriquent, pour vendre. Alors, au bout de trois semaines, il a tout vendu. Il dit : "Voilà les mecs... vous avez gagné. Je rengage tout le monde !" Et les mecs retournent bosser : "On a gagné ! On a gagné ! On a... à part les trois semaines qu'on a dans le cul !".

"Bon, le problème, a dit le patron, y a deux problèmes : y a un problème du côte patron, et y a un problème du côte ouvrier qui se fait sentir !" Ca sent le problème, ici...

Le patron, quand il rembauche les ouvriers, il est obligé de les augmenter, après la grêve. C'est embêtant ca ! D'ailleurs, il m'a dit : "C'est ça le problème, parce que, vous comprenez, les ouvriers, il sont bien gentils, moi je les aime bien, moi les ouvriers, et puis il en faut ! Surtout des pauvres !". Il m'a dit: "Les ouvriers, ils demandent ça. On leur donne ça ! Bon, mais ils le prennent ! On est embêtés !".

Et alors du côté ouvrier, il y a un problème : C'est que la grêve, c'est pas payé ! Vous comprenez ? Sauf dans les grandes administrations, mais ça, c'est pas payé, la grêve. Alors un mec qui dit: "On a gagné ! On a gagné !" Ben, ils ont perdu trois semaines ! Alors y avait des remous ! "Ouais, euh... Ouais, le syndicat nous a fait faire la grêve. Tout ça, euh... on a gagné ta ta ta... Tu vas voir ta ta ta! On a paumé trois semaine, oui !".

J'ai dit : " Camarades, camarades ! D'aucuns diront que le syndicalisme est à la société moderne ce que le mercurochrome est à la jambe de bois. A ceux là je dirai, rappelez vous l'essentiel : Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme ! Le syndicalisme, c'est le contraire !".




L'auto-stoppeur (1975)


Salauds ! Enfoirés ! Y'en a pas un qui s'arrêterait !...Tiens ?
Qu'est ce que c'est qu'ça ? Ca existe ça, comme bagnole ?
C'est un truc qu'il a fait lui-même ou quoi !?
Pardon ? Non, non, j'attends quelqu'un.
Quoi, le sac ? Non, non, il est pas à moi !
Où je vais ? Vous allez à Paris ?
Non, à Lyon.
Bon, ça nous rapprochera toujours un peu, allez !
C'est quoi comme bagnole, c'est Français ?
Ah, ben, oui. Ca a l'air costaud. Et puis ça doit pas être cher.
Ca vaut combien ?
Ah quand même ! Ben, y s'emmerdent pas !
Remarquez, si y trouvent des couillons pour payer....
Non, j'dis pas ça pour vous, y en a qui en on besoin.
Moi je risque pas d'passer pour un con avec ma bagnole, j'en ai pas !
Comme ça, j'paye pas d'essence, pas d'assurances, pas d'vignettes, et pourtant j'en ai fait des kilomètres !
Je dis : on entend bien le moteur.
C'est un diesel ?
Non ?
Ah, au moins, on est sûrs qu'on n'est pas en panne !
Dites, ça vous dérange pas que je fume ?
Qu'est-ce que vous avez comme cigarettes ?
Des blondes ? Oh ben, faut pas être difficile !
Dites, j'regarde, y a pas d'allume-cigares !
Ils le font en option ? Vous auriez pu le prendre, c'est pratique quand même. Ben non ! J'ai pas de feu, vous savez c'que c'est, on s'charge le moins possible pour pas déranger.
(Il tousse)
Ils le vendent ça ? Ils ont le droit ? J'croyais qu'ils l'offrait avec la bagnole.
Dites donc, à cette vitesse là on est pas arrivés !
Comme ça, si on a un accident, on l'aura moins vite.
Faudrait pas qu'on ait un accident, d'ailleurs, il en resterait pas beaucoup de votre mixer.
C'est de la tôle, hein !... C'est même du plastique, là... ils s'emmerdent pas !
Remarquez, on s'en fout, on est pas préssés, on couchera a Lyon.
On essayera de trouver un hôtel pas cher qui soit sur la route de Paris.
A moins qu'on trouve un mec sympa qui nous invite à manger chez lui, mais faut tomber dessus !
Non j'dis pas qu'vous êtes pas sympa !
J'dis qu'chez vous ça va pas être possible ?
Vous êtes sur ?
Parce que si ça vous dérange, moi ça me gène !
Bon d'accord. Remarquez, c'est pas de refus, surtout qu'on a rien bouffé à midi...
Moi ça va, mais c'est le chien ! C'est qu'ça bouffe un doberman ! Enfin, vous verrez bien ce soir.
Oui parce que vous allez rire, ce midi on a pris une voiture encore plus pourrie que la vôtre !
C'est pas pour dire, comme les poubelles, mais moins pratique, y a pas les poignées. Alors on s'est pas arrêtés.
C'est sympa le stop, quand même, hein ! On rencontre des gens, ils vous transportent dans votre bagnole, ils vous offrent des cigarettes, ils vous payent à bouffer, ils vous invitent à dormir ! Y en a même qui vous filent du pognon ! Si ! Pour qu'on se barre ! Mais on donne ce qu'on veut, hein ! Ah oui ! c'est sympa !
Dites, je pense, vous habitez pas sur la route de Paris si ça se trouve ? Ben, pour demain, ça va vous faire lever de bonne heure ! Ben oui pour nous accompagner sur la route de Paris ! Vous voulez pas dire qu'on va y aller à pied, quand même ! Ah ben, il est sympa, lui alors ! On monte dans sa bagnole, elle est pas terrible, il nous invite à bouffer, on sait même pas si on va pas se blesser en ouvrant des boîtes, il nous invite a dormir, on sait pas sur qui on tombe... Si en plus on est obligé de s'taper 30 bornes à pied pour sortir de la ville !
Surtout que demain vous, ça va pas vous déranger beaucoup. De toute façon, a 5 heures, y aura personne dans les rues. Le temps de faire 30 bornes et de revenir, à 7 heures vous êtes couché.
Ah ! c'est l'heure à laquelle vous vous levez ? Eh ben, comme ça vous aurez pas besoin de vous lever !
Dites, je pense à un truc, vous allez pas à Paris demain avec votre mixer ?
Non ?
Dommage, on aurait pu vous emmener !




Le Belge (1979)


(Coluche prend un fort accent belge)

Ah !... C'est formidable, hein ! Savez-vous maintenant que les Français ils nous prennent pour des imbéciles ? Ah, puis au début, ça est un peu ! Puis après ça est un gros peu, hein ! Hé, moi, je le sais bien, parce que je suis allé à Calais. Pendant le week end.

C'est parce que ma femme avait gagné des skis nautiques, et puis par chez nous, c'est tout plat, y a pas de lacs en pente, hein ! Alors on était partis à Calais, comme ça on s'était dit: on pourra toujours jouer avec les planches, hein ! Parce que l'année dernière, on avait été a Venise mais on avait pas eu d'chance! On est arrivés et c'était tout innondé, hein! Oh ben, c'est pas que c'est moche par chez nous ! C'est très joli la Belgique ! Vous devriez visiter Anvers, hein ! Rien que pour l'endroit ! Ca vaut le coup, dejà ! Ben ce qu'on s'fait beaucoup critiquer, nous, les Belges !

Moi je vois, n'est-ce pas, je m'arrête a une station service pour désaltérer l'automobile, et puis également ma femme et moi, n'est- ce pas ! Alors je mets 1 franc dans une machine de Coca-Cola, il tombe une bouteille ! Je mets un autre franc, il tombe une autre bouteille. Je mets un autre franc... Et les gens disaient : "Mais il va tout prendre !" Ben, dites donc, tant que j'gagne je joue, hein ! Alors ! Ben alors ! Ca c'est exagéré !

Ben, tenez, chez le marchand de chaussure, c'est que j'me fais tout le temps critiquer, savez-vous ? Parce que je prends tout le temps les plus grandes ! Ben, dites donc, si le 45 c'est le même prix que le 41, je vais pas prendre les plus petites, hein ! Tenez tenez !

Ben, c'est qu'on a t'étés embétés, avec l'automobile. Ca parce que j'avais claqué la portière et puis qu'j'avais laissé les clefs à l'intérieur ! D'autant qu'il pleuvait et qu'on avait laissé les vitres ouvertes, pour vous dire, hein ! Ben, on a eu des ennuis avec l'automobile.... après c'était les clignoteurs qui n'marchaient plus ! Une fois, ils marchaient, une fois il marchaient plus ! Une fois ils marchaient, une fois ils... Même à un moment on nous avait volé la voiture ! Heureusement qu'j'ai eu le temps de prendre le numéro, hein !

Mais c'est qu'les Français, ils nous aiment pas, mais c'est que, n'est-ce-pas, ils se moquent tout le temps de nous, mais ça, vous savez pourquoi ils aiment les histoires belges ? C'est parce que c'est pas dur à comprendre, hein ! Mais, c'est parce que qu'ils sont jaloux, ça ! Parce que nous sommes plus forts qu'eux dans le sport ! Et encore nous avons arrêté le water-polo ! On avait noyé tous les chevaux ! Les Français ne sont pas forts dans le sport. Savez vous pourquoi ils ont choisi le coq comme emblème? Ben c'est parce que c'est le seul oiseau qu'arrive a chanter les pieds dans la merde, hein ! Ah oui !

Nous savons aussi avoir de l'esprit, hein ! Je n'en ai pas personnellement, ma femme non plus, mais j'ai un camarade qui en a eu pour le mois de juillet ! On s'est amusé ! Il disait par exemple : "Le comble pour un chauve, c'est de pêcher une raie...". Celui qu'a un poisson sur la tête il a l'air aussi idiot que sans, hein! Vous êtes comme moi, j'ai eu du mal à comprendre ! Il disait tout l'temps : "Le chauve, c'est adéquat, c'est comme Sheila, parce que Sheila, elle a des couattes." Ah ah ah ah... ! Elle est très amusante aussi, voyez ! Non, c'est un garcon qu'était pas très malin, il s'est pendu avec un élastique, on l'a retrouvé écrasé au plafond, hein ! Même, je sais que quand il était petit, il avait échoué à un examen d'urine. C'est pour vous dire ! C'est lui qui disait tout l'temps : "J'ai appris qu'il fallait cueillir les cerises avec la queue, je suis embêté ! J'avais dejà du mal avec les mains, hein !". Ah ben... c'est des gens qu'avait bien du malheur! Sa femme a été ultra-violée par des rayons X... et d'ailleurs elle a porté plainte contre X !

Alors nous, on était en voiture, n'est-c'pas, puis on roulait vers Calais, et puis tout d'un coup.... qu'est-ce qu'on voit d'écrit en travers de la route ? "Pas-de-Calais". Ben j'ai dit : " Ils exagèrent, hein, une fois... Ils l'auraient dit, moi, je n'serais pas venu !".




La Publicité (extrait)


La publicité à la télévision, ça s'adresse uniquement aux débiles mentaux. Je l'dis parce que si y en a parmi vous, c'est pour eux, les autres circulez, y a rien à voir ! Allez hop ! Mais y en a beaucoup qui restent, hein. C'est sympa, on se sent moins seul. Bon. Alors la publicité à la télévision, surtout c'est pour les lessives. Je sais pas, on doit en manger parce qu'ils nous en vendent. Houlàlà ! Alors par exemple vous avez : "Madame, je vois que vous avez acheté un baril d'Ariel, si je vous le reprends et je vous en donne deux où il y a rien d'écrit ?". "Oh ben nan alors!". Vous voyez, faut vraiment être con pour pas prendre deux barils à la place d'un. Hé, vous imaginez la bonne femme qui dirait : "Ben merci vieux, salut, hein, allez hop là!". "Hé, revenez, ça va pas, c'est pas ça, coupez on va la refaire, c'est pas bon !".

Et puis qu'est-ce que vous avez aussi ? Vous avez le nouvel Omo, là. Ah, il est bien le nouvel Omo. C'est celui qui lave encore plus blanc. Moi, j'avais l'ancien Omo qui lavait plus blanc. Et il lavait bien, déjà, hein. Et maintenant, y a un nouvel Omo qui lave ENCORE plus blanc. Moi, j'ose plus changer de lessive, j'ai peur que ça devienne transparent après. J'ai déjà l'air con avec des rayures... Ils rigolent en plus ! Bon, parce que je suis allé voir monsieur Omo, j'lui ai dit :
"-Dites donc, je m'excuse de vous déranger pendant le repas (parce qu'il était à table, avec des enzymes à lui), le nouvel Omo est-ce qu'il lave encore plus blanc que l'ancien Omo ?
- Heu, il lave plus blanc, le nouvel Omo.
- Mais l'ancien Omo, alors, il lave moins blanc, alors ?
- Nan, l'ancien Omo, il lave blanc.
- Ah bon. Parce que moi, blanc, je sais c'que c'est comme couleur: c'est blanc ! Moins blanc que blanc, je m'doute... Ca doit être gris clair ! Mais plus blanc que blanc, qu'est-ce que c'est comme couleur ?
- C'est nouveau, ça vient de sortir !
- Ah bon..."

Alors le nouvel Omo, c'est celui qui lave la tache qui est cachée dans le noeud du torchon. Vous avez vu ça à la télé ? Y a un torchon, c'est deux gonzesses qui font la pub, c'est deux abruties, y en a une, elle savait même pas qu'il y avait un nouvel Omo. Elle lui dit : "Ben dis donc, t'en as fait une grosse tache sur le torchon !". Elle est triste, la gonzesse, elle a vu la grosse tache. Et l'autre elle est toute gaite! Elle lui dit: "Arf, heurf, arf!", elle est toute gaite, alors elle lui dit : "Boah, ça fait rien avec mon nouvel Omo!". Alors l'autre, elle sait même pas que ça existe le nouvel Omo : "Y a un nouvel Omo?". Alors l'autre: "Pfffrrt ! Mais oui, hé con, hé, pfffrrrt !". Alors elle lui dit : "Regarde bien avec mon nouvel Omo, tu vois la grosse tache sur le torchon ? Je fais un noeud, tac, tu vois ? Je fais la lessive, j'enlève le noeud, y a plus la tache". Et l'autre elle est sciée.

Le nouvel Omo, ça lave la tache qui est cachée dans le noeud du torchon. Mais il est bien le torchon, il est propre après. Il est aussi propre qu'avec l'ancien Omo sans faire le noeud. C'est plus long, faut faire le noeud. Celui qui a 5 kilos de linge, il fait les noeuds le lundi, il fait la lessive le mardi et après il a la semaine pour défaire les noeuds, parce que les noeuds qui ont été dans l'eau, bonjour, hein !

Qu'est-ce qu'il y a encore, comme lessive ? Y a Persil anti-redéposition. Ah, voilà une lessive qu'elle est bonne ! Et pourquoi qu'elle est meilleure que les autres, s'il vous plaît ? Hé bien monsieur, c'est écrit dessus : c'est parce qu'elle est anti-re-dé-po-si...? Y en a 6 qui suivent, c'est intéressant, hein ? Bon. Hé oui monsieur, c'est écrit dessus : elle est meilleure que les autres comme lessive, Persil anti-redéposition, parce qu'elle est anti-redéposition. Je pose une question maintenant, je pose une question : Qu'est-ce qu'elles font les autres lessives ? Mhhh? Qu'est-ce qu'elles font les autres lessives ? J'attends... Les autres lessives elles soulèvent la crasse qu'il y a dans les fibres, elles lavent la crasse qu'il y a dans les fibres, et après qu'est- ce qu'elle devient la crasse propre ? Elle se redépose dans les fibres! On vous l'a dit et répété ! Hé bien avec Persil anti-redéposition, nan ! Persil anti-redéposition soulève la crasse qu'il y a dans les fibres, elle lave la crasse qu'il y a dans les fibres, et après elle la retient avec ses petits bras musclés tandis qu'avec le pied elle tape dans la machine: "Enlevez le linge, je tiens la crasse !".




Sketche de Coluche (titre inconnu)


J'ai tout compris parce que j'ai tout lu Freud... de la main gauche, donc. Si j'ai bien tout compris, le monde aurait deux problèmes d'importance, que l'un serait le cul, et que l'autre serait le fric. Moi, je me suis dit : "comme tout le monde a un cul, je vais m'occuper du fric". Erreur ! Aaaah ! Parce qu'en fait le plus grave problème, c'est le cul. Le cul, c'est mal. Bêêêêêh ! Par exemple, "bite", c'est un gros mot, "bite". Même si c'est une petite bite ! Mais oui ! "Couille" : c'est un gros mot, hein. Et par exemple "lavement", c'est pas un gros mot, "lavement", vous voyez. Et on te met 6 litres d'eau dans le cul, toute la merde s'en va, ton manger d'hier qui est même pas fini de chier, paf ! Oh les haricots, les machins... Mais c'est pas un gros mot, "lavement". C'est comme "fistule", c'est du pus, ça coule, les mouches se collent, mais c'est pas un gros mot. Ça va, on peut le dire, ça. C'est comme "concupiscent", "converge", tout ça c'est pas des gros mots... "Uranus", "orbite", tout ça, non. Encore que pour placer le tout dans une conversation, faut se lever de bonne heure !

Alors en plus, c'est formidable l'époque qu'on vit parce que maintenant, on a des idées sur les moeurs à peu près là, vous voyez et, par contre, on a des pratiques à peu près là. Alors maintenant t'as les gonzesses qui arrivent "minijupe", que tu croirais qu'elles sont "plein air", libérées, tout ça, toi t'as les yeux ébouriffés, dzzzzzzt! dzzzzzzt ! T'es prêt à lui monter au rideau; déjà elle te regarde, rien qu'avec les yeux elle t'arrache la chemise, vlaaah ! Et alors on te parle de cul, tout est normal, ouais, tout ça, mais tu peux pas toucher ! T'es dans ton slip, couilles croisées de Playtex, hou! hou! ça fait rien, laissez, je vais me la mettre sur l'oreille, je la fumerai tout à l'heure ! C'est dégueulasse ! Moi, j'ai un copain qui a une grande... par exemple... c'est pas un Français, hein, c'est un Noir... ben déjà, les radis roses et les radis noirs, j'sais pas si vous avez vu la différence ! J'ai un copain il est bien emmerdé, parce que quand y a une gonzesse qui passe, vlaaah il se la saute ! Surtout, il est emmerdé, c'est dans les bals masqués : il s'habille en pompe à essence, il se met le tuyau dans l'oreille... ça va. Non, parce qu'en feuilles de vigne, ils font pas sa taille. Il est emmerdé, hein ! Il paraît que la bite, c'est pas la plus grosse qu'est la mieux... il paraît ! Et puis moi, ça m'arrange. N'empêche que c'est pas ceux qui ont les plus grandes oreilles qui entendent le mieux, hein !

Alors ce que je voulais vous dire, donc... j'ai tout lu Freud, il disait : "Le sexe n'est pas une maladie" [...]. J'ai tout lu, j'ai tout compris. D'ailleurs, regardez les pédés par exemple, ça se reproduit pas, hein, ben y en a de plus en plus ! C'est formidable, hein ! C'est des générations spontanées et puis c'est tout. Alors à un moment, y avait les camps de nudisme, alors ça c'était bien, mais c'était le côté nature, c'était autre chose, c'était pas le sexe, vraiment, c'était le côté, heu, "Bonjour" (prrrt!), "Ça va toi ?" (prrrt!), "C'est la nature, hein" ! "Non, moi c'est les haricots !" (prrrrrt!). Ah, le bordel. Ça avait un avantage, c'est quand un mec disait à une gonzesse : "Ecoutez, je vous aime", elle pouvait toujours dire : "Ben oui, je vois", hé ! Alors, moi je faisais remarquer avec ma femme, l'autre jour on disait ça parce qu'avec ma femme on a des relations sexuelles... mais dans l'ensemble, ils viennent pas souvent ! Et puis surtout, y en a ils viennent quand je suis pas là. Alors, l'autre jour, j'arrive, je vois une paire de bottes au pied du lit, je dis : "Heu bon, heu qu'est-ce que c'est que tout ça ?", elle me dit : "Au lieu de gueuler, tu ferais mieux de regarder comment il fait, hein". Non, ça va pas. Et puis le gosse il a des cours d'éducation sexuelle à l'école; l'autre jour j'arrive, j'entend cogner dans le placard : "bloum bloum bloum bloum!", j'lui dis : "Dis donc, quand t'auras fini de faire tes devoirs, tu viens manger quand même, hein". Ça va pas, ça. Ou alors il y a la solution de baiser le samedi. Mais moi, c'est ma pendule qui déconne. Et puis les gens qui baisent le samedi, ils ont des gosses qu'ils aiment pas des fois, ils font pas exprès d'avoir des gosses, y en a ils leur foutent des beignes, on croirait qu'ils ont des gosses parce qu'ils peuvent pas avoir de chien... C'est vrai, hein, on en voit, hein.

Alors, pendant un moment, le sexuel, ça avait mauvaise réputation parce qu'il y a plein d'histoires, alors on disait, par exemple les légionnaires, quand ils sont coincés dans le désert, qu'il y a pas de femmes, tout ça, alors ils attrapent des chèvres, "Mêêêêêêê !", "Y a pas de 'mais' !", alors bon. C'est dégueulasse. Mais ça, c'est une drôle d'époque sexuelle. Je voyais une bonne femme qui gueulait l'autre jour chez l'épicier, elle disait : "Mon mari il me fait cocu", une autre a dit : "Vous avez de la chance, moi il me fait partout, moi !". Alors, alors, ah non c'est dégueulasse, ah non. Et puis alors ce qu'il y a de pas bien, c'est que depuis que les filles sont libérées, ce qui est vachement formidable, hein, évidemment, faut libérer les mecs. Parce qu'elles arrivent avec des minijupes, dzzzt! et les machins, "Non, faut pas toucher !", "Bon ben salut, alors hein, laissez, je vais y foutre le feu, ça fait rien". Et pour ça mesdemoiselles, je voudrais rappeler la grande phrase de Confucius, qui avait dit très justement : "con promis, chose dûe".


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