L'Echange International
Par Cédric/QueST
Définitions
- Protectionnisme
- situation dans laquelle un pays se protège de
la concurrence étrangère en limitant ses importations par des
droits de douane, des contingentements ou des règlementations
spécifiques; au sens large subventions directes ou indirectes à
l'exportation, ou toute pratique contraire au libre échange.
- Libre-échange
- situation dans laquelle les échanges extérieurs
d'un pays sont caractérisés par une absence d'entrave à la
circulation des marchandises, des services et des capitaux.
- Taux d'ouverture
- rapport exprimé en % entre, d'une part, au
numérateur, les exportations, les importations (ou mieux, la
moyenne des deux) et, d'autre part, au dénominateur, le PIB d'un pays.
- Taux de couverture
- indice d'équilibre des échanges extérieurs
de marchandises d'un pays : Tx de couverture= (valeur des exportations)/(valeur des importations)
- Taux de pénétration
- rapport (en %) des importations au marché intérieur d'un produit.
- Balance commerciale
- document récapitulant tous les échanges de marchandises
(importations et exportations) d'un pays avec le reste du monde
pendant une période donnée.
- Balance des transactions courantes (ou des paiements
courants)
- document regroupant les échanges de marchandises et d'invisibles
d'un pays avec le reste du monde pendant un période donnée; c'est
le meilleur indicateur de la situation relative d'un pays.
- Balance des paiements
- document comptable récapitulant tous les
échanges (marchandises, invisibles, capitaux) d'un pays avec le
reste du monde pendant une période donnée; par construction, la
balance des paiements est toujours présentée en équilibre. Elle
regroupe les différentes balances partielles.
- Taux (ou cours) de change
- taux auquel s'échangent effectivement les monnaies nationales
entre elles, quelque soit le type de SMI.
- FMI (Fonds Monétaire International)
- organisme supranational créé par les accords de Bretton Woods
pour aider, par l'octroi de crédits, les pays membres à soutenir
leur monnaie en cas de déficit temporaire de leurs échanges
extérieurs, et pour veiller à la stabilité du SMI en empêchant les manipulations des taux de change
à des fins commerciales (dévaluation compétitive); après un relatif effacement pendant les années 70, le FMI joue aujourd'hui un
rôle clef de médiateur entre les pays en développement débiteurs
et les créanciers.
- GATT (General Agreement on Tariffs and Trade)
- institution mise en place le 30 octobre 1947 par 23 pays
représentant alors 80% du commerce mondial, le GATT, qui compte
aujourd'hui plus de 90 membres, cherche à promouvoir le
libre-échange par l'abaissement progressif des droits de douane
(lors de grands cycles de négociations internationales : les
"rounds") et l'interdiction des pratiques discriminatoires ou des
barrières non tarifaires.
- FECOM (Fonds Européen de Coopération Monétaire)
- organisme européen émetteur des écus en contrepartie des dépots de réserves de
change (20% de leurs réserves en or et devises) des pays membres,
et organisateur des mécanismes de crédit communautaires dans le
cadre du SME.
- OMC (Organisation Mondiale du Commerce)
- serait susceptible d'interdire le dumping commercial
indirectement obtenu par les manipulations monétaires sur les
taux de change, et d'élaborer une clause sociale pour empêcher le
dumping social. L'instauration de l'OMC permettrait
éventuellement d'arbitrer les divergences d'intérets que les
thèses libre-échangistes ne reconnaissent pas et qui sont pourtant
constatées.
- SMI (Système Monétaire International)
- au sens large, le SMI est l'ensemble des règles et
institutions qui régissent la création et les échanges de monnaie
entre les nations. Au sens strict, c'est l'ensemble des règles
et institutions qui régularisent les règlements monétaires et la
création monétaire au niveau international.
- SME (Système Monétaire Européen)
- créé en 1979, le SME est un mécanisme de stabilisation des
taux de change européens, dans un contexte internationnal de
changes flottants, qui maintient les monnaies des pays membre
dans des marges de fluctuation de + ou - 2,25% l'une vis-à-vis de l'autre.
- Compétitivité-prix
- la compétitivité est obtenue grâce à des prix très compétitifs
résultant de coûts de production très bas (ex : économies
d'échelle). C'est l'arme des pays à faible coût de main
d'oeuvre, qui ont des coûts de production plus bas que la
concurrence (pas de salaire minimum...).
- Compétitivité-structurelle
- la compétitivité est obtenue grace à une spécialisation dans
des secteurs à hautes technologies qui demandent une main
d'oeuvre qualifiée. Il faut bien entendu que le pays ait des
avantages par rapports à la concurrence dans ces sec-
teurs (structures, main d'oeuvre...).
Théorie de l'échange international
- Pour Adam Smith, l'échange international se justifie en terme de
coûts absolus. En effet, si un pays peut nous vendre une
marchandise à meilleur marché que nous ne sommes en état de
l'établir
nous-mêmes, il vaut bien mieux la lui acheter, notre industrie se
spécialisant dans ce qui est le plus avantageux pour elle. Ricardo, lui, réfléchit à partir des coûts relatifs d'un même produit
dans deux pays. Il démontre que chaque pays à intérêt à se spécialiser dans la production de la marchandise pour laquelle il a la
plus grande supériorité ou la moins grande infériorité.
- Elie Hecksher et Bertil Ohlin vont approfondir ces différences
de coûts comparatifs en expliquant l'échange international par
l'abondance ou la rareté relative des divers facteurs de production dont sont dotés les pays. Chaque pays a donc intéret à se
spécialiser dans les productions utilisant les facteurs qu'il
possède en abondance par rapport aux autres pays, à exporter de
telles productions et à importer des biens "renfermant" des
facteurs qui lui manquent.
- Raymond Vernon montre, à partir de l'analyse des firmes
américaines, qu'une production traverse généralement une série de
phases : démarrage, croissance exponentielle, ralentissement et
déclin, qui correspondent à l'introduction du produit sur le marché,
à sa diffusion, à la maturation et à la sénescence. Au cours des
premières phases, l'entreprise vend au niveau national; son avance
technologique diminue et le marché se stabilise. Dès lors, la
firme cherche à exploiter son avance dans les pays étrangers (ici
Europe). Mais la demande augmentant, l'exportation ne suffit plus et
elle préfère produire à l'étranger. Le marché européen saturé,
elle pourra se tourner vers un pays en développement.
- Pour vérifier le bien-fondé de la théorie des dotations en
facteurs de production, Wassili Leontief a étudié la structure
du commerce des Etats-Unis de 47 à 52. Compte tenue de l'apparente
pénurie de main d'oeuvre, Leontief s'attendait à ce que les
Etats-Unis exportent des biens fortement capitalistiques et
importent des produits contenant beaucoup de travail. Or, son
étude aboutit au résultat inverse. La théorie d'Hecksher-Ohlin
semble apparemment démentie. En réalité, explique Leontief, ce
résultat paradoxal doit être attribué à la très forte productivité
des travailleurs américains (grâce à l'éducation, la
qualification, l'esprit d'entreprise...). Il montre aussi qu'il
ne suffit pas de considérer les facteurs de production "simples"
(terre, travail, capital) mais que, pour comprendre l'évolution
des échanges internationaux, il est nécessaire d'étudier les
caractéristiques spécifiques qui affectent chacun de ces facteurs
suivant les pays.
- Pour S.B. Linder, la demande joue un rôle important dans
l'échange international. En effet, pour lui, un industriel
n'entreprend une production que pour répondre à des "besoins
économiques clairement discernables". Or, il est vraisemblable
qu'il s'apercevra de ces besoins dans son pays plutôt qu'à
l'étranger. Par conséquent, il va orienter sa production vers
le marché domestique. Le marché international n'est que
l'expansion d'un marché national. Il précise toutefois que sa
théorie ne s'applique qu'aux
échanges de biens manufacturés, les échanges de produits primaires
pouvant être expliqués par des dotations différentes en facteurs
de production.
Le débat libre-échange/protectionnisme
- Selon F. List il faut faire un "protectionnisme éducateur" : il
convient de favoriser les industries dans l'enfance en les mettant
provisoirement à l'abri. En effet, à l'origine, elles ne peuvent
supporter à armes égales la lutte avec les concurrents déjà installés. A mesure qu'elles deviennent viables, la protection doit
leur être retirée. Frédéric List s'affirmait donc libéral, mais il
affirmait aussi que la liberté présuppose l'égalité ou encore que
les conditions de la liberté doivent être construites. Entre le
puissant et le faible, la liberté permet au puissant de dominer le
faible. Dès lors, cette protection doit être : limitée (industries
jeunes), provisoire... pour des raisons-obstacles eux-mêmes provisoires : inexistence d'une main d'oeuvre qualifiée, réticences des
consommateurs, l'insuffisance d'économie interne, l'insuffisance
d'économie externe...
- Pour Kaldor, l'histoire montre que le libre-échange tend à
favoriser les pays dominants au détriment des autres. Pour lui,
l'industrie a besoin de protection dans deux cas : pendant son
enfance et pendant sa vieillesse. Le libre-échange accentue
l'affaiblissement industriel cumulatif. Comme l'écrit J.M.
Jeanneney : "les concurences extérieures ne stimulent que si elles s'exercent dans
certaines limites, sinon elles tuent".
- Pour se protéger (protectionnisme), un pays dispose de plusieurs
moyens : l'instrument le plus classique est la barrière formée par
les droits de douane. Le montant du droit de douane est un
indicateur du degré de protectionnisme : plus il s'élève, plus la
protection est importante, les produits concurrents se trouvant
renchéris d'autant. Mais quelque fois cela ne suffit pas. Pour
les concurrents les plus redoutables, des contingents sont mis en place.
Le contingentement est une limitation quantitative des
importations. Des normes sanitaires ou techniques spécifiques,
des avantages donnés par l'Etat aux produits nationaux... sont
aussi des protections efficaces. Le nationalisme, le réseau de
distribution... sont autant de barrières aux produits étrangers.
Pour finir, une politique de sous-évaluation du taux de change de
la monnaie peut être considérée comme une forme de
protectionnisme car le prix des produits importés devient plus élevé.
- Le libre-échange provoque des déséquilibres. La restructuration
économique imposée par le libre-échange risque de faire
disparaître des pans entier de l'industrie des pays
industrialisés (sidérurgie, automobile...). Les difficultés des agriculteurs et des
marins pêcheurs montre que le libre-échange peut provoquer des
dysfonctionnements importants. De plus si en période de
croissance mondiale la hausse des exportations ne pose pas de
problème, en période de crise et de stagnation de l'activité, la hausse des
exportations d'un pays provoque souvent la diminution de celles
des économies concurrentes. De même, le libre-échange et l'ouverture
vers l'extérieur peuvent entraîner un cercle vicieux : pour être
plus compétitifs (et donc gagner des parts de marché) les
entreprises n'hésitent pas à licencier, ce qui entraine une
baisse de la demande intérieure.
- Malgré le fait que le discours demeure libre-échangiste, on note
parfois des pratiques protectionnistes (Boeing/Airbus). Le
problème du libre-échange est qu'il maintient la force de certains
et la faiblesse des autres. On constate donc que les champions du libre-
échange soient les économies dominantes et compétitives (USA...).
Sans vouloir tout remettre en cause, l'opportunité d'une "clause
sociale" est de plus en plus débattue : c'est-à-dire appliquer des
mesures protectionnistes aux pays accusés de "dumping social" (ex :
Corée, Taiwan... qui produisent à très bas coût et donc
déstabilisent les économies des pays industrialisés à économie de
marché). Face à cela, les USA disposent d'une loi très puissante : le "Super
301", qui permet de limiter les importations (une sorte de
sanction commerciale). Tout ceci fait que, de plus en plus, le
débat libre-échange/protectionnisme se développe [avec plusieurs types
de protectionnismes (nationaux, européen (pour les pays de la CEE)
etc.)] car dans les lois du marché "les forts sacrifient
volontiers les faibles".
- En 1947 ont été signés les accords du GATT. Le but de ces
accords est de développer le libre-échange. L'Uruguay round est
le 8ème cycle de ces accords (il date de 86 et fut achevé en 93). Ce
8ème cycle se fixe pour objectif de renforcer le libre-échange des
produits manufacturés, de l'étendre aux échanges de produits
agricoles, de services et d'améliorer la protection de la
propriété intellectuelle.
- Cependant, il semble que les accords conclus ne soient pas
tout-à-fait à la hauteur des prétentions initiales. En fait, l'Uruguay
round est une réussite relative qui évite une progression du
protectionnisme. On constate que les droits de douanes se sont
considérablement réduits mais les barrières non tarifaires subsistent
(bien qu'interdites par les accords du GATT : préférence nationale,
accords multifibres). Cependant, les problèmes sont venus du volet
agricole, où USA et CEE sont profondement opposés. L'agriculture
européenne concurrence l'agriculture américaine. De ce fait, les
américains, par le préaccord de Blair House (Novembre 92), ont
tenté d'isoler ce volet du reste des accords. Mais le nouveau
gouvernement (arrivé après les élections législatives de 93)
contesta ce préaccord (arrêt des subventions européennes à l'agriculture),
tant et si bien que, finalement, l'Uruguay round établit un
compromis sur la base d'une réduction de 21% du volume des
exportations subventionnées. L'Uruguay round est donc un demi-succès.
Parallèlement à tout cela, le "dumping social" (absence de protection sociale, faible coût de main d'oeuvre) échappe toujours
aux accords. Cet avantage commercial des pays à faible coût de
main d'oeuvre est jugé anormal par les pays développés. De même,
USA et CEE s'accusent mutuellement de subventionner abusivement
leur aéronautique... Le domaine des services comporte un nombre
important de désaccords : les services représentent aujourd'hui 20%
du commerce mondial; l'accord exclut le domaine audio-visuel; les
transports maritimes (protégés aux USA) ne se libéralisent pas;
les services financiers ne sont pas totalement libéralisés... Tout
cela fait que l'Uruguay round est un demi-échec (les accords
obtenus ne sont pas à la hauteur des objectifs de libéralisation
généralisée des échanges).
- Le GATT étant "mort", son successeur est l'OMC (Organisation
Mondiale du Commerce). Le commerce international est dans une
impasse, à cause de sa bipolarisation (USA/CEE). De plus, le
commerce international ne profite pas assez aux pays du tiers monde. Or,
le GATT n'a pas le statut d'organisation, il ne dispose pas de
moyens de règlement des conflits commerciaux. Grâce à son
autorité, l'OMC devrait encadrer le commerce mondial (le
problème, cependant, reste dans l'article 301 des USA qui
permet des représailles économiques contre un pays [baisse ou
arrêt des importations]). De plus, l'OMC devrait pouvoir
interdire le dumping commercial (manipulation monétaire sur les
taux de change) et élaborer une clause sociale pour empecher le
dumping social.
Le SMI, Le SME
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